Quatre bandes de repro en vaches laitières pour un travail facilité
La ferme expérimentale de La blanche maison, dans la Manche, conduit son troupeau de vaches laitières en quatre périodes de vêlages par an. Avant tout pour des raisons d’organisation du travail.
Depuis 2017, les 88 vaches de race normande de la ferme expérimentale de La blanche maison, dans la Manche, sont conduites en quatre bandes de 22 vaches. Les vêlages et les inséminations sont regroupés sur quatre périodes de six semaines. Avant, il y avait deux périodes de vêlage, au printemps et à l’automne. « La principale motivation est l’amélioration de l’organisation du travail, souligne Lucie Morin, directrice de la ferme. Sur ces périodes, le travail autour de la reproduction est efficace, les rendez-vous avec les intervenants extérieurs sont calés à l’avance à dates fixes. Cela permet d’anticiper et de s’organiser pour ne pas subir. »
Des périodes de travail spécialisé
En dehors de ces périodes, il n’y a ni insémination, ni vêlage, uniquement le diagnostic de gestation, afin de pouvoir se consacrer pleinement aux travaux dans les champs et les prairies, se former, poser des congés… Pendant la période « zéro repro », le suivi des chaleurs est confié au monitoring. Et il y a moins de vaches à traire car une bande est tarie.
Une production laitière plus linéaire
La conduite en bandes présente d’autres intérêts, comme d’obtenir des livraisons de lait plus linéaires sur l’année par rapport à deux périodes de vêlage. « Pour les éleveurs qui ont une incitation financière à la régularité, cela peut être une motivation. »
La blanche maison a aussi constaté un nombre de vaches traites un peu plus élevé en moyenne sur l’année, « car nous pouvons accepter une surpopulation de vaches traites pendant quinze jours maximum à la fin de chaque période de vêlage ».
L’occasion d’améliorer l’âge au premier vêlage
Cela amène également plus de souplesse dans la recherche de la maîtrise de l’âge au premier vêlage. « On peut mettre à la reproduction les génisses à 15 mois, 18, 21 ou 24 mois. » À La blanche maison, l’âge au premier vêlage est en moyenne de 28 mois (en normande, il est de 33 mois en moyenne en France), et l’objectif est de le réduire à 26-27 mois.
Enfin, les lots de veaux sont plus homogènes qu’avec deux périodes de vêlage, ce qui permet d’être plus précis dans la conduite des veaux. « Jusqu’à 10 mois d’âge, les veaux restent en bande. Puis, nous les regroupons par poids », précise Lucie Morin.
Bien tenir le calendrier des quatre bandes
Pendant une période de 42 jours correspondant à deux cycles de la vache, les vaches d’une bande vont être inséminées une première fois. Celles qui n’ont pas pris seront inséminées une seconde fois. Celles qui n’ont toujours pas pris changent de bande. Elles seront inséminées lors de la deuxième période. Si elles n’ont toujours pas pris, il peut être décidé de les inséminer en troisième période. L’intervalle vêlage-vêlage sera alors de 18 mois. « Si c’est un animal sain qui produit bien sur sa lactation, un IVV de 18 mois peut être intéressant économiquement », commente Lucie Morin.
La rigueur est le point clé
Lorsque la meilleure vache du troupeau est vue en chaleur avant la période des IA, il faut s’en tenir au calendrier, résister et ne pas l’inséminer. « La rigueur est une nécessité pour tenir le planning dans le temps », souligne Lucie Morin, qui admet que c’est le point difficile de la technique. Car cela comporte un risque : que cette vache ne prenne pas à l’IA programmée quelques jours plus tard.
Améliorer la réussite à l’IA
La conduite en bandes induit des réformes pour les vaches qui ne prennent pas l’IA, au bout de la quatrième tentative à La blanche maison, et ce alors même que ces vaches peuvent être de bonnes productrices. « Il faut limiter ces réformes subies », appuie Lucie Morin. Sur le troupeau de 88 vaches de La blanche maison, il y a 45 % d’intervalle vêlage-vêlage de 12 mois ; 25 % d’IVV de 15 mois ; 6 % d’IVV de 18 mois et 24 % de réformes, dont 14 % sont des réformes liées à la reproduction. La blanche maison ne pratique pas de synchronisation des chaleurs. Ce sont toutes des chaleurs naturelles.
Pour améliorer les chances de réussite à l’insémination, dès 2017, la ferme a utilisé le monitoring pour détecter les chaleurs durant la période « zéro repro ». « Nous commençons à observer les chaleurs une dizaine de jours avant le début des inséminations. Si nous ne détectons pas de chaleur sur un animal, il est fouillé pour détecter une éventuelle anomalie, et intervenir rapidement pour traiter le problème » afin que la vache soit prête à temps pour l’IA.
Enfin, si une vache qui n’a pas pris est décalée sur la bande suivante, « nous nous autorisons à l’inséminer un peu avant la date de début d’insémination (jusqu’à 5 jours avant) si une chaleur est détectée. Ce décalage n’est pas préjudiciable, car les normandes portent leurs veaux souvent un peu plus longtemps que neuf mois », explique Lucie Morin.