Aller au contenu principal

« Nous concilions vêlages précoces et groupés »

À l’EARL Duvernoy, en Haute-Saône, les génisses montbéliardes vêlent à 25 mois depuis une trentaine d'années. Les vêlages sont groupés en automne pour des questions d’organisation du travail.

« L’hiver, nous sommes éleveurs, et l’été, céréaliers », résume Didier Duvernoy. Installé avec son épouse et son fils sur 480 hectares, dont 400 hectares de cultures de vente, Didier gère également un troupeau de 70 Montbéliardes à 10 600 kg (36 g/kg de TP et 37 g/kg de TB). Pour mener de front ses deux activités, il a choisi de grouper les vêlages en automne. « L’année dernière, nous avons eu 5 vêlages du 1er janvier à fin août et 80 du 15 août au 1er décembre. Notre robot tourne comme une Ferrari à cette saison (2 500 l de lait par jour) et comme une 2 CV en juin-juillet (1 500 l/j) », résume-t-il. Pour autant, il n’est pas question de déraper sur l’âge au premier vêlage. La moyenne est très groupée autour de 25 mois. Les plus jeunes vêlent à 21 mois et les plus âgées à 26 mois.

Si le groupage des vêlages met un peu la pression côté repro, il offre l’avantage d’avoir des lots de génisses homogènes. Un avantage bien valorisé au Gaec par la conduite d’élevage à la fois simple et efficace. Les 40 ou 50 génisses qui naissent chaque année sont élevées en trois lots. Pendant la phase lactée, les veaux sont nourris avec un "milkbar" fait maison en deux repas par jour. « Nous avons toujours utilisé ce système pour imiter au mieux le comportement des veaux avec leur mère », soulignent les éleveurs.

Favoriser la croissance, pas l’engraissement

Les veaux consomment jusqu’à 8 litres de lait entier par jour. Ils sont sevrés à 60-70 jours. « Je ne leur donne pas d’aliment 1er âge parce qu’ils en consomment très peu avant un mois et demi, précise Didier Duvernoy. En revanche, je leur propose directement l’aliment jeune bovin à 19 % de protéines qu’ils consomment jusqu’à l’insémination. »

Après le sevrage à 60-70 jours, la ration des génisses se compose d’ensilage d’herbe et de foin. « Il faut faire très attention à apporter suffisamment de vitamines A, D3, E et d’oligoéléments. Pour éviter que les génisses trient, surtout quand on distribue la ration avec un godet, il est préférable que le minéral soit incorporé dans l’aliment. »

Un ensilage à base de graminées, trèfle blanc et luzerne

Côté fourrages, la règle est claire. « Pour obtenir des croissances compatibles avec du vêlage 2 ans sans distribuer trop de concentrés, il faut leur apporter des fourrages de qualité. » L’ensilage d’herbe est issu d’une première coupe réalisée sur une prairie à base de RGA, fétuque des prés et trèfle blanc. « Il y a de la luzerne au bout de la parcelle. En faisant le tour, ça fait un mélange de qualité contenant une quantité comparable de graminées et de luzerne. Je n’ai pas besoin d’utiliser de conservateur. »

Les génisses ne pâturent pas la première année. « C’est plus simple de leur distribuer de l’ensilage d’herbe, et pour les surveiller. La qualité du fourrage varie moins que dans une pâture. Il y a moins de mouches dans le bâtiment. » L'année suivante, elles pâturent des prairies permanentes. Les trois lots d’une quinzaine d’animaux tournent chacun sur cinq paddocks de 1,5 à 2 hectares. « Mon objectif est qu’elles ne restent pas plus de 6 à 7 jours sur un paddock. Cela permet de faucher les refus et d’améliorer la qualité des repousses. C’est également un bon moyen pour gérer les problèmes de parasitisme. Je n’ai pas besoin de les vermifuger. "

En deuxième année, au pâturage, les génisses ne reçoivent aucun complément. Quand la pousse d’herbe devient insuffisante, Didier joue sur le chargement. Certaines génisses sont vendues à cette époque. D’autres rejoignent les vaches taries. Dans ce cas, le pâturage est complété par de l’ensilage d’herbe et du foin. Un mois avant la date de vêlage prévue, les génisses rejoignent le troupeau pour la préparation au vêlage et l’apprentissage du robot. Leur consommation d’aliment grimpe progressivement à 3 kg. Puis la longue carrière commence. Au Gaec, le rang moyen de lactation est de 3,1.

Chiffres clés

3 associés
70 Montbéliardes à 10 600 kg
40 à 50 génisses par an
Vêlages groupés en automne (pas de groupage des chaleurs)

Les quatre motivations du Gaec

. Accélération du progrès génétique. « En ce moment, nous avons cinq générations présentes dans le troupeau. »  

. Meilleure plus-value sur les ventes d’animaux. « Chaque année, nous vendons une vingtaine de génisses amouillantes à l’export. Elles sont âgées de 18 à 20 mois, mais on nous les paye au même prix (1 350 à 1 400 €) que si elles étaient plus âgées. »

. Plus de 15 kg de lait par jour de vie. Les primipares n’ont pas à rougir face à leurs aînées. « Au premier contrôle, elles étaient à 24 kg contre 40 kg pour les autres vaches du troupeau. Elles ont produit 30 kg de lait à 110 jours moyens de lactation contre 40 kg pour les autres. » La production moyenne du troupeau par jour de vie dépasse les 15 kg chez les vaches présentes.

. Des vêlages sans souci. La vingtaine de génisses conservées pour le renouvellement sont inséminées avec de la semence sexée. « Grâce aux vêlages 2 ans et à la semence sexée, je n’ai quasiment plus besoin de surveiller les vêlages ». Le taux de réussite à la première insémination est de 67-68 %.

Avis d'expert : Erwann Collinet, Conseil élevage 25-90

« Viser 110 cm de tour de poitrine au sevrage »

" Parmi les 1 500 élevages de Montbéliardes que nous suivons, les neuf les mieux placés font vêler à 25-26 mois. La moyenne est à 33 mois. Si on arrivait à 28-30 mois, ce serait très bien. Mais l’excès d’élevage de génisses actuellement pour pouvoir répondre à différentes demandes (export notamment) pénalise souvent la qualité de l’élevage. Par ailleurs, le vêlage précoce (moins de 27 mois) est plus facile à réaliser dans les systèmes avec ensilage de maïs. Les systèmes foin-regain sont tributaires des aléas climatiques et des dégâts causés par les campagnols. Le meilleur foin est avant tout destiné aux vaches laitières.

Une des clés de la réussite consiste à maîtriser la phase 0-6 mois. Il faut viser 110 cm de tour de poitrine au sevrage. Les génisses doivent alors être capables d’ingérer 2,5 kg d’aliment à 17 % de protéines, voire 18 à 20 % si le foin n’est pas de bonne qualité. Il doit être riche en énergie (0,98 à 1 UFL). Le foin doit être suffisamment structuré et appétant pour stimuler la panse. Il faut viser ensuite 130 cm de tour de poitrine à 6 mois en distribuant 3 kg d’aliment après sevrage. "

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière