Météo : gel à risque en vue pour les colzas et les betteraves
L’an passé avait connu un épisode de froid intense à la fin mars qui avait eu un impact sur les cultures, notamment sur les colzas . Bis repetita : gel annoncé la semaine prochaine. Ce sera peut-être moins intense qu’en 2020 mais c’est à suivre.
L’an passé avait connu un épisode de froid intense à la fin mars qui avait eu un impact sur les cultures, notamment sur les colzas . Bis repetita : gel annoncé la semaine prochaine. Ce sera peut-être moins intense qu’en 2020 mais c’est à suivre.
De 25°C à - 5°C, il n’y a qu’un pas : une semaine en l’occurrence ! Pour la semaine prochaine, des températures négatives sont annoncées pour une zone allant du sud de l'Auvergne à la Normandie. Les températures pourraient atteindre -5°C, accompagnées d'épisodes neigeux possibles, alors que nous sortons d’une semaine estivale avec des températures qui dépassaient les 25°C en journée dans plusieurs régions de France. Comment vont réagir les cultures ? Les craintes portent surtout sur les colzas, qui sont à pleine floraison dans de nombreux secteurs.
« Pour les boutons floraux fermés il n’y a pas trop de crainte, mais il y aura un impact sur les fleurs et les boutons prêts à éclore avec des coulures, craint Alain Tournier, conseiller en agronomie de la Chambre d’agriculture de l’Aisne, département où les cultures n'ont pas atteint des stades très avancés. Il n’y aura alors pas de nouaison et des pédoncules sans rien au bout au final. On pourrait observer également des fissures de tiges sur des plants bien gorgés d’eau et turgescents. »
Dans ces conditions, le colza peut courber la tête, avec des déformations de tiges comme cela s’est produit l’an dernier. Et il faudra porter une attention aux colzas mal implantés et touchés par des dégâts d’insectes d’automne par exemple. Déjà amoindris, ils sont plus vulnérables avec de forts risques d’avortements de boutons floraux.
Des risques de pertes de pied sur des betteraves au stade cotylédons
Les betteraves sont encore en cours de semis dans l’Aisne en ces premiers jours d'avril. « Dans les autres régions comme au sud de Paris où il y a probablement de premières levées, on peut craindre un impact du froid sur des plantules au stade cotylédons. En cas de gel, elles noircissent. Il faudra prévoir des pertes de pieds », estime Alain Tournier.
Les céréales d’hiver et de printemps ne sont pas à des stades trop vulnérables : de « épi 1 cm à 2-3 cm » pour les blés. « Même les orges de printemps semées entre décembre et mars ne devraient pas être trop gênées, selon Alain Tournier. À 10 cm de haut de développement, les pois d’hiver devraient bien passer ce cap. Ce sera moins le cas pour les pois de printemps au stade « crosse » ou « première feuille », qui seront au moins ralentis dans leur développement. »
Un retard à craindre pour des cultures moins développées que l'an passé
Le conseiller agricole note que la neige qui risque de tomber peut provoquer des brûlures sur le feuillage des céréales ou les fleurs de colza. « Mais, a priori, il s’agira de neige chargée en eau qui fondra vite, veut rassurer Alain Tournier. Quant au colza, on connaît son fort pouvoir de compensation pour produire de nouvelles fleurs. »
Cet épisode va retarder le développement des cultures qui sont à un stade moins avancé que l’an dernier à la même époque. Alain Tournier alerte sur l’utilisation de régulateurs de croissance, dont les conditions météo ne sont pas du tout propices. Idem pour les semis de cultures d’été : il faut attendre que l’épisode de froid soit passé avant de se lancer.
Au sud de Paris, Romaric Philippon, responsable de la station de semences de la coopérative Caproga à Montargis (Loiret) note également que le risque sur blé tendre est limité, sauf pour les blés semés tard, autour du 15 novembre, qui n’ont pas atteint le stade critique « épi 1 cm ». « La crainte porte surtout sur les colzas, qui sont en boutons et dont les premières fleurs apparaissent, » estime-t-il.
Mais Romaric Philippon rappelle la forte capacité du colza à compenser des brûlures de ce type. « Les années où le colza gèle, les rendements sont presque meilleurs. » Les betteraves déjà levées devraient passer le cap, à la condition que les températures ne descendent pas en dessous de - 3°C. Dans plusieurs régions, ces niveaux de températures sont annoncés à partir de mardi.