Alain Drogue, en Gaec dans la Drôme
« Nous avons des Villard-de-Lans dans notre troupeau de vaches laitières »
À Saint-Julien-en-Vercors, dans la Drôme, Alain Drogue et son fils Vincent ont trois villardes dans leur troupeau de 55 vaches. Ils livrent 285 000 litres de lait bio transformés en fromages AOP bleu du Vercors–Sassenage.
« Je suis installé en Gaec avec mon fils Vincent à Saint-Julien-en-Vercors. Nous livrons 285 000 litres de lait bio transformés en fromages AOP bleu du Vercors-Sassenage. Nous avons un troupeau de 55 vaches dont 53 montbéliardes et deux Villard-de-Lans. Une génisse villarde a rejoint le troupeau. Nous avons des Villard-de-Lans depuis dix ans.
Nous aimerions en avoir un peu plus, mais c’est difficile pour plusieurs raisons. L’effectif de la race est très limité. En 1977, il ne restait que 130 femelles et une dizaine de mâles en race pure. Aujourd’hui, il y a près de 500 femelles(1). Comme le cahier des charges de l’AOP impose depuis 2020 d’en avoir au minimum 3 % dans son troupeau, et que beaucoup des quelque quarante exploitations engagées dans l’AOP n’en avaient plus, c’est difficile de trouver des génisses.
Le rameau laitier de cette race mixte a pratiquement disparu après la seconde guerre mondiale. Certaines femelles ne correspondent donc pas aux critères que nous recherchons. L’effectif limité nous oblige à garder toutes nos génisses. Nos villardes produisent deux fois moins de lait (2 500 l de lait livrés/VL) que les montbéliardes (5 200 l/VL). Heureusement, leur rendement fromager est très bon. Cette race rustique n'exprime pleinement son potentiel qu’au troisième ou quatrième veau.
Du caractère, peu de lait et lentes à traire
Comme il n’y a que dix à douze taureaux proposés dans le catalogue, il faut jongler avec les problèmes de consanguinité. Nos principaux critères de sélection sont la production laitière, la qualité des mamelles et la vitesse de traite. La persistance de lactation est aussi un caractère à améliorer. Le format des animaux étant hétérogène, à part la couleur froment de la robe, il n’y a pas de critères de sélection stricts pour la morphologie. Mais, pour la première fois cette année, toutes les femelles ont été pointées. Cela va permettre de faire avancer la sélection. Les veaux se développent très bien. Les vaches ont tendance à être les cheffes dans le troupeau.
La race bénéficie d’efforts de promotion. Elle est présente au SIA. Un premier concours « national » a été organisé en juillet dans le cadre de la Fête du bleu du Vercors-Sassenage. La création en 2017 de l’association Des graines d’éleveurs du Vercors, rassemblant une trentaine d’enfants très motivés par l’agriculture, va aussi contribuer à dynamiser sa relance. Des jeunes installés ont également créé une toute nouvelle association en vue de sa promotion. »