« Nous avons trouvé ce qui clochait dans notre stabulation grâce aux caméras timelapse »
En installant des caméras dans son bâtiment d’élevage, Simon Guillaume a pu constater ce qu’il se passait quand il n’est pas là. Il a revu la distribution de la ration et le réglage de la barre au garrot de ses logettes pour améliorer l’ingestion et la production de ses vaches laitières.
En installant des caméras dans son bâtiment d’élevage, Simon Guillaume a pu constater ce qu’il se passait quand il n’est pas là. Il a revu la distribution de la ration et le réglage de la barre au garrot de ses logettes pour améliorer l’ingestion et la production de ses vaches laitières.
« La production laitière n’était pas régulière, plutôt basse par rapport à la ration alors qu’il y avait des refus tous les matins. » Face à cette interrogation, Simon Guillaume, éleveur dans le Morbihan, fait réaliser un suivi timelapse. Des caméras sont installées pendant deux à trois jours dans le bâtiment qui abrite ses 120 vaches. Les caméras prennent des photos toutes les 20 secondes.
Les images seront visionnées, en accéléré, à raison de 24 images par seconde. « Cela permet de visionner vingt-quatre heures en dix minutes, explique Yannick Saillard, vétérinaire conseil à Innoval. Ce qui donne une vision d’ensemble du fonctionnement du troupeau, surtout de ce qui se passe quand l’éleveur n’est pas là. »
C’est cet œil dans la nuit qui a permis à Simon Guillaume de se rendre compte qu’une partie de ses vaches n’avaient plus rien à manger à partir de 2 heures du matin. « Nous distribuions la ration le matin et nous la reportions à 19 h 30. Comme il y avait des refus le matin, nous avions tendance à la diminuer. De voir le comportement des vaches la nuit nous a permis de comprendre que ce n’était pas des refus mais du fourrage inaccessible, retrace l’éleveur. Les vieilles vaches se servaient allégrement. Grâce à leur gabarit, quitte à forcer sur les cornadis, elles mangeaient bien, triaient en repoussant ce dont elles ne voulaient pas, ce qui rendait la ration inaccessible aux primipares, plus petites. De 2 heures du matin à la distribution, elles étaient au régime sec. Sur les images, nous avons pu observer en particulier quatre vieilles vaches avec un long cou, qui mangeaient plus que leur part. »
L’éleveur décide alors de distribuer la ration le soir et de repousser régulièrement dans la journée, pour que chaque vache puisse manger sa part. « Ce changement de rythme a permis de regagner du lait », apprécie Simon Guillaume.
Des caméras pour repérer les anomalies
Comme cela a été le cas chez Simon Guillaume, le premier enseignement d’un suivi timelapse concerne souvent l’alimentation, que l’on peut croire à tort à volonté. « Il ne faudrait pas plus d’une heure sans rien à manger à l’auge », conseille Yannick Saillard. Pour ceux qui utilisent un robot repousse-fourrage, les images peuvent montrer des rythmes ou des itinéraires inadaptés. « On peut voir des robots qui passent toujours au même endroit. Quand la ration diminue, ils ne repoussent plus rien, témoigne Marie Carnevali, conseillère élevage à la chambre d’agriculture d’Alsace. En adaptant l’itinéraire et le rythme, on peut rendre la ration accessible toute la nuit. »
L’observation par les caméras permet aussi de visualiser comment le troupeau se déplace et accède aux points stratégiques, comme les abreuvoirs ou les robots. « Le suivi peut montrer que les vaches ont une préférence pour un type ou un emplacement d’abreuvoirs, souligne Yannick Saillard. Comme elles délaissent les autres, l’accès à l’eau est insuffisant. » Le comportement de quelques animaux peut expliquer un dysfonctionnement du troupeau. « Avec le suivi, on va observer des animaux perturbateurs, comme la vache dominante qui passe sans cesse au robot et qui en bloque l’accès. Ce qui peut donner l’impression d’un robot sous-fréquenté », témoigne Marie Carnevali.
Observer le budget temps de son troupeau
Le suivi 24 heures/24 permet aussi de s’assurer que toutes les vaches passent suffisamment de temps allongées. « On peut observer le pourcentage de vaches couchées, celles qui restent debout dans la logette, traduit Yannick Saillard. Ce qui va donner des indications sur un manque de place ou de confort. » « Dans le cadre d’une formation Boviwell, nous avons réalisé un deuxième suivi timelapse, poursuit Simon Guillaume. En voyant beaucoup de vaches debout dans leur logette avec deux pattes dans le couloir, je me suis rendu compte que la barre au garrot était mal réglée, cela compliquait leurs mouvements pour se relever. »
Véritable œil dans la nuit, les caméras permettent de voir le comportement des animaux quand il n’y a pas d’intervention humaine dans la stabulation. « On voit bien plus d’expressions de chaleurs la nuit qu’en journée quand l’éleveur intervient sur troupeau », partage Marie Carnevali. Un problème de chaleurs difficile à détecter peut juste être dû à un mauvais timing d’observation. »
Que faut-il attendre d’un suivi timelapse ?
Au-delà de la curiosité de savoir ce qui se passe quand on a refermé les portes de la stabulation, le suivi timelapse apporte une aide pour lever des points de blocage. « Il faut avoir en tête une question simple, à laquelle les vaches pourraient répondre par oui ou non, image Marie Carnevali, conseillère élevage à la chambre d’agriculture d’Alsace. Avez-vous assez à manger ? Assez de place pour vous coucher ? » Les caméras seront positionnées en fonction de ce que l’éleveur veut observer en priorité. « Par leur comportement, les vaches vont nous montrer ce qui va et ce qui ne va pas », approuve Yannick Saillard, vétérinaire conseil à Innoval.
Mise en garde
Le suivi timelapse reste un outil de diagnostic. À partir de ses indications, l’éleveur et son technicien devront creuser pour comprendre le pourquoi et trouver des actions de corrections, comme des détecteurs pour des chaleurs qui s’expriment davantage la nuit, des changements d’abreuvoirs…