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David Plouzin : « Placer la barre à 24-28 mois est un bon objectif d'âge au premier vêlage»

David Plouzin, conseiller élevage génisses à la ferme expérimentale des Trinottières, dans le Maine-et-Loire, plaide en faveur du vêlage précoce, dans tous les systèmes.

Le vêlage précoce est-il envisageable partout ?

David Plouzin - Oui. Quel que soit le système et la race, c’est possible. Cela ne rime pas forcément avec vêlage 2 ans. Le respect du poids à âges types est important. Placer la barre autour de 28 mois est un bon objectif. C’est intéressant sur le plan économique, de la santé animale, du temps de travail et pour l’environnement (réduction des émissions de GES). Plus les génisses vêlent tard, plus elles risquent d’être trop grasses au vêlage. L’excès d’état corporel augmente les risques de problèmes au vêlage (vêlage difficile, métrite…), la fréquence des maladies métaboliques et des œdèmes mammaires. La fertilité est également dégradée.

Faire vêler des génisses à 21-22 mois est-il risqué ?

D. P. - Une étude préliminaire menée sur des génisses prim’holstein à la station Inra de Méjusseaume, en Ille-et-Vilaine, a montré que c’était possible pour certaines génisses, à condition qu’elles soient suffisamment développées. Des éleveurs font vêler certaines génisses à 21-22 mois sans constater de problèmes particuliers durant leur carrière.

Cette stratégie nécessite-t-elle plus de technicité ?

D. P. - Non. Quel que soit l’âge au vêlage, il faut toujours bien gérer la phase de 0 à 6 mois. L’objectif reste le même pour tous, à savoir obtenir des croissances d’environ 900 g/j durant cette phase. Cela correspond à des gains de poids de 700 à 800 g/j pendant la phase lactée, puis de 900 à 1 000 g jusqu’à 6 mois. Les génisses doivent peser environ 200 à 210 kg à 6 mois, et 400 kg vers 15 mois. À 2 ans, elles doivent peser plus de 600 kg avant vêlage. Les éleveurs sous-estiment très souvent le poids de leurs génisses. Que ce soit avec la mesure du tour de poitrine avec un ruban ou des pesées, il faut vérifier que l’on ne s’écarte pas des objectifs de croissance en fonction de l’âge au premier vêlage.

Ne risque-t-on pas de distribuer trop de concentrés ?

D. P. - La quantité de concentrés varie selon le type de fourrages distribués. En général, le problème n’est pas l’excès d’apport de concentrés mais plutôt son insuffisance. On n’observe notamment ce phénomène avec les rations sèches à base de paille. L’idéal est d’en distribuer 3,5 à 4 kg par jour dès le quatrième mois. Et de bloquer les génisses aux cornadis quand le lot est hétérogène. Aux Trinottières, nous avons conçu un mash fermier destiné aux génisses durant la phase du sevrage à 6 mois. Il se compose de blé aplati, de tourteau de colza, de mélasse de betterave, de foin de luzerne et de minéral. Comme il est préparé avec une mélangeuse, les génisses ne peuvent pas trier. Il permet d’obtenir des croissances de 1 000 g/j pour un coût alimentaire de 110 euros par génisse durant cette phase(1). Elles consomment environ 300 kg de concentrés.

Est-ce plus compliqué avec du pâturage ? 

D. P. - Tout dépend des caractéristiques de l’élevage. Mais si vous jouez la carte du pâturage, il est préférable de faire pâturer les génisses dès la première année pour qu’elles développent leur immunité contre les strongles digestifs. Pour leur assurer une croissance suffisante, il faut leur distribuer 1 kg de céréales ou de maïs grain avec 50 g de minéral, et leur mettre à disposition une pierre à sel. En deuxième année de pâturage, on peut jouer sur la croissance compensatrice.

28 mois, c’est possible en bio

Bio et vêlages précoces sont compatibles. Certains élevages le pratiquent sans souci. « Cela nécessite de réussir la phase 0-6 mois et d’assurer une bonne croissance même au pâturage », insiste David Plouzin. Le cahier des charges bio impose une phase lactée d’au moins douze semaines. « Cela correspond à une distribution maîtrisée de 400 à 450 litres de lait par génisses. Certains éleveurs arrivent à n’en distribuer que 350 litres sans pénaliser les croissances. Mais les génisses ont un concentré équilibré à volonté. » Une génisse qui consomme trop de lait coûte cher, surtout au prix où est vendu le lait bio. Idem pour les fourrages. « Un des freins au vêlage précoce est le prix des concentrés bios. Mais le calcul économique mérite de se pencher sur la question. »

Côté web

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