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Pourquoi certaines vaches valorisent-elles mieux la ration que d’autres ?

Certaines vaches sont plus efficientes que d’autres grâce à une meilleure digestion, liée à un temps de rétention ruminale plus long. Réduire les écarts entre vaches n’est pas évident et aurait un impact limité.

Tous les mécanismes ne sont pas encore connus, mais il semble difficile d’améliorer significativement l’efficience alimentaire des vaches via leur conduite alimentaire. © E. Bignon
Tous les mécanismes ne sont pas encore connus, mais il semble difficile d’améliorer significativement l’efficience alimentaire des vaches via leur conduite alimentaire.
© E. Bignon

Dans un troupeau, toutes les vaches n’affichent pas la même efficience alimentaire. Certaines consomment moins que ce qui est prévu pour produire du lait. Les chercheurs de l’Inrae se sont penchés sur cette question dans le cadre du programme Deffilait, dont les principaux résultats ont été présentés lors d’un récent webinaire. « Nos travaux montrent que l’efficience est un paramètre multifactoriel qui implique des différences digestives pour certaines vaches et des différences d’activité physique pour d’autres », avance Amélie Fischer, de l’Institut de l’élevage.  

Les plus efficientes ont une digestion plus aboutie

Au travers de la digestibilité et du comportement alimentaire, les chercheurs ont mis en avant un lien entre digestion et efficience alimentaire. « Nous avons mesuré la digestibilité grâce à une méthode indirecte par marqueurs de l’aliment permettant de comparer les quantités de matière sèche ingérées à celles rejetées dans les fécès. Les données ne sont pas assez précises pour interpréter des différences de digestibilité entre individus, mais suffisamment pour différencier les 6 % de vaches avec la digestibilité la plus faible et les 6 % avec la digestibilité la plus élevée. » En termes de comportement alimentaire, les vaches les plus efficientes passent plus de temps à ruminer (530 min/j contre 485 min/j). « On remarque aussi que plus les vaches sont efficientes, plus elles consacrent du temps à ingérer la ration. »

Elles ont plus d'abdomen à même consommation

À même quantité consommée, les vaches les plus efficientes présentent un volume d’abdomen plus grand que les moins efficientes. Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont fait appel à l’imagerie 3D à la ferme expérimentale de Méjusseaume, près de Rennes. Celle-ci dispose d’un portique équipé de capteurs permettant de scanner la vache et de reconstituer son image en trois dimensions. « Nous avons ainsi pu mesurer le volume de l’abdomen. On sait que celui-ci est corrélé au volume du rumen, et qu’à même quantité ingérée, le temps de rétention augmente quand la taille du rumen augmente. » À même consommation alimentaire, c’est parce que le volume d’abdomen est plus grand chez les plus efficientes que le temps de séjour dans le rumen est accru et que leur digestion se trouve plus aboutie. Avec à la clé une meilleure valorisation de l’énergie.

Il y a un lien entre efficience et activité physique

« Plus les vaches sont efficientes, moins elles passent de temps à faire autre chose que manger et ruminer, et moins elles passent de temps debout. » Toutefois, leur temps de repos n’est pas accru. Par ailleurs, les chercheurs n’ont pas établi de lien entre la chaleur produite par l’animal et l’efficience. « Par contre, les plus efficientes affichent une température ruminale plus stable sur la journée, ce qui laisserait penser que leur ingestion est mieux répartie sur 24 heures. »

L’efficience ne dépend pas de la ration

Le type de ration ne semble pas avoir d’incidence sur l’efficience alimentaire. « Nous avons distribué deux rations différentes au troupeau : l’une à base de maïs ensilage et de concentrés, et une autre où la part du maïs et des concentrés a diminué au profit de la paille. » Résultat ? En moyenne, les vaches ont maintenu leur classement d’efficience, mais il y a des individus qui ont gagné ou perdu en efficience alimentaire.

Les plus efficientes n’émettent pas moins de méthane par jour

À même consommation, si les vaches les plus efficientes bénéficient d’une digestion plus aboutie, alors elles émettent certainement aussi plus de méthane. Cette hypothèse a été validée par un autre essai qui montre clairement une relation entre ces deux paramètres. Plus une vache est efficiente, plus elle émet de méthane par kilo de matière sèche consommé. « Autrement dit, à même consommation, les plus efficientes émettent plus de méthane que les moins efficientes. Mais par contre, nous n’avons vu aucun lien entre l'efficience alimentaire et la quantité totale de méthane émise par jour. »

Emeline Bignon

Définition

Les chercheurs approchent l’efficience alimentaire à partir de l’écart entre ce que la vache consomme et l’ingestion attendue au regard de ses besoins (entretien, réserves corporelles, gestation et productions). À même niveau de production et de réserves corporelles, les vaches les plus efficientes mangent moins que les autres, tandis que les moins efficientes mangent plus.

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