« Nous ne fermons quasiment plus le filet brise-vent »
À la SCEA du Vieux Manoir dans les Côtes-d’Armor, les associés ont ouvert les longs pans, les portails et une partie du pignon Nord. À la clé, un bâtiment plus sec et une meilleure ambiance.
À la SCEA du Vieux Manoir dans les Côtes-d’Armor, les associés ont ouvert les longs pans, les portails et une partie du pignon Nord. À la clé, un bâtiment plus sec et une meilleure ambiance.
« Il y a quatre ans, lorsque nous avons accolé à la stabulation existante (84 logettes) un second bâtiment (68 logettes avec robot), l’ambiance dans le bâtiment s’est dégradée, dépeint Emmanuel Turban, l’un des sept associés de la SCEA du Vieux Manoir. En élargissant la construction d’origine, nous avons supprimé le flux d’air latéral qui existait auparavant, L’air circulait mal et ça sentait l’ammoniac. Nous avions aussi davantage de soucis de mammites et de problèmes de pattes. » Il fallait faire quelque chose. D’autant que l’agrandissement du troupeau avait signé l’arrêt du pâturage, et donc le maintien des 200 vaches en bâtiment toute l’année.
« Plus on ouvre, moins il y a de courant d’air »
Pour améliorer les conditions d’ambiance, les éleveurs y sont allés par étape. « Et à chaque étape, nous avons vu un mieux !, constate Emmanuel en souriant. Pour commencer, nous avons laissé ouvert le filet brise-vent sur toute la hauteur du long pan du côté de l’extension. Orienté Ouest, sous les vents dominants, nous avions tendance à le tenir fermé ou n’ouvrir que le tiers supérieur par crainte des courants d’air. Aujourd’hui, il est ouvert en permanence. Nous le fermons seulement une semaine par an, les jours de grands vents et fortes pluies. C’est un investissement dont nous aurions pu nous passer », considèrent avec le recul les exploitants qui pensent d’ailleurs le revendre prochainement. « Plutôt qu’investir d’emblée dans un filet, mieux vaut d’abord tester sans, quitte à s’équiper dans un second temps », estime Emmanuel.
Dans la foulée, sur les conseils de Philippe Arzul, vétérinaire, les associés ont procédé à d’autres ouvertures : le retrait du bardage en tôles perforées sur le long pan opposé (orienté Est) et l’ouverture permanente des deux portails électriques et des trois coulissants de chaque pignon. « Je craignais que ça se passe mal l’hiver, se remémore Jean-François Turban, le père d’Emmanuel. Quand on ouvrait un seul portail, un courant d’air glacial s’engouffrait dans le couloir d’alimentation central. Alors qu’est-ce que ça allait donner en ouvrant davantage ? Finalement, j’ai été agréablement surpris. Plus on ouvre, moins il y a de courant d’air. L’effet couloir a été supprimé et ça respire beaucoup mieux. Il fait plus froid qu’avant, mais on met un bonnet et une polaire en plus l’hiver, et comme on s’active dans le bâtiment, on se réchauffe vite. »
Un an plus tard, les tôles pleines du long pan Est ont également été retirées suite à l’ajout d’une aire paillée de 200 m2 sous auvent de ce côté-là du bâtiment. Et la dernière ouverture en date (quand ????) concerne le pignon nord, avec 15 m2 de tôle pleine retirés. Là encore, le bilan est positif.
47 000 euros de coût total
• 18 000 € de rideau brise-vent (50 m de long)
• 15 000 € pour 4 portails électriques
• 10 000 € pour 6 portails coulissants
• 4 000 € pour 240 m2 de bardage en tôles pleines et perforées
Les éleveurs auraient pu faire l’économie de différents équipements, désormais supprimés ou inutilisés.« Il ne faut pas avoir peur d’ouvrir davantage »
« Quand le bâtiment de l’élevage était fermé, il restait humide et les matelas des logettes ne séchaient pas. Cela se traduisait par beaucoup de dermatites digitées et une situation mammites correcte mais instable. Il y avait des périodes avec des séries de mammites, sans que les éleveurs ne modifient leurs pratiques. Au fur et à mesure des ouvertures réalisées sur les longs pans et pignons, les matelas ont mieux séché. Il y a moins de mammites et le taux de cellules est régulièrement en dessous de 200 000.
Quand on construit du neuf, je recommande de ne pas installer de parois fixes. En Bretagne, le « tout ouvert » sur les quatre côtés, marche bien. Dans les régions craignant le gel, les bâtiments sont fermés mais mieux vaut prévoir des rideaux amovibles sur les longs pans. Et, pour les bâtiments existants, le plus simple est de supprimer les bardages à l’Est, au Nord, et au Sud-Est. Même côté Ouest c’est possible, si la façade donne sur le couloir d’alimentation. »
Philippe Arzul, vétérinaire chez Vitalac