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Mais qu’ont-elles à lécher comme ça ?

Vous remarquez un animal qui lèche les murs ou l’urine ou qui a le mufle dans la litière à la recherche de quelque chose. Y en a-t-il qu’un seul à s’amuser de cette façon ou bien sont-ils quelques-uns ? Est-ce là un signe de carence ? Et en quoi ?

Un lot de jeunes en post-sevrage avec un état sanitaire mauvais

°Nos anciens avaient remarqué que les animaux qui avalaient n’importe quoi manquaient cruellement de protéines alimentaires et de fourrages digestibles. Ils évoluaient sur des terres pauvres, manquaient aussi des minéraux élémentaires (Ca, P, sel) et bien sûr n’avaient pas accès aux oligoéléments. Ces animaux avalaient n’importe quoi d’abord pour tenter de se nourrir et pour calmer leur faim. Il n’était d’ailleurs pas rare de trouver dans leur panse toute sorte de choses qui n’avaient rien à y faire. Cette situation, encore assez commune chez les ruminants urbains des villes indiennes ou africaines est évidemment devenue rare chez nous.
°Nous connaissons par contre une variante qui peut concerner des lots de jeunes en post-sevrage dont l’état sanitaire est mauvais. Ce sont assez souvent des génisses qui ont souffert de sous-nutrition énergétique quelques semaines avant en subissant un programme alimentaire inadapté ou qui souffrent de diarrhée chronique. Quelle que soit la raison de cette diarrhée qui démarre généralement à l’âge de quelques semaines ou parfois au moment du sevrage, la malassimilation des nutriments aboutit au pica comme conséquence d’une malnutrition d’abord protéo-calorique et accessoirement minérale. (cf. encadré)

Un animal particulier en souffrance digestive (photo1)

Le pica peut concerner non pas quelques animaux d’un lot mais un animal particulier en souffrance digestive. Elle survient au cours d’une diarrhée sévère avec une forte inflammation ou une érosion de l’intestin ; elle survient aussi lors d’ulcères ou d’infections de la caillette qui entraînent l’une comme l’autre une douleur digestive permanente et qui parfois amène le jeune à grincer des dents. Le pica serait une tentative de réponse à la douleur d’un animal qui n’a pas vraiment faim.

3 Il y a aussi des causes apparemment carentielles (photos 2 et 3)

° Chez les jeunes on reconnaît le pica du veau anémié élevé au lait ou du veau anémié par la présence massive de poux ou de puces issues des carnivores de la ferme. Mais l’anémie induite par la carence en fer ou par les prélèvements de sang des parasites ne semble pas suffire à provoquer le pica. Le stress semble être un bon déclencheur de ce comportement.
° Du côté des vaches et des génisses, on reconnaît volontiers la carence prolongée en sodium comme la cause principale de pica. Bien que cette carence soit fréquente, le pica est très souvent révélé lors d’acidose ruminale que la carence facilite et entretient tout simplement parce que la salive de vache carencée ne charrie plus dans le rumen autant de bicarbonate de sodium qu’attendu. [les 2 PHOTOS]

4 Le pica est-il réellement un signe de carence minérale ?

°Chez les animaux en bon état sanitaire, on s’accordera sans doute pour pointer du doigt un manque de sel et parfois une acidose ruminale larvée avec laquelle elle a des chances d’être connectée.

°Chez ceux qui souffrent d’un trouble de santé comme chez des veaux en mauvais état corporel ou chez les jeunes fortement parasitées, le pica est plus sûrement l’expression d’une malnutrition protéo-calorique ou d’une douleur viscérale que le reflet de carences minérales ou oligo-vitaminiques. Bien que ces carences ne soient pas à l’origine du pica rencontré au cours des diarrhées chroniques, il n’est sans doute pas inutile de complémenter en oligoéléments les animaux qui souffrent de malassimilation, ne serait-ce que pour faciliter leur convalescence une fois la cause de leur maladie corrigée.

Les causes de malassimilation (Avec 2 photos)

Un jeune veau qui relève d’une diarrhée sévère et prolongée qui lui a raboté l’intestin sur une grande longueur et qui a fortement perturbé son métabolisme soumis à une acidose sanguine peut manifester du pica au cours de sa convalescence qui demandera plusieurs semaines. [PHOTO Enc1]
Les veaux atteints de polyparasitisme en nurserie sont de très bons candidats à la diarrhée chronique et à la maigreur parce que ce parasitisme inflige baisse de l’appétit et malassimilation des nutriments. De quels parasites s’agit-il ? Évidemment de coccidies mais pas seulement. Ajoutons les strongyloïdes qui s’invitent dans une nurserie sur quatre, des giardia qui arrivent parfois par l’eau de boisson et même des cryptosporidies qui s’incrustent chez les immunodéprimés. Comme ces parasites peuplent aussi la litière, ils profitent grandement de leur manque d’entretien. Ces génisses n’ont généralement guère plus de cinq mois lorsqu’elles manifestent le pica. [PHOTO Enc2]
Les trichures sont d’autres vers qui sévissent sur des génisses généralement un peu plus âgées élevées sur litière accumulée en provoquant d’abord un amaigrissement puis une diarrhée.
Les jeunes qui rentrent très parasitées à l’automne après quelques mois de pâturage peuvent ne pas manifester de diarrhée. Pour autant les très nombreuses larves de strongles provoquent une élévation du pH de leur caillette qui à la fois empêche l’assimilation des protéines microbiennes et alimentaires et qui en plus, inhibe fortement leur appétit. Ces jeunes ont aussi "mal au ventre".

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