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Quelles alternatives à la paille en élevage laitier bio ?

L’autonomie en paille en élevage laitier biologique n’est pas toujours facile à atteindre. Des alternatives à la paille conventionnelle existent.

En élevage laitier bio, des alternatives à la paille conventionnelle existent.
En élevage laitier bio, des alternatives à la paille conventionnelle existent.
© S. Leitenberger

Selon la réglementation bio européenne, l’aire de couchage des animaux doit être recouverte d’une litière constituée de paille ou d’autres matériaux naturels adaptés. La paille utilisée en litière peut ne pas être bio. « Au-delà de la réglementation, il y a le possible transfert d’éléments non bio dans la paille, le fumier et le sol et le coût de la paille, qui varie selon les années », a souligné Élodie Joubrel, d’Agrobio 35, lors d’une conférence au salon la Terre est notre métier. La disponibilité en paille peut aussi poser problème.

En Bretagne, 57 % des bâtiments vaches laitières bio sont sur aire paillée, avec un besoin de 7 kg/j/VL de paille. Les autres bâtiments sont en logettes béton (4,5 kg/j/VL), tapis (3,7 kg/j/VL), matelas (0,4 kg/j/VL) ou en logettes creuses (1,6 kg/j/VL). S’y ajoutent les besoins pour les génisses. « Rien que pour l’Ille-et-Vilaine, cela représente un besoin de 50 825 tonnes par an et seuls 17 % des éleveurs peuvent se passer d’un achat de paille. »

Un levier pour réduire sa consommation en paille est d’augmenter la part de la surface en céréales, ce qui influe sur le nombre de vaches qu’il est possible d’élever. Un autre est de réduire le temps en bâtiment en augmentant le pâturage hivernal. « 50 vaches en bâtiment de décembre à fin février nécessitent 31 tonnes de paille. Si elles n’y restaient que de fin décembre à fin janvier, il n’en faudrait que 10,5 tonnes. »

Un autre levier est de racler l’aire d’exercice et d’enlever les bouses à la fourche matin et soir. Il est aussi possible de modifier le couchage des animaux, à l’installation ou lors du renouvellement d’un bâtiment. Enfin, une solution est de trouver des alternatives à la paille. Tour d’horizon.

« La farine de paille assèche vraiment bien les logettes »

 

 
La farine de paille est bien adaptée aux logettes matelas mais ne convient pas aux logettes béton, la litière manquant alors de confort.
La farine de paille est bien adaptée aux logettes matelas mais ne convient pas aux logettes béton, la litière manquant alors de confort. © V. Bargain - Archives
En 2019, le Gaec du Landier est passé à la farine de paille pour la litière de ses 80 vaches laitières. « Les vaches sont en logettes tapis et matelas depuis 2003, avec un besoin en paille de 28 tonnes par an, explique Yannick Joubrel, associé du Gaec. Mais en système tout herbe, le fumier se tenait moins bien dans la fumière. Nous sommes passés au lisier et à la farine de paille, pour nous mettre en conformité sur le stockage des effluents et pour l’autonomie en paille. »

 

Depuis 2019, les logettes tapis et matelas sont paillées avec de la paille broyée et défibrée en brins de 5 à 20 mm. Les bottes de paille de l’exploitation sont broyées par un prestataire à raison de 25 minutes par tonne et un coût de 80 euros la tonne. Après raclage manuel des bouses, la farine de paille est distribuée manuellement une à deux fois par jour. Le temps de travail est de 15 minutes par passage. « Alors qu’auparavant, avec la pailleuse, il fallait ouvrir les portails, démarrer le tracteur… »

À raison de 190 grammes par logette par passage (2 bacs de 7 kg par passage pour 3 cm d’épaisseur) et des vaches qui passent 59 % du temps en bâtiment, le besoin est de 62 kg par vache et par an, soit 5 tonnes par an, ce qui représente 1,5 hectare de céréales à paille pour le Gaec.

« Nous consommons ainsi moins de paille, souligne Yannick Joubrel. La farine de paille assèche vraiment bien les logettes avec de petites quantités. Tout le monde peut l’épandre. Elle ne colle pas aux mamelles. Et nous avons toujours du fumier grâce aux 35 tonnes de paille nécessaires pour les génisses. » Depuis 2021, le Gaec est par ailleurs passé en vêlages groupés d’automne-hiver, ce qui entraîne moins d’UGB en bâtiment l’hiver et permet d’économiser 20 % de paille.

« Des copeaux et fines de bois pour valoriser les sous-produits du bois-énergie »

 

 
Le fumier issu du mélange copeaux-bois des génisses est épandu en fin d’automne et ramène du carbone dans le sol.
Le fumier issu du mélange copeaux-bois des génisses est épandu en fin d’automne et ramène du carbone dans le sol. © V. Bargain
Le Gaec des quatre chemins élève 100 vaches laitières en système pâturant avec robot. Les vaches sont en bâtiment 36 % du temps, en logettes béton avec matelas et l’utilisation jusqu’en 2018 de farine de paille. « Depuis que nous sommes en bio, nous travaillons beaucoup l’autonomie, notamment énergétique, explique Marcel Dubois, associé du Gaec. En 2002, nous avons investi dans une chaudière à bois déchiqueté. Puis, il y a quatre ans, nous avons créé un collectif pour approvisionner des chaufferies en copeaux. Nous exploitons aujourd’hui 15 km de haies. Comme certaines chaufferies n’acceptent pas les fines, nous avons décidé en 2019 de remplacer la farine de paille utilisée pour les logettes par des fines de bois. »

 

Depuis, une à deux fois par jour, des fines de bois sont épandues à la main sur les matelas après raclage manuel. Cela représente un temps de travail de 30 minutes par passage pour 98 places. Le besoin est de 204 grammes par logette et par passage, soit 67 kg par vache par an et 6,5 tonnes par an.

« Les fines de bois assèchent les logettes comme la farine de paille, assure Marcel Dubois. Le nettoyage est facilité. La distribution manuelle ne perturbe pas les vaches au robot. » Le Gaec utilise aussi des fines et des copeaux pour la litière des génisses. Les fines ou copeaux sont apportés à l’épandeur en couches de 20 cm, en alternance avec de la paille, avec un épandage par semaine et un renouvellement deux fois par an. Le besoin en bois pour les génisses est de 1,6 m³ par génisse par an. La paille est fournie par 8,5 hectares de céréales à paille.

Le bois est déchiqueté en Cuma sur la ferme dans le mois qui suit la taille, pour un coût de 13,9 euros la tonne produite et 4 euros le mètre cube. Les branches de plus de 7 cm de diamètre sont valorisées en bois énergie. Les autres sont utilisées pour le paillage des plantations ou les litières. Un trieur derrière la déchiqueteuse permet de séparer les fines. Les copeaux et fines sont stockés sous un hangar aéré jusqu’à ce que le taux d’humidité soit descendu à 30 %.

« Propreté et confort avec le miscanthus ensilé »

 

 
Le corps spongieux du miscanthus lui confère un fort pouvoir absorbant.
Le corps spongieux du miscanthus lui confère un fort pouvoir absorbant. © V. Bargain
Éleveur en conventionnel, avec 75 vaches laitières sur aire bétonnée de 500 m², Benoît Canto a choisi le miscanthus ensilé pour la litière de ses vaches. « Je cherchais une solution ne demandant pas trop d’entretien, car je suis seul sur l’exploitation » précise-t-il.

 

Il y a cinq ans, il a implanté 6 hectares de miscanthus sur des parcelles éloignées de qualités variables. « La qualité du sol détermine le rendement. Le miscanthus est aussi très sensible au taupin. Il faut éviter les vieilles prairies. Et il est interdit de l’implanter près des cours d’eau protégés. »

Après labour et herse-rotative, le miscanthus a été planté manuellement (3 ha/j) en mars-avril. Les trois premières années, il a été désherbé chimiquement et mécaniquement. « Mais en 2021, je n’ai fait qu’un désherbage mécanique, que je renouvellerai en 2023. » Un traitement au Karaté a aussi été réalisé contre les taupins.

Le coût d’implantation a été de 2 700 euros par hectare pour 20-25 ans d’exploitation. Le miscanthus est récolté à l’ensileuse en mars-avril, en brins de 22 mm. Le rendement est de 7 tonnes par hectare en année 3 et de 20-25 tonnes par hectare après cinq ans. Il est stocké à plat en bâtiment.

L’éleveur le distribue ensuite au godet sur l’aire bétonnée, sur 20-30 cm d’épaisseur (13 t pour 500 m²). Après 15 jours, il le brasse au tiller à dents pour l’aérer, chaque jour pendant 10 minutes. « Le miscanthus nécessite un bâtiment très aéré, insiste-t-il. Mon bâtiment l’était déjà, mais j’ai aussi installé des ventilateurs. » La litière est renouvelée tous les trois à six mois.

« Une litière en miscanthus est très absorbante, assure-t-il. Les vaches sont très propres. C’est aussi très confortable pour les animaux. » Le miscanthus est également utilisé en sous-couche de 20 cm pour les génisses, avec ensuite des paillages successifs mais pas de brassage.

 

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