Mammite : les cinq étapes à suivre face à une mammite clinique
Les antibiotiques ne devraient pas être systématiques pour soigner une mammites non sévère de vache laitière. Pour y recourir à bon escient et mieux cibler les traitements, adoptez une démarche structurée à partir de cinq commandements de base. Le point avec Olivier Salat, vétérinaire dans le Cantal et membre de la Commission Qualité du Lait à la SNGTV.
Les antibiotiques ne devraient pas être systématiques pour soigner une mammites non sévère de vache laitière. Pour y recourir à bon escient et mieux cibler les traitements, adoptez une démarche structurée à partir de cinq commandements de base. Le point avec Olivier Salat, vétérinaire dans le Cantal et membre de la Commission Qualité du Lait à la SNGTV.
- Prendre la température de la vache et juger de la gravité de la mammite
- Réaliser un prélèvement aseptique de lait
- Pratiquer une injection d’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS)
- Faire (ou faire réaliser) un test d’analyse bactériologique du lait
- Contrôler si cette mammite clinique est le résultat d’une infection récente ou déjà ancienne
1 - Prendre la température de la vache et juger de la gravité de la mammite
Si la température de la vache laitière est supérieure ou égale à 39,5°C, c’est une mammite sévère, les conséquences peuvent être désastreuses. Un appel au vétérinaire s’impose.
Si la température est inférieure à 39,5°C et qu’il n’y a aucun autre signe de dégradation de l’état de santé de la vache, c’est une mammite non sévère et elle peut être prise charge par l’éleveur.
2 - Réaliser un prélèvement aseptique de lait
La qualité du prélèvement de lait apparaît essentielle à la mise en œuvre de la démarche de soin d'une mammite. « Il n’y a rien de pire qu’un prélèvement contaminé car nous ne pouvons absolument rien en tirer, rappelle le vétérinaire Olivier Salat. Réaliser un prélèvement aseptique n’est pas compliqué en soi mais cela exige le respect de règles d’hygiène strictes et un peu de technique. »
3 - Pratiquer une injection d’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS)
Il s’agit d’un traitement précoce de base. « Il sert à diminuer la douleur et à limiter l’impact de l’infection », explique le vétérinaire en précisant qu’il permettra également souvent une récupération plus rapide de l’animal.
4 - Faire (ou faire réaliser) un test d’analyse bactériologique du lait
Deux options pour connaître le germe responsable : soit faire passer l’échantillon de lait à votre cabinet vétérinaire pour pratiquer une analyse bactériologique en 24 à 48 heures, soit réaliser vous-même l’examen au moyen de tests rapides à réalisation et à lecture simplifiées.
Le résultat servira de base au traitement. Si aucune bactérie n’a poussé ou si un colibacille est isolé, la mammite guérira sans antibiotique. Si une bactérie Gram positif est isolée ou s’il s’agit d’une bactérie Gram négatif autre qu’un colibacille, un traitement antibiotique ciblé pourra alors être mis en œuvre.
5 - Contrôler si cette mammite clinique est le résultat d’une infection récente ou déjà ancienne
« Si la vache a déjà fait une mammite clinique sur le quartier considéré lors de la lactation en cours et/ou elle avait des concentrations en cellules somatiques élevées lors du dernier contrôle, il s’agit d’une infection déjà ancienne et le traitement devra être adapté », détaille Olivier Salat.
Si la vache a déjà fait deux mammites cliniques du même quartier ou si un traitement ciblé et agressif a déjà été institué et n’a pas marché, l’infection doit être considérée comme incurable en lactation. « Il restera alors le tarissement pour essayer de l’éradiquer. En attendant, on soigne la mammite pour limiter son impact (avec des anti-inflammatoires essentiellement) sans chercher à éradiquer le germe en cause », poursuit l’expert.
Réduire l’emploi d’antibiotiques, c’est possible
Plus on utilise d’antibiotiques, plus on provoque l’apparition d’antibiorésistance. Il faut faire évoluer nos pratiques et changer nos vieilles habitudes ! Trop d’antibiotiques sont employés en lactation sans aucune utilité :
• sur des mammites non sévères qui n’ont déjà plus de germe isolable lors de l’apparition de signes (la réaction immunitaire de l’organisme s’en est déjà débarrassé) ou qui sont dues à un colibacille dont l’élimination va être spontanée et ne nécessite pas de traitement antibiotique ;
• lorsqu’un organisme non bactérien (levure, algue unicellulaire, champignon) est responsable de la mammite.
Et, également au tarissement, sur des quartiers sains qui ne contiennent aucune infection.
Retrouvez notre dossier spécial : Opter pour le traitement sélectif au tarissement.