Aller au contenu principal

« Nous avons une plus-value de 121 €/1 000 l grâce aux taux »

Dans le Maine-et-Loire. La richesse du lait de la Jersiaise et son efficacité alimentaire ont convaincu le Gaec de la Jutière d’opter pour cette race.

Exploiter des terres en zone d’appellation viticole Coteau du Layon (AOC) n’a pas que des avantages. Surtout, comme c’est le cas pour Jean-Yves Onillon associé avec son neveu Olivier, lorsqu’il n’y a pas un seul pied de vigne sur les 63 hectares de son exploitation. La forte pression sur le foncier et les terres séchantes ont d’ailleurs pesé lourd dans la décision prise en 2002 par le Gaec de changer de race. « Nous avons mis 25 ans pour augmenter notre surface de 40 à 63 hectares. Ici, le potentiel des terres est assez limité, d’autant que nous avons fait le choix de ne pas investir dans l’irrigation.

Les rendements oscillent autour de 6 tonnes de MS d’herbe valorisée/ha et de 9-10 de MS/ha pour le maïs. Avec un troupeau de 40 Prim’Holstein (quota de 240 000 litres), nous étions très souvent en limite de rupture de stocks fourragers l’hiver », explique Jean-Yves Onillon, le responsable du troupeau laitier au sein du Gaec. Adhérent au groupe lait de la chambre d’agriculture, l’éleveur a donc étudié l’impact technico-économique du changement de race avant de prendre sa décision. « L’étude a confirmé l’intérêt de la Jersiaise lié à sa meilleure efficacité alimentaire. Et depuis le changement de race nous avons même vendu du foin certaines années », souligne l’éleveur en souriant.

1,7 kg de lait standard par kg de MS ingéré

Cette qualité est un atout indéniable pour la conduite de ce système très herbager (52 % d’herbe pâturée, 38 % d’herbe récoltée et 10 % de maïs ensilage dans la ration des vaches laitières et génisses) et sensible aux aléas climatiques. « Cette année, nous n’avons pas eu d’herbe en automne alors qu’en 2015, notre troupeau a pâturé jusqu’en janvier. » La transition entre les deux races a duré cinq ans. « Nous avons commencé par acheter 30 génisses amouillantes en 2002. Puis nous avons éliminé petit à petit les Prim’Holstein. Notre adhésion au groupe jersiais de la chambre d’agriculture nous a permis de bénéficier de l’expérience d’autres éleveurs notamment pour caler la conduite de l’alimentation et l’élevage des veaux. » Depuis 2008, l’élevage tourne avec une bonne soixantaine de Jersiaises et leur suite (vêlage deux ans et 20 % de renouvellement). Les besoins annuels en stocks fourragers s’élèvent à environ 45 à 50 t de MS d’ensilage de maïs, 110 t de MS d’ensilage d’herbe et 37 t de MS de foin.

En début d’hiver, les vaches consommaient 17,5 kg de MS/j et produisaient 30 kg de lait standard (20 kg de lait brut, avec un stade de lactation moyen de 4,5 mois). « 1,7 kg de lait standard produit par kg de MS ingéré, c’est vraiment très bien », souligne Jérôme Pineau, responsable du groupe jersiais à la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire. La quantité de lait produit par vache a légèrement dépassé la barre des 5 300 kg lors de la campagne 2015-2016. « Cela correspond à 7 855 kg de lait standard avec seulement 225 grammes de concentré/litre de lait standard livré, précise le conseiller. Ce niveau de production est légèrement supérieur à la moyenne des six élevages 100 % jersiais du groupe : 4 949 litres/vl avec des taux très élevés (TB : 61.5 TP : 40.6), soit l’équivalent de 7 218 litres de lait standard/vl présentes). »
Cette capacité à valoriser la ration consommée se traduit directement sur les performances économiques. « La marge sur coût alimentaire du Gaec (345 €/1 000 l) et du groupe jersiais (355 €/1 000 l) est supérieure à celle des élevages du groupe Holstein (environ 250 €/1 000 l). »

Du lait en moyenne à 399 euros/1 000 litres d’avril à octobre 2016

La richesse du lait a également été un élément prépondérant dans le choix des associés. L’octroi de 60 000 l de lait en 2004 et de 110 000 l suite à l’installation du neveu de Jean-Yves en 2008, ont porté la référence du Gaec à 410 000 l de lait. Mais elle n’est pas toujours produite. « Ce n’est pas une fin en soi pour nous. Produire plus de lait par vache ne serait pas intéressant économiquement. Et nous ne cherchons pas à augmenter l’effectif de vaches parce que nous sommes limités par le nombre de places dans notre stabulation (60 logettes) et par nos surfaces. Et cela augmenterait notre charge de travail. » Dans ses choix de taureaux, Jean-Yves Onillon a une préférence pour la génétique danoise plutôt que nord-américaine qui est "plutôt axée sur la production et pas assez sur les taux".

Un faible prix pour les vaches de réforme

Et le faible niveau de production par vache est largement compensé par la plus-value de 121 euros/1 000 l de lait réalisée grâce à la richesse du lait : TB à 63 g/l et un TP à 40,5 g/l en 2015-2016. Grâce aux taux, le prix moyen payé au Gaec par Laïta a été de 421 euros/1 000 l. « Ce prix se situe dans la moyenne du groupe jersiais », précise Jérôme Pineau. Et sur la période d’avril à octobre 2016, le prix moyen a été de 399 euros/1 000 l.

Le produit viande lié à la vente des vaches de réformes (516 euros/vache en 2015-2016) est le talon d’Achille de la race. Mais il ne pèse pas lourd dans la balance. La vente d’une dizaine de génisses amouillantes par an (autour de 1 300 euros départ ferme) et le recours au croisement sur 15 % des vaches avec du Limousin, voire avec du Blanc Bleu Belge pour les vaches en troisième lactation et plus permettent cependant de l’améliorer. "Les vaches et les génisses vêlent très bien. Nous surveillons cependant plus les vaches quand elles sont utilisées en croisement", précise l’éleveur.

« Une rémunération de 88 euros/1 000 litres »

"La race attire beaucoup d’éleveurs en raison de sa rusticité, son efficacité alimentaire, son adaptation au pâturage et une valorisation TB et TP du lait très intéressante (117 €/1 000 l en plus du prix de base pour les six élevages 100 % jersiais du groupe). Avec un TB à 63 g/l et un TP à 40,5 g/l, le Gaec réalise une plus-value de 121 euros/1 000 l sur le prix du lait contre 117 euros pour le groupe jersiais, 10 à 17 € pour le groupe Holstein, 38 € en Normande et 25 € en Montbéliarde. Un âge moyen au 1er vêlage de 25 mois et des taux de réforme faibles participent également au dynamisme de la race. En raison de son attrait, la demande en génisses amouillantes est importante et permet d’améliorer nettement le produit viande de l’atelier lait (52€/1 000 l). Tous ces critères participent à maintenir une situation économique et financière correcte puisque la rémunération du travail moyenne permise par l’atelier lait au sein du groupe jersiais était de 109 €/1 000 l (déduction faites des charges MSA) sur la campagne 2015-2016 et de 88 euros/1 000 l au Gaec."

Jérôme Pineau, chambre d’agriculture du Maine-et-Loire

Un groupe de neuf élevages en race jersiaise

Cela fait douze ans que des éleveurs du Maine-et-Loire passionnés par la race Jersiaise se retrouvent au sein d’un groupe animé par un conseiller de la chambre d’agriculture. "L’adhésion au groupe permet d’échanger et d’améliorer les pratiques en élevage grâce notamment aux quatre journées de formation dont les thèmes sont choisis en début d’année par les éleveurs, souligne Jérôme Pineau, l’animateur du groupe. Nous complétons ces formations par une journée commune aux 18 groupes lait du département. » Par ailleurs, un bilan technico-économique "prix de revient" est réalisé pour chaque élevage. « Six des neuf élevages du groupe sont 100 % en race Jersiaise. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Denis Battaglia, éleveur laitier en Meurthe-et-Moselle, devant son silo de maïs</em>
« Nous avons toujours plus d’un an de stocks d’avance en fourrages »

Le Gaec du Rupt de Viller, en Meurthe-et-Moselle, refuse de se retrouver confronté à un manque de stocks fourragers. Au fil…

<em class="placeholder">Prairie avec une vache Normande et une vache de race Prim&#039;Holstein en Mayenne. </em>
Prairies permanentes : la Commission européenne donne son feu vert pour l’assouplissement

La demande de modification des règles des BCAE 1 et 9 encadrant les prairies permanentes et les prairies sensibles dans la PAC…

éleveurs laitiers Flore et Antoine Renoult
« Du "bale grazing" en hiver pour nos 300 vaches taries »

Le Gaec de la Louisiane, en Loire-Atlantique, pratique le « bale grazing » depuis six ans, durant deux mois l’hiver, pour ses…

<em class="placeholder">Romain Lelou devant son robot de traite.</em>
« Nos 135 vaches, traites par deux robots saturés, pâturent jour et nuit en Loire-Atlantique »
Au Gaec du Champ-Léger, en Loire-Atlantique, les éleveurs ont fait le pari de traire avec deux robots jusqu’à 140 vaches, et ce 2…
%agr
Biolait : « Nous n’avons plus les moyens d’accueillir tout le monde partout en France »

Alors que des éleveurs laitiers bio sont concernés par les annonces d’arrêt de collecte de Lactalis, Biolait, dont le slogan…

Jean-Paul Louis: « En réalisant le mélange pour six mois, nous distribuons une ration stable dans le temps. »
« Nous mélangeons tous nos coproduits en un silo unique »

Au Gaec de Grimaneau, en Meurthe-et-Moselle, les associés réalisent eux-mêmes, tous les six mois, leur propre mélange de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière