« Nos Normandes vêlent à 27 mois depuis plus de vingt ans »
À l’EARL Tessier, en Eure-et-Loir, malgré quelques décalages volontaires, chaque année une cinquantaine de génisses vêlent autour de 26-28 mois.
À l’EARL Tessier, en Eure-et-Loir, malgré quelques décalages volontaires, chaque année une cinquantaine de génisses vêlent autour de 26-28 mois.
Fillette, grande championne du National normand en 2015 et mère du taureau Mardel, n’a pas échappé à la règle. Comme ses consœurs, elle a vêlé pour la première fois à l’âge de 27 mois. L’EARL Tessier, en Eure-et-Loir, gère un troupeau de 110 Normandes à 6 900 kg, 41,6 g/l de TB et 35,5 g/l de TP. Toutes les génisses sont élevées. La plupart vêlent entre 26 et 28 mois avec une amplitude de 24 à 32 mois. C’est 5 à 7 mois plus tôt que la moyenne nationale de la race (33 mois). « Nos principaux objectifs sont d’accélérer le progrès génétique et de gagner de la place dans le bâtiment (130 logettes) », précise Florent Tessier. Les vêlages les plus tardifs sont liés à l’utilisation de certaines génisses comme receveuses d’embryon et à des questions d’organisation de travail. « Les génisses qui naissent entre mars et juin vêlent plus tardivement parce que nous ne faisons pas d’inséminations d’août à octobre pour être tranquilles côté vêlages pendant les foins et les moissons. »
Un mélange à base de pulpe déshydratée
Florent Tessier n’a pas le sentiment d’employer de méthode particulière. La phase lactée est assez classique : lait de la mère pendant cinq jours, lait de mélange pendant trois semaines puis passage à la poudre de lait et au DAC (maximum 6 l de lait par jour). « Les génisses consomment 50 kilos de poudre de lait (130 g/l) en 65 jours. » Elle contient 50 % de poudre de lait écrémé, 22,5 % de matière protéique et 18,5 % de matière grasse.
En plus du foin à volonté, les génisses commencent à se familiariser avec un mélange à base de pulpe déshydratée, de tourteau de soja et d’orge aplatie. « L’aliment démarrage que nous utilisions n’est plus fabriqué. Comme nous avons trouvé de la pulpe sèche à 186 euros la tonne, nous avons préféré vendre de l’orge et essayer ce mélange. » À partir du sevrage et jusqu’à l’âge d’environ 10 mois, les génisses en consomment environ 1 kilo par jour à raison de 500 g d’orge, 200 g de tourteau de soja et 300 g de pulpe.
Faute de prairies à proximité des bâtiments, les génisses de première année ne pâturent pas. « Nous préférons les avoir sous la main pour les surveiller et leur distribuer une ration compatible avec du vêlage précoce. »
Top départ avec un tour de poitrine de 179 cm
Le printemps suivant, elles pâturent des prairies permanentes en full-grass (17 ha pour une quarantaine de génisses organisés en quatre paddocks). « Quand la pousse de l’herbe devient insuffisante, nous leur distribuons de l’enrubannage tous les deux à trois jours », précise Florent Tessier.
En dehors des périodes de mise à l'herbe, les génisses consomment jusqu’à leur insémination la même ration que les vaches taries. Au menu : ensilage de maïs, enrubannage d’herbe, foin à volonté, tourteau de soja et minéral 5-25.
La croissance de celles qui sont proches de l’insémination est évaluée trois fois en hiver à l’aide d’un ruban. Les génisses vues en chaleur au moins une fois et qui ont un tour de poitrine d’au moins 179 cm (équivalent à 420 kg de poids vif) sont inséminées.
Les éleveurs utilisent le système de détection des chaleurs commercialisé par DeLaval pour compléter la détection visuelle des chaleurs. « Les génisses étant dans la même stabulation que les vaches, nous les observons au moins trois fois par jour, matin, midi et soir. » Des échographies sont réalisées une fois par mois.
Trois semaines avant le vêlage, elles rejoignent les vaches taries. La ration de base est la même que celle des jeunes génisses, à deux exceptions près : distribution d’un minéral spécial vaches taries (150 g/j) et de chlorure de magnésium (50 g/j).
Chiffres clés
Avis d'expert : Luc Delaby, ingénieur à l'Inra de Rennes
« Viser au moins un vêlage à 26-28 mois, voire moins »
« Dans le cadre de notre étude « Quelle vache pour quel système », à l’Inra du Pin nous faisons vêler des génisses normandes à 2 ans depuis 2006. Une Normande qui vêle à 2 ans met à profit sa première lactation pour poursuivre sa croissance et prendre du poids. Elle aura alors une bonne fertilité. En revanche, elle produira moins de lait lors de sa première lactation (4 500 kg contre 5 200 kg avec du vêlage 3 ans dans cette étude). Avec le vêlage précoce, on privilégie le futur. Dans le cas de vêlages groupés, 80 % des génisses qui ont vêlé à 2 ans ont fait une deuxième lactationn contre 67 % pour celles qui ont vêlé à 3 ans. »