Maladies respiratoires : Vers une nouvelle génération de vaccins pour lutter contre les mycoplasmes
Une meilleure connaissance de la biologie des mycoplasmes permet d’envisager une nouvelle génération de vaccins contre « Mycoplasma bovis », principalement responsable de bronchopneumonies et de mammites.
Une meilleure connaissance de la biologie des mycoplasmes permet d’envisager une nouvelle génération de vaccins contre « Mycoplasma bovis », principalement responsable de bronchopneumonies et de mammites.
Considérés comme des formes de vie minimales, les mycoplasmes sont des petites bactéries aux fonctions métaboliques très limitées, dépendantes de leur hôte pour l’acquisition des nutriments. « Malgré cette simplicité, ils sont très répandus et entraînent des pertes économiques considérables dans la plupart des filières », souligne Éric Baranowski, chercheur à l’école nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT). En bovin, Mycoplasma bovis est principalement responsable de bronchopneumonies chez les veaux et de mammites chez la vache laitière. Malgré des attentes importantes, le développement de solutions vaccinales s’avère très limité et l’efficacité sur le terrain des formules commercialisées reste à démontrer. En parallèle, la résistance de Mycoplasma bovis aux antibiotiques augmente depuis des décennies, jusqu’à atteindre un seuil alarmant en Asie, aux États-Unis et dans de nombreux pays européens.
Capacités d’adaptation hors normes
Des travaux de l’UMR IHAP (Université de Toulouse, Inrae, ENVT) ont permis de mieux comprendre la biologie des mycoplasmes. « L’absence de parois bactériennes est l’une de leurs particularités », précise Éric Baranowski. Leur surface est délimitée par une simple membrane riche en protéines. Les travaux montrent que certaines de ces protéines assurent une protection contre la réponse immune de l’hôte, soit par la capture et la dégradation des anticorps, soit par la dissociation de fibres d’ADN que les neutrophiles peuvent libérer pour piéger les pathogènes.
Les recherches montrent également qu’un élément clé de l’échappement à la réponse immune est l’hypervariabilité de surface des mycoplasmes. « Pour assurer leur survie, les mycoplasmes ont développé des systèmes sophistiqués de variation de surface. Un système basé sur des réarrangements chromosomiques permet de faire varier rapidement la structure antigénique selon la réponse humorale de l’hôte. Ce mécanisme d’échappement contribue largement à la persistance de l’infection et menace l’efficacité des vaccins. »
L’essor des techniques de séquençage a aussi révélé chez les mycoplasmes la présence d’éléments génétiques mobiles, pouvant se transférer de cellule à cellule. « Le brassage génétique lié au transfert horizontal de gènes génère une descendance composée d’une multitude de formes mosaïques, d’où peuvent émerger de nouveaux traits comme la résistance aux antibiotiques. Ces formes mosaïques, découvertes en laboratoire, ont pu être isolées chez des animaux naturellement infectés. »
Une meilleure connaissance des processus adaptatifs des mycoplasmes et l’essor de la biologie de synthèse ouvrent ainsi la voie au développement d’une nouvelle génération de vaccins. « Un projet financé par l’Agence nationale de la recherche propose de développer une technologie pour transformer Mycoplasma bovis en une plateforme génétique stable, avirulente et résistante au transfert horizontal de gènes », précise le chercheur.
Des interactions avec des virus respiratoires
Un nouveau regard est aussi porté sur la relation hôte-mycoplasme. « L’évolution de cette relation dépend de la sensibilité de l’hôte et de la virulence du mycoplasme, mais aussi des conditions environnantes », précise Éric Baranowski. Les ressources nutritionnelles disponibles participent au processus pathologique. Les études montrent aussi que Mycoplasma bovis est très souvent identifié en association avec d’autres pathogènes (dans 45 % à 100 % des cas selon les études). « Les méthodes récentes de détection des virus et bactéries respiratoires confirment l’importance des co-infections de Mycoplasma bovis et des virus respiratoires bovins, associées à des altérations cellulaires plus importantes, suggérant une synergie dans la genèse des signes cliniques », rapporte Gilles Meyer, professeur à l’ENVT.