Aller au contenu principal

Elevage laitier aux Pays-Bas
Pour conquérir des marchés, la production laitière soigne son image

Pour être compétitive dans l´avenir, la filière laitière néerlandaise mise sur une accélération de l´agrandissement des exploitations et sur une image irréprochable.


Des vaches qui pâturent tout autour d´une stabulation bien intégrée dans le paysage et des canaux bien entretenus serpentant au milieu des prairies. Voilà ce que voient les citadins aux Pays-Bas, à quelques kilomètres de chez eux : une image idyllique de l´élevage, conforme à ce qu´ils souhaitent. La réalité est moins bucolique : la production laitière néerlandaise est très intensive, avec une densité d´animaux très élevée à l´hectare, des quantités de concentrés importantes, des étables sur caillebotis, des troupeaux qui pâturent peu. et des problèmes environnementaux très importants.
Mais la filière laitière néerlandaise a bien compris l´importance de la communication et travaille son image.

Renforcer les structures déjà existantes
D´autant plus que l´exportation représente pour elle un enjeu très important : les deux-tiers de ses produits laitiers sont exportés. Ainsi, par exemple, l´ensemble de la filière vient de décider après de longs débats que les vaches devaient continuer à aller dans les prairies « puisque les consommateurs le veulent ».
Ce qui n´empêche pas l´accélération de l´agrandissement des exploitations, avec la bénédiction de nombreux responsables professionnels. Aujourd´hui, l´étable moyenne néerlandaise produit déjà 400 000 kilos de lait, avec 55 vaches sur 32 hectares. « On s´attend à ce qu´elle passe en 2010 à 700 000 kilos de lait et 70 vaches, et que 70 % de la production soit assurée dans de grandes exploitations de plus de cent vaches, annonce Meeuwew Brouwer, du ministère de l´Agriculture. Des prévisions qui ne semblent pas déranger Siem Jan Schenk, président de la section laitière du syndicat LTO. « Il est clair qu´il va être difficile de rester producteurs aux Bays-Bas dans les dix ans à venir, mais c´est peut-être mieux ainsi », affirme-t-il sans états d´âme.
©D. R.


Pour les producteurs néerlandais, l´important est avant tout « de renforcer les structures existantes, et d´éviter tout risque sanitaire »; l´installation n´est pas du tout une priorité.
Mais Siem Jan Schenk en est conscient, le prix prohibitif du foncier (30 à 45 000 euros/ha) et des quotas (1,70 euro/litre) risque de pénaliser les coûts de production néerlandais et de gêner le développement des exploitations. « Il est fondamental que nous arrivions à les maîtriser. Pourquoi ne mettrions-nous pas en place une bourse d´échange libre des quotas, à l´image de ce qui se fait avec succès au Danemark, sans intermédiaire entre producteurs ? », suggère-t-il.
Pour garder une bonne image de marque, force est de reconnaître que des efforts importants sont faits. La filière laitière a ainsi rendu obligatoire pour tous les producteurs laitiers l´adhésion à une certification qualité baptisée KKM. Cette démarche, initiée à la fois par les producteurs et les transformateurs, a pour objectif de garantir à la société que la production est faite dans de bonnes conditions.
©A. Conté


Certification KKM et comptabilité minérale obligatoires
Le gouvernement a par ailleurs pris les problèmes d´environnement à bras le corps. Des problèmes très importants à cause de la densité de l´élevage (3,9 millions de vaches et 11,6 millions de porcs pour une SAU quinze fois plus petite qu´en France), et de la concentration de l´élevage dans les zones Sud et Est du pays alors que les céréaliers se trouvent dans le Nord et l´Ouest.
Les pouvoirs publics ont commencé par instaurer des quotas de production de déjections (et même des quotas maximum de cheptels dans les secteurs porcin et de volaille). Ils sont passés à la vitesse supérieure en 1998 en obligeant les éleveurs à tenir une comptabilité minérale.
Cette comptabilité, baptisée Minas, compare les entrées et les sorties d´azote et de phosphore sur l´exploitation. Les pertes, dès qu´elles dépassent un seuil autorisé, sont taxées 9 euros/kg phosphore et 2,30 euros/kg azote.
« Un mètre cube de lisier de bovin représente une taxation de trente euros : il est donc plus intéressant pour les producteurs de lait de faire transporter leur lisier vers les zones de culture », explique Jacob Vaarkamp, chargé de l´environnement à la direction de l´Agriculture.

Une véritable industrie du transport de lisier s´est donc mise en place dans le pays : en 2002, 80 millions de kgN ont été transportés soit l´équivalent de 40 UN/ha !
« Les normes ont déjà été renforcées, et vont encore l´être à l´avenir, affirme Jacob Vaarkamp. Pour le phosphore, la perte autorisée pour l´herbe était de 40 unités/ha en 1998, elle est descendue à 20 unités/ha en 2003. Et on s´attend à ce que d´ici 10 à 20 ans, la norme pour le phosphore soit rendue à zéro. »
Depuis le 1er janvier 2002 (c´est le troisième volet de la politique environnementale), les éleveurs doivent disposer d´un contrat d´écoulement du lisier si la surface dans l´exploitation n´est pas suffisante pour respecter les normes communautaires(1).
Le gouvernement a par ailleurs mis en place un plan d´accompagnement spectaculaire pour réduire très significativement l´excédent de déjections animales. Celui-ci repose sur 2 dispositifs de rachat des droits de production, au printemps 2000 puis en octobre 2001 : 5000 éleveurs, de porcs et volailles mais aussi un peu de bovins, ont cessé leur activité !

Ces 5 dernières années, les éleveurs néerlandais ont été de plus en plus confrontés à des obligations environnementales. Des contraintes devenues incontournables.



D´après le séminaire « Quel avenir pour la filière laitière aux Pays-Bas ? », organisé par l´ambassade de France aux Pays-Bas les 8 et 9 avril derniers.
(1) Coût de 80 euros/ha en 2002 auquel s´ajoutent les coûts du transport, d´analyse et d´épandage du lisier estimés à 10-12 euros du m3.

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière