Prix du lait : Adhérez-vous à une OP ?
Encore récentes dans le paysage laitier français, les organisations de producteurs (OP) et leur association (AOP) gagnent, avec la loi Sapin 2 puis les lois Egalim 1 et 2, une place prépondérante dans la construction du prix du lait. Pour vous représenter auprès de votre laiterie privée, adhérez-vous à une OP ?
Vincent Leblond, éleveur en Dordogne
OUI
L’intérêt des OP est de massifier l’offre pour renverser le rapport de force face à sa laiterie. Je suis membre de l’OP APLNA (Association des producteurs de lait Nord Aquitaine), elle-même membre de l’AOP Sunlait. Nous sommes actuellement en procès face à Savencia pour faire appliquer notre contrat. On se sert de la loi et nous avons gagné en première instance. Le rapport de force existe donc bien ! C’est au producteur de se servir de la loi. Les lois Egalim permettent de nouvelles choses. Il faut construire, participer et prendre le pouvoir. Certains éleveurs ne sont pas contents du prix du litre de lait, mais eux et leur OP ne se saisissent pas des outils qu’ils ont à leur disposition. C’est malheureusement une réalité. Même si nous ne savons pas où va nous mener le procès avec Savencia [NDLR le groupe a fait appel], car c’est une première dans le monde laitier français, être en OP nous permet d’essayer de reprendre notre destin en main.Richard Forest, éleveur dans le Loiret
NON MAIS
Du fait de notre historique, après avoir été en OP, nous sommes aujourd’hui regroupés en coopérative. Nous livrons la fromagerie Guilloteau (Eurial). Une OP peut fonctionner comme une coopérative mais le statut coopératif est plus élaboré et permet de reprendre plus facilement la facturation ou la gestion du froid. Rien n’empêche une OP de le faire mais elles ont peu de financement, alors qu’en coop, les frais de fonctionnement sont pris en compte dans le paiement du lait. Mais le plus gros avantage est de pouvoir aller démarcher d’autres acheteurs et de faire jouer la concurrence. C’est la seule solution pour instaurer un rapport de force lorsque l’on est face à un acheteur unique. Cela le fait réfléchir ! C’est une démarche possible en OP commerciale mais cela demanderait de changer de nombreux statuts et serait plus lourd à gérer.Sébastien Nicolas, éleveur en Loire-Atlantique
OUI MAIS
Contraint ! Nous allions dépasser notre quota en fin d’année et pour obtenir des volumes supplémentaires et ne pas avoir de pénalités, il fallait être adhérent d’une OP. C’est une condition de Lactalis. Alors au lieu de vendre des vaches et risquer de repartir sur une nouvelle saison avec un cheptel réduit, j’ai adhéré à une OP. Il y a quelques avantages mais on paye une cotisation.