Aller au contenu principal

Mise à l’herbe : comment éviter de gaspiller ses prairies

Les sols sont toujours gorgés d’eau, mi-avril 2024. La portance est limitante et retarde la mise à l’herbe des vaches et le tour de déprimage. Tour des régions pour savoir comment valoriser au mieux l’herbe disponible.  

Pour limiter la compaction des prairies, une option est de faire pâturer en priorité les animaux les plus légers.
© Reussir

 

Une mise à l’herbe retardée ? 

Le facteur de la portance des sols dans la date de mise à l’herbe 

« Février a été le mois le plus pluvieux de cet hiver avec un excédent de 50 % à l’échelle nationale et des cumuls excédentaires sur la majeure partie du pays », introduit l’Idele dans sa note agro-climatique et prairies du mois de mars. Si la pousse de l’herbe est globalement conforme aux autres années en France, la sortie des animaux est limitée par la portance des sols. Conséquence : les tours de déprimage tardent à être réalisés. 

L’enjeu de la mise à l’herbe en période de récolte et de semis 

Alors que des journées de temps sec devraient arriver dans les prochains jours voire semaines, les éleveurs vont composer avec la mise à l’herbe, les récoltes de dérobées et les semis des cultures de printemps comme le maïs. Chacun va adapter sa stratégie en fonction de ses sols, de son système plus ou moins herbager et de la disponibilité du matériel. Se pose alors la question de comment valoriser au mieux l’herbe disponible ?  

Lire aussi Assurance prairies : « Pour être rassuré, il faudrait des mesures de pousse d'herbe sur le terrain »

 

Les conseils de mise à l’herbe en région Bretagne 

Diminuer la ration à l’auge pour avancer plus vite dans les parcelles 

Lorsque les animaux pourront sortir, l’objectif sera d’avancer rapidement dans les parcelles pour ne pas se faire déborder par la pousse de l’herbe. Une option est de « faire une transition alimentaire plus rapide, en diminuant la ration à l’auge, tout en restant prudent », avance Françoise Guillois, de Chambre d’agriculture de Bretagne. En Bretagne, la pousse de l’herbe est chiffrée, en moyenne pour la région entre le 2 et le 8 avril, à 35 kg de MS/ha/jour. « Le chiffre va croître dans les prochains jours. »  

 

Les conseils de mise à l’herbe en région Normandie 

Limiter les temps de sorties des vaches 

Même son de cloche en Normandie, où « la portance est limitée partout » et où « l’on commence à avoir des problèmes au niveau des chemins d’accès », décrit Romain Torquet, de la Chambre d’agriculture de Normandie. « Pour que les vaches avancent plus vite dans les parcelles, nous conseillons de baisser la ration de base. »  

Lire aussi Ensilage d’herbe : trois conseils pour éviter les pertes de la fauche à l’auge

Il met en garde contre le matraquage des prairies : « des trous de cinq à sept centimètres risquent de faire ressortir des flores comme le rumex et de salir les parcelles ». Il propose, dans la mesure du possible, de limiter le temps de sortie des vaches à quelques heures par jour, sur des petites parcelles. En Normandie, la pousse de l’herbe « n’est pas exceptionnelle cette année, avec 45 kg de MS/ha/jour entre le 2 et le 8 avril, soit un niveau équivalent à celui de 2022 et de 2023, contre une moyenne 2010-2020 de 50 kg de MS/ha/jour ».  

 

Les conseils de mise à l’herbe dans le Nord 

Débrayer les parcelles de pâturage par une fauche précoce 

Dans les Hauts-de-France, la pousse de l’herbe, à 46 kg de MS/ha/jour entre le 2 et 8 avril, « est dans la moyenne des six dernières années, constate Gaëtan Leborgne. Mais les éleveurs patientent pour mettre les animaux dehors car les parcelles ne portent pas. Normalement, les déprimages ont commencé à cette période. Nous conseillons, quand ce sera possible, de réaliser une fauche précoce sur 50 % des parcelles allouées au pâturage pour obtenir un couvert ras et favoriser une repousse de qualité. Le volume risque d’être maigre et peu rentable mais cela va permettre de créer un décalage au stade de pâturage ». Si la fauche précoce tombe au même moment que les ensilages d’herbe prévus, il conseille d’ensiler ces parcelles. Sinon, s’il n’y a que ces parcellaires de pâturage à récolter, il recommande d’enrubanner pour une distribution en complémentation cet été.  

Lire aussi Trois stratégies de récolte de l’herbe en fauche précoce

 

Les conseils de mise à l’herbe en Nouvelle-Aquitaine 

Faucher quand l’herbe est trop haute pour privilégier la repousse 

Même proposition en Nouvelle-Aquitaine, où la mise à l’herbe enregistre une dizaine de jours de retard. « Avec un début d’année très doux, l’herbe a poussé tôt et les hauteurs sont conséquentes pour un début de pâturage. Le pic de pousse est attendu fin avril début mai. Pour ne pas se faire déborder, nous conseillons de faucher une plus grande surface que celle prévue initialement », glisse Alexis Desarmenien, de la Chambre d’agriculture régionale, notamment pour la partie limousine et creuse. Il chiffre la pousse de l’herbe, entre le 2 et le 8 avril, à 40 kg de MS/ha/jour.  

Plus au nord de la région, dans le Poitou-Charentes, « les mises à l’herbe ont commencé il y a un mois et demi dans les terres séchantes, rapporte Anne-Laure Lemaître, de la Chambre d’agriculture. Mais depuis c’est le yo-yo » : les animaux font des allers-retours entre les prairies et les bâtiments au rythme de la pluie. Aux alentours du 5 avril, elle chiffre la pousse de l’herbe à 40 kg de MS/ha/jour. « Avec les beaux jours, nous devrions voir revenir les sorties d’animaux. Les zones céréalières commencent tout juste à préparer les sols pour les semis. Chacun va s’organiser mais d’un point de vue qualité et repousse de l’herbe, nous recommandons de faucher les prairies en circuit de pâturage, aujourd’hui trop hautes pour être pâturées ».  

Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">vaches laitières aux cornadis</em>
Le vinaigre de cidre, un allié pour la santé des vaches

Produit naturel et peu coûteux, le vinaigre de cidre est utilisé traditionnellement sur le terrain par des éleveurs pour…

<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">salle de traite</em>
Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne

Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière