Aller au contenu principal

« Nous avons passé un cap dans le semis direct »

Agriculture de conservation. Le Gaec de la Huberdière commence vraiment à profiter des bénéfices de son passage au semis direct.

Vincent Bossard. "????????"
© E. Bignon

L’année a été marquée le déficit hydrique. Nous avons eu moitié moins d’eau que d’habitude, témoigne Vincent Bossard l’un des trois associés du Gaec de la Huberdière en Vendée (100 vaches, 170 ha). Vu les conditions sèches, nous nous en sommes très bien tirés en céréales. » Les rendements moyens en blé ont atteint 70 qx/ha (avec une fertilisation qui se limite à 120 unités par hectare - alors que l’exploitation tourne plutôt à 50 qx/ha de moyenne, voire 60 qx/ha les très bonnes années- et le rendement en paille a doublé. « Cela fait bientôt 8 ans que nous sommes passés au semis direct sur les céréales, et 5 ans sur la totalité de l’exploitation. Après trois-quatre premières années un peu chaotiques, nous commençons aujourd’hui clairement à en retirer les fruits, estime Vincent. Le sol est vivant, moins compacté, il fonctionne bien et on retrouve des niveaux de rendement au moins égaux à ceux obtenus en système labour. Cette année, particulièrement, nous avons vu une nette différence. En dépit du déficit hydrique, le blé s’est très bien implanté, le peuplement a été dense, haut sur pied, et l’eau a été très bien valorisée. Les cultures sont moins soumises aux aléas quand on retrouve une activité naturelle du sol. »

Côté maïs, les exploitants n’ont pas pu irriguer autant que d’habitude. Sur les trente hectares, il a manqué deux passages d’eau sur les sept qui sont réalisés normalement. « Heureusement, nous avons eu la possibilité de récupérer du lisier de porc provenant d’un élevage voisin, ce qui nous a permis de booster un peu le maïs et maintenir les rendements au niveau habituel (10 tMS/ha). » L’exploitation est un peu juste en stock fourrager. Le méteil (pois, vesce, féverole) se généralise cette année à l’ensemble des surfaces qui seront semées en maïs au printemps prochain. Le méteil produit 3 à 4 tMS/ha et affiche 18-19 % de MAT. « J’aimerais réussir à faire plus de volume. Cette année, j’ai opté pour de la vesce de Narbonne qui présente de plus petites graines et se montre peu sensible à la verse. Ses feuilles ressemblent à celles de la féverole. »

Pour ne pas taper trop tôt dans les stocks, les éleveurs espèrent bénéficier de belles repousses d’herbe cet automne.

Réduction de charges et recherche d’autonomie

Dans les mois à venir, le Gaec poursuit la trajectoire qu’il a engagée en misant sur la réduction des charges et la recherche d’autonomie. « Cette année encore, nous ne devrions pas trop mal nous en sortir, considère l’éleveur. La trésorerie se maintient et on a encore un peu de marge de manœuvre malgré une conjoncture assez tendue sur le prix du lait au premier semestre. » Le prix du lait sur les trois derniers mois est remonté à 330 €/1 000 l mais il se limite à 300 €/1 000 l depuis le début de l’année. « Les taux se sont bien maintenus (à 44,5 de TB et 34 de TP) tant que nous tournions en ration hivernale avec un régime à base d’ensilage de maïs, méteil et VL 2 l, mais ils ont chuté depuis le changement de ration cet été (40 de TB et 32 de TP). Les laitières reçoivent depuis juin de l’ensilage de maïs et de l’enrubannage de ray-grass-trèfle violet surtout riche en graminée. J’ai dû ajouter un peu de correcteur azoté (1,5 kg/VL/j), alors qu’on en distribue jamais même l’hiver. » De plus, le prix du lait a été pénalisé ces derniers mois par des problèmes de cellules. Les vaches sortaient sur trois paddocks de stockage et se couchaient souvent au même endroit. « Nous avons eu aussi pas mal de pénalités butyriques. L’un des silos de maïs 2016, plus sec que d’habitude, a manqué de tassement, ce qui a pénalisé sa conservation. Nous allons voir ce que donnent les nouveaux maïs. Nous avons misé sur des variétés de type corné-denté cette année. »

Premiers retours du pâturage tournant dynamique

Le Gaec a augmenté sa surface en prairies au printemps et redécoupé ses paddocks. « Nous avons désormais 30 hectares subdivisés en 23 paddocks pour 80 vaches. Elles ont pâturé de début mars à début juin sur un demi-paddock par jour ou par repas en fonction de la pousse de l’herbe. À l’issue de cette première campagne, le constat est plutôt encourageant même si l’année n’a pas favorisé la pousse de l’herbe, avance Vincent. Au printemps, les vaches ont consommé une herbe jeune, il y a eu moins de refus et les repousses ont été de meilleure qualité. Nous n’observons plus, comme les années précédentes, des trous sur les parcelles, liés au surpâturage. Il faut dire que l’on accorde beaucoup plus d’importance à l’observation, on fait le tour des parcelles avec l’herbomètre, on regarde si on est bien au stade trois feuilles, on anticipe davantage… Le fait de travailler une fois par mois avec un groupe d’éleveurs au sein du Geda sur cette thématique nous a aidés à prendre nos repères et recaler nos pratiques. »

Les plus lus

Caméra dans une stabulation laitière
« Nous avons trouvé ce qui clochait dans notre stabulation grâce aux caméras timelapse »

En installant des caméras dans son bâtiment d’élevage, Simon Guillaume a pu constater ce qu’il se passait quand il n’est pas…

Éleveur de montbéliardes dans le Rhône pâturage de stock sur pied.
« Nous faisons pâturer nos taries et génisses dans un mètre d'herbe avec le report sur pied dans les Monts du Lyonnais »

Dans les Monts du Lyonnais, à l’est de Lyon, Lionel Morel et Clément Rivoire font pâturer les génisses et les taries dans un…

passage d'un rouleau de type cultipacker
Cinq questions à se poser pour réussir ses semis de prairie

Face aux risques d'échec des semis de prairie, Arvalis, les chambres d’agriculture et l’AFPF font le point sur les…

salle de traite centrale dans aire d'attente ni mur
Bâtiment d’élevage : « Sans aire d’attente, nous trayons 100 vaches à l’heure »
Pour leur nouvelle stabulation d’élevage, les trois associés du Gaec du Lagot, en Bretagne, ont installé une salle de traite…
Dégâts de campagnols terrestres dans une prairie dans le Cantal. Ravageurs de cultures. ravageur. rongeur.
PAC et prairies sensibles : des possibilités de retournement élargies
Cet été, le gouvernement a envoyé à Bruxelles ses propositions d’assouplissement de la conditionnalité encadrant les prairies…
FCO 3 : 41 foyers confirmés en France, la zone régulée évolue

Le ministère de l'Agriculture annonce, vendredi 16 août 2024, que 41 foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO), sérotype 3, sont…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière