Nutri-Score : La filière laitière en émoi
Le lait de consommation devrait passer d’une note A ou B, à une note B ou C, car il devrait passer de la catégorie « aliment » à la catégorie « boisson ». Le Cniel s’interroge sur cette recommandation du comité scientifique du Nutri-Score.
Le lait de consommation devrait passer d’une note A ou B, à une note B ou C, car il devrait passer de la catégorie « aliment » à la catégorie « boisson ». Le Cniel s’interroge sur cette recommandation du comité scientifique du Nutri-Score.
C’est une recommandation, mais elle a de grandes chances d’aboutir à une transcription dans la règlementation nationale française, ainsi que dans celle des six autres pays participant au Comité de pilotage du Nutri-Score : Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse.
Le Comité scientifique propose de faire évoluer la classification du lait de consommation, le passant de la catégorie « aliment » à la catégorie « boisson ». Certes, ce sont des produits qui se boivent. Néanmoins, Caroline Le Poultier, directrice du Cniel rappelle que « le lait liquide vendu en France (en distribution, restauration et aux industries agro-alimentaires) est à 87% utilisé comme ingrédient culinaire. Seuls 13% du lait est bu directement, comme une boisson. A peine 10% de la population boit des verres de lait. Et c’est encore bien moins pour le lait entier. ». Le Cniel demande donc pourquoi le lait change de catégorie.
Le lait, un ingrédient avant tout
Ce changement n’est pas anodin, car il dégrade la note du lait. Un lait demi-écrémé passerait de A à B. Et un lait entier passerait de B à C. En effet seule l’eau est une boisson indispensable et est notée A. « Le lait se retrouverait avec la même note que des sodas sans sucre, alors même qu’il entre dans la liste des produits laitiers recommandés par Santé publique France, pour une consommation de deux produits laitiers par jour », s’émeut la directrice de l’interprofession. Elle estime que « il y aura forcément un impact négatif sur l’image du lait ».
Caroline Le Poultier pointe également un manque de cohérence. « Le Comité propose aussi de mettre le yaourt à boire dans la catégorie « boisson ». Pourtant, il remplace souvent le yaourt en usage nomade. Et la compote en gourde resterait, elle, en catégorie « aliment ». »
Le Nutri-Score vise à aider le consommateur et à inciter les transformateurs à modifier leurs recettes pour qu’elles soient moins sucrées, salées, grasses. Or ce changement ne soutiendra en rien ces objectifs.
Un nouvel algorithme pour mieux différencier les boissons
Le Comité de pilotage met en avant un nouvel algorithme qui « assure une classification du lait écrémé et demi-écrémé dans les classes les plus favorables parmi les boissons. Il permet une différenciation entre les différents types de lait selon leur teneur en matières grasses et avec les boissons lactées sucrées ».
Le Comité rappelle en outre qu’en juillet 2022, il a procédé à des évolutions de l’algorithme des aliments. Elles concernent notamment les fromages et les produits laitiers pour « améliorer la différenciation entre les produits laitiers non sucrés et sucrés et entre les différents types de fromages ». Le Cniel reconnaît « une petite avancée, mais minime ».
Une fois les modifications inscrites dans la réglementation, la filière a deux ans pour adapter le packaging.