« Nous distribuons du soja pour ne pas baisser en lait »
Au Gaec de la Hutte, dans la Sarthe, les 70 Prim’Holstein du troupeau tournent au sans-OGM depuis mars 2017. Le correcteur distribué au robot contient du tourteau de soja pour préserver leur niveau de production autour de 10 000 kilos.
Au Gaec de la Hutte, dans la Sarthe, les 70 Prim’Holstein du troupeau tournent au sans-OGM depuis mars 2017. Le correcteur distribué au robot contient du tourteau de soja pour préserver leur niveau de production autour de 10 000 kilos.
« Depuis septembre 2017, en moyenne 23 % de notre référence (700 000 l) est valorisée à 390 euros pour 1 000 litres dans la démarche « C’est qui le patron ? ! ». Le reste partait au prix standard de 335 euros pour 1 000 litres, auxquels s'ajoutaient une prime « sans OGM » de 10 euros pour 1 000 litres versée par notre laiterie. Depuis septembre 2018, la nouvelle démarche Auchan premium va nous permettre de valoriser encore plus de lait à 390 euros. Son cahier des charges est le même que celui de « C’est qui le patron ? ! ", explique Vincent Ménard, associé avec Michel Cuinier. Au final, sur des douze derniers mois, nous avons perçu en moyenne 370 euros pour 1 000 litres de lait livrés."
Les associés ont saisi ces deux opportunités malgré un système avec traite robotisée, des vaches à 10 000 kg et une faible disponibilité en herbe. « Le cahier des charges impose un minimum de trois mois de pâturage. Nos vaches disposent de 12 hectares de prairies dont 6 hectares de fétuque élevée parce que nous sommes dans une région très séchante. Mais quand il fait trop chaud, elles préfèrent rester dans le bâtiment », souligne Vincent Ménard.
Un correcteur azoté à 392 euros la tonne
Le passage à une alimentation sans OGM a modifié, mais pas révolutionné, les sources d’approvisionnements en correcteurs azotés. « Nous continuons à utiliser essentiellement du tourteau de colza. Mais nous distribuons également un correcteur azoté non OGM à base de tourteau de soja pour ne pas baisser en lait, surtout que notre robot est saturé. »
Les vaches à 30 kg de lait consomment 2 kg/j de tourteau de colza, distribués à l’auge. L'éleveur en a acheté 67 tonnes à 249,67 euros la tonne lors de l'exercice 2017-2018. Elles reçoivent au robot 2,4 kg/j de correcteur azoté (45 tonnes à 391,71 €/t) et 1,4 kg de VL (47 t à 312 €/t). Les quantités distribuées grimpent jusqu'à 3,9 kg pour le correcteur et 3 kg pour la VL.
Jusqu’ici, les vaches sont attirées au robot avec, au minimum, 1 kg de correcteur azoté. « Je pense le remplacer par du corn gluten feed pour celles qui ne produisent pas plus de 20 à 25 litres de lait par jour, parce qu'il coûte deux fois moins cher (environ 200 €/t). »
Aucun changement pour les génisses
La conversion au sans-OGM n’a eu aucune incidence sur l’élevage des génisses. « Je leur distribuais déjà un concentré contenant du tourteau de colza. » Sur le plan économique, Vincent Ménard estime qu'adhérer à la filière « non OGM » est une opération rentable à condition d’associer la plus-value « non OGM » de 10 euros pour 1 000 litres, versée par la laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel, au 390 euros pour 1 000 litres pour le lait valorisé dans les démarches « C’est qui le patron ? » et Auchan premium. « Globalement, cela nous fait une plus-value d’environ 20 euros pour 1 000 litres. Mais produire sans OGM nous coûte actuellement 10 euros pour 1 000 litres. S’il n’y avait que la prime de 10 euros, cela ne vaudrait pas le coup, surtout si le prix du tourteau de colza augmente », souligne Vincent Ménard. Plus globalement, l’éleveur estime que le non-OGM doit s’inscrire dans le cahier des charges d’une autre filière de différenciation pour être rentable pour les producteurs laitiers.
Anne Claire Daneau, chambre d'agriculture des Pays de la Loire
" Leur stratégie de production impacte le coût alimentaire "
" Les coûts du système d’alimentation et de concentrés sont relativement élevés pour une exploitation de ce type. Cette situation relève d’un choix des éleveurs de maximiser la production de lait sur un minimum de surface fourragère, quitte à ne pas être le plus efficaces possible sur certains postes de charges. Cependant, depuis trois ans, ils ont engagé une réflexion sur ces charges alimentaires. Mais la dépendance du système alimentaire au maïs fourrage ne leur permet pas de les réduire de manière rapide. Les coûts de concentrés ont effectivement diminué mais la modification de l’assolement, avec l’introduction d’une part plus importante de dérobées, n’a pas permis de réduire les coûts du système d’alimentation. "
Un travail important sur la qualité des fourrages
« Nous avons beaucoup travaillé sur la qualité des fourrages pour réduire les apports de concentrés », explique Vincent Ménard. Le Gaec cultive 26 hectares de RGI en dérobée. « Nous faisons deux fauches précoces (fin mars-début avril, puis fin avril-début mai) pour optimiser la valeur alimentaire de l’ensilage de RGI. Sa teneur en protéine tourne autour de 16 à 19 % de MAT. selon les coupes. » Le rendement avoisine 7 t MS/ha. « La culture du ray-grass d'Italie ne pénalise pas le rendement en ensilage de maïs (13 à 16 t MS/ha) parce que nous irriguons. »
Pour l'ensilage de maïs, la qualité d’éclatement des grains est vérifiée à l’aide du test du seau. « Avant, les grains étaient juste un peu attaqués. Maintenant, nous vérifions qu’ils sont éclatés au moins en quatre morceaux », indique Vincent Ménard.