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Mycotoxines : comment appréhender le risque de l'ensilage de maïs à la ration des vaches laitières

Le risque mycotoxines ne signifie pas forcément danger pour le troupeau. Avant de lancer des analyses de fourrage tous azimuts, des signaux d’alerte peuvent se repérer. Et quand bien même les résultats tombent, attention à leur interprétation.

silo maïs ensilage mycotoxines
Les mycotoxines, dans les silos, sont inodores, incolores et donc non repérables à l’œil nu.
© J. Pertriaux

Je peux estimer le risque mycotoxines au champ : VRAI

Le fusarium est le principal champignon responsable de la production de mycotoxines en France. Lorsqu’il se retrouve en situation de stress, comme des conditions de températures chaudes et humides en fin de cycle de végétation du maïs, il sécrète des toxines de sûreté aussi appelées mécanismes de défense. Ces mycotoxines se retrouvent ensuite dans les silos, où elles sont inodores, incolores et donc non repérables à l’œil nu.

« Avant la récolte de maïs, si vous observez la présence de pyrale ou de champignons au niveau de l’épi, vous pouvez vous attendre à ce que le maïs comporte un risque mycotoxines », introduit Jérôme Larcelet, de l’Observatoire des mycotoxines. Certaines techniques agronomiques favorisent leur développement : non-labour, rotations courtes, baisse de fongicide, récolte tardive. Les identifier doit pouvoir servir de point d’attention. Car, une fois arrivées dans le silo, les mycotoxines y restent. Elles sont stables, résistantes dans le temps et au processus d’ensilage. À noter : les maïs grain et épi sont d’autant plus sensibles aux mycotoxines qu’ils sont récoltés tard dans l’année.

J’ai un doute, je fais une analyse : VRAI et FAUX

C'est vrai, pour les éleveurs qui sont sensibilisés à la problématique et qui ont déjà eu des soucis avec les mycotoxines. « L’analyse systématique en début de campagne permet d’écarter ou non la présence de mycotoxines. Cela peut permettre de gagner du temps et/ou d’éviter de maintenir un traitement de lutte contre les mycotoxines dans la ration issue de la récolte précédente », propose Jérôme Larcelet.

En revanche, « les éleveurs qui rencontrent des problèmes sur leur troupeau (performances laitières, cellules, mammites, reproduction) doivent, avant de tout de suite penser aux mycotoxines, vérifier plusieurs points tels que les équilibres alimentaires ou l’état sanitaire des vaches. Si tout est maîtrisé dans l’élevage et que les problèmes ne s’expliquent toujours pas, alors, à ce moment-là, il est judicieux de faire une analyse pour rechercher la présence de mycotoxines ».

Avant de déclencher une analyse, les éleveurs peuvent s’appuyer sur les données de l’Observatoire des mycotoxines. L’outil multipartenarial collecte et regroupe les résultats d’analyses réalisées dans les départements impliqués. « Nous mettons à disposition des analyses faites en vert et objectives. Cinq analyses minimum sont réalisées par département, afin d’avoir une bonne représentativité. » Les analyses « en vert » sont collectées au champ tout au long de la récolte, le jour de l’ensilage. Elles sont qualifiées d’ « objectives », car les échantillons sont prélevés par les organismes de conseil en élevage départementaux, avant la consommation de l’ensilage, donc sans soupçons de présence de mycotoxines. Les analyses sont faites par la méthode de référence HPLC en laboratoire.

Les résultats d’analyse permettent de tirer des conclusions : FAUX

« L’analyse dans le silo à l’instant T ne suffit pas à tirer des conclusions », prévient Jérôme Larcelet. Les effets des mycotoxines sont liés à la contamination – quantité ingérée ou période d’ingestion –, à l’animal et à l’alimentation. « Les vaches hautes productrices ingèrent de grosses quantités. Les aliments restent moins longtemps dans le rumen. Le temps de détoxification est réduit et les vaches seront plus sensibles aux mycotoxines », illustre Cyril Bapelle, vétérinaire nutritionniste dans la Manche.

Même principe pour un cheptel qui aurait des problèmes de boiteries : la vache ira s’alimenter moins souvent et ingèrera une plus grosse quantité d’un coup. D’une manière générale, poursuit Cyril Bapelle, « pour un seuil donné, le risque varie en fonction des modifications du comportement alimentaire ».

Si la feuille d’analyse donne des résultats chiffrés, ils sont donc à manipuler avec précaution, car il faut aussi tenir compte des polycontaminations. « Plus le nombre de familles de mycotoxines présentes augmente, plus le seuil problématique pour les vaches va baisser, car la capacité de détoxification du rumen va être saturée. »

Définition

Les mycotoxines sont des composés toxiques produits naturellement par certains types de moisissures (champignons). Ce sont des contaminants naturels de nombreuses denrées d’origine végétale, présents dans les grains, fourrages et aliments composés destinés à l’alimentation animale et qui peuvent se retrouver dans le lait, les œufs, les viandes ou les abats, si les animaux ont été exposés à une alimentation contaminée. Les animaux de rente étant très sensibles aux mycotoxines, cela peut générer des problèmes de production dans les élevages.

Le saviez-vous?

S’il n’y a pas de signes cliniques attribués aux mycotoxines, elles peuvent avoir des répercussions sur la digestion (baisse de l’ingestion, dysfonctionnement ruminal, diarrhées, baisse de l’efficacité alimentaire), la reproduction (baisse de la fertilité, chaleurs irrégulières, avortements) et la production laitière. Cette liste est non exhaustive.

Des mycotoxines dans le maïs, mais pas que

Les mycotoxines sont recherchées dans le maïs ensilage car c’est l’aliment qui est proportionnellement le plus présent dans les rations des laitières. Mais elles se retrouvent aussi dans le maïs grain humide et maïs épi, dans l’herbe, dans les céréales. C’est pourquoi le mieux, dans le cadre d’une recherche, est d’analyser la ration complète.

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