Aller au contenu principal

Prix du lait : Savencia et Sunlait espèrent un accord avant septembre

En procédure judiciaire, Savencia et l'association d'OP Sunlait voudraient conclure un nouvel accord-cadre d'ici l'audience en septembre. Lors de son assemblée générale, l'organisation de producteurs Ouest'Lait (ex-CLE-P&S Ouest) a présenté la proposition faite à Savencia.

A gauche, l'OP Ouest'Lait et son président Landry Rivière, et à droite Savencia, avec Nicolas Dumarest, le directeur amont.
A gauche, l'OP Ouest'Lait et son président Landry Rivière, et à droite Savencia, avec Nicolas Dumarest, le directeur amont.
© C. Pruilh

Pour l'assemblée générale de l'OP Ouest'Lait (ex-CLE-P&S Ouest) le 23 mars, un tiers des 545 adhérents de l'OP (Ille-et-Vilaine, Basse-Normandie et Mayenne) avaient répondu présents, notamment pour rencontrer le directeur amont de Savencia, Nicolas Dumarest.

Ouest'Lait est l'une des six OP membres de Sunlait (1000 exploitations représentées), toutes liées contractuellement au groupe fromager Savencia. Son gros sujet d'actualité est l'affaire judiciaire en cours Sunlait contre Savencia, et la renégociation du contrat qui, dénoncé en mars 2022 par le groupe, prendra fin en mars 2024.

Sunlait propose un pack volume, prix et RSE

La proposition de Sunlait est prête et porte sur le volume, le prix et les engagements RSE (responsabilité social et environnementale). « Nous voulons lier le volume et le prix, avec des ajustements annuels pour répondre à la demande des adhérents de se laisser la possibilité d'avoir d'autres acheteurs que Savencia », expose Landry Rivière, président de l'OP Ouest'Lait. Autre demande : que seule l'OP gère les attributions de volume de la réserve.

Pour le prix du lait, Sunlait a fait évoluer sa proposition en acceptant de faire référence au prix allemand. « Mais en face, nous demandons à moins prendre en compte le beurre poudre, puisqu'il impacte déjà le prix du lait allemand. »

Pour la RSE, le sujet important porte sur le carbone. Savencia est pressée d'avancer sur le sujet. « Nous avons obtenu un budget pour accompagner les éleveurs - pour des diagnostics Cap2'ER, du suivi et/ou de l'aide aux investissements. Nous avons besoin de vous OP pour que nous ciblions ensemble les actions les plus efficaces », précise Nicolas Dumarest. Cela tombe bien, l'OP veut être partie prenante. Elle demande aussi à maîtriser ses données.

« Sunlait enverra très prochainement sa proposition d'accord-cadre et des négociations pourront s'engager, expose Landry Rivière. Conformément à Egalim, cette proposition constitue le socle unique de la négociation. Tout refus de la proposition ou toute réserve devra être motivé »

Pour Sunlait, « il est important de trouver un nouvel équilibre avec notre partenaire historique Savencia. Nous sommes interdépendants et avons intérêt à trouver une solution globale qui puisse bénéficier à tous nos producteurs, en valorisant les atouts de chaque territoire ».

Savencia veut un prix proche de celui de ses concurrents

Du côté de l'industriel, trouver un accord avant l'audience de la Cour d'appel en septembre est crucial, pour stopper l'action en justice. « Si nous n'y arrivons pas, cela fera des dégâts. Car la décision de justice se basera sur un prix du lait qui n'est pas viable pour nous, cela fera jurisprudence et nous ne pourrons pas payer. Et donc, nous serons contraints de mettre un terme à notre relation », promet Nicolas Dumarest. Il rappelle que « la formule de prix actée en juin 2018 conduisait à un prix bien trop décalé par rapport à son environnement concurrentiel, mettant en danger le groupe. Les sommes énormes indiquées par le juge le montrent bien. »

Lire aussi : La médiation entre Sunlait et Savencia échoue avec l'avis du médiateur sur l'alignement concurrentiel

Lors de la réunion, il a souvent insisté sur l'importance pour le groupe de ne pas être trop en décalage par rapport à ses concurrents, et sur le fait que Savencia ne paye pas moins bien le lait par rapport aux autres laiteries. Les éleveurs dans la salle répliquent : « Nous aussi, nous avons besoin d'être rentables, pour attirer de la main d'oeuvre, des jeunes, et pour investir dans la réduction de l'empreinte carbone. »

Pour rappel, Sunlait avait assigné Savencia au tribunal en septembre 2021, pour non-respect de la formule de prix contractuelle depuis fin 2019. « Le jugement du 30 août 2022 du tribunal de Coutances a donné raison à Sunlait, avec notamment 26 millions d'euros de sommes dues aux adhérents de Sunlait, rappelle Denis Berranger, représentant l'OP Ouest'Lait à Sunlait. Mais Savencia a fait appel et l'audience est programmée le 19 septembre. »

Chiffres clés

545 exploitations adhérentes, en mars 2023

360 millions de litres de volume contractuel

Essoufflement de la dynamique laitière

 

 
Le nouveau logo de l'OP qui vient de changer de nom, de CLE-P&S Ouest à Ouest'Lait.
Le nouveau logo de l'OP qui vient de changer de nom, de CLE-P&S Ouest à Ouest'Lait. © C. Pruilh

 

Depuis que l'OP existe (2012), le volume contractuel avec Savencia a augmenté, de 270 millions de litres en 2012, à 360 millions de litres en 2022. « Mais nous avons peut-être atteint un plateau. Car en 2022, la référence n'a été réalisée qu'à 97%. La production des mois de novembre et décembre a décroché. Il y a plus d'exploitations qui sous réalisent (moins de 85% de la référence) par rapport aux autres années. Et il y a eu beaucoup d'arrêts ce début d'année (une dizaine)», pointe Landry Rivière. Pourtant, il y a toujours plus de demandes de volumes que d'offre dans la réserve. Ouest'Lait reste vigilante et envisage quelques pistes : la révision des critères d'attribution des volumes de la réserve, l'ouverture de l'OP à de nouveaux adhérents.

Les plus lus

trois éleveurs associés du Gaec Honoré
Stabulation rénovée avec trois robots de traite : « Nous avons gagné en confort de travail »
En 2020, nous avions suivi les associés du Gaec Honoré dans leur projet de construction d’une nouvelle stabulation afin d’…
éleveurs laitiers
« Grâce à la microméthanisation et au robot, nous pérennisons notre élevage laitier dans la Meuse »

Le Gaec de Veline, dans la Meuse, a opté pour l’installation d’un microméthaniseur et d’un robot de traite. L’objectif ?…

Romain et Marc Pascal, Baptiste Mallet et Olivier Salat, Gaec Pascal Mallet dans le cantal.
Mammites : « Grâce aux analyses de lait, nous avons éradiqué la source de contamination »

Dans le Cantal, le Gaec Pascal Mallet apporte un prélèvement de lait chez le vétérinaire au moindre doute de mammite. La…

Une prairie inondée.
Récolte des fourrages : la FNSEA demande aux pouvoirs publics de réagir

Les fédérations de ruminants affiliées à la FNSEA demandent aux pouvoirs publics de mettre en place les promesses sur les…

Maïs fourrage 2024 : les dates de récolte s’annoncent tardives en France

Au regard des dates de semis du maïs fourrage dans des conditions météorologiques difficiles, Arvalis estime que les premiers…

FCO 3 : l’expédition des veaux laitiers est autorisée sous conditions depuis la zone régulée

Depuis vendredi 2 août 2024, une partie du nord et de l’est de la France est en zone régulée pour limiter la propagation de la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière