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Litière malaxée : des alternatives à la paille à utiliser avec doigté

Du miscanthus, des copeaux de bois… malaxés une à deux fois par jour, curés une à dix fois par an : si les recettes de litières malaxées sont variées, aucune ne tolère un manque de ventilation, ni l’excès d’humidité.

Le concept de litière malaxée se base sur l’apport d’une certaine quantité d’un matériau sain (miscanthus, sciure de bois…), absorbant, neutre et le plus sec possible. Celui-ci est malaxé sur 15 à 20 cm de profondeur une à deux fois par jour selon l’humidité ambiante. Pour cela, un vibroculteur ou une herse rotative est utilisé pour le mélanger avec les pissats et les bouses. L’objectif du malaxage est d’aérer la litière pour l’assécher. Le malaxage limite les montées en température et mélange les matières fécales afin d’éviter le salissement des vaches.

Deux grandes tendances cohabitent. Dans les pays étrangers ayant déjà adopté les litières malaxées, la stratégie généralement retenue consiste à réaliser un apport abondant de matériau au départ (jusqu’à 50 cm d’épaisseur), complété par des apports réguliers si nécessaire. La litière est malaxée une fois par jour. Le bâtiment est curé une seule fois par an. Avec ce protocole simplifié, la surface de couchage par vache atteint 12 à 15 m2. Aux Pays Bas, certains éleveurs ont choisi d’insuffler de l’air par-dessus ou d’utiliser des extracteurs d’air installés au niveau du sol pour que la litière sèche plus vite. Ces installations sont toutefois très coûteuses.

Paille de miscanthus, sciure, copeaux…

En France, l’apport de matériau au départ est plus modéré (25 à 30 cm). « Le nombre de curages varie beaucoup d’un élevage à l’autre, de un à dix en fonction du type de litière, de son épaisseur et des pratiques des éleveurs », constate Jérôme Mary, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Cette stratégie permet de limiter la surface par vache à 8 m2. Le nombre de rechargement en matériau dépend du nombre de curages et de l’évolution de la propreté des animaux.

Les matériaux de substitution à la paille utilisés peuvent être du miscanthus ou du bois sous différentes formes (bois de haie déchiqueté, plaquettes, déchets de scieries…), la phase solide du lisier ou de la paille broyée. Le choix du matériau se fait en fonction des opportunités.

Mais la disponibilité ne doit pas être le seul élément à prendre en compte. Le miscanthus a un meilleur pouvoir absorbant que le bois. Il se dégrade également plus vite dans le sol après épandage. « Lorsque les bouses des vaches sont liquides, leur mélange avec la sciure de bois, matériau trop fin et peu structuré, forme des boulettes qui n’absorbent plus l’humidité », prévient Guillaume Cailler, du service bâtiment de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Quand le bois déchiqueté n’absorbe plus suffisamment d’humidité, il peut être envisagé d’épandre par-dessus de la fine de bois. La matière issue d’un séparateur de phases des lisiers n’étant pas neutre sur le plan microbien, « son emploi est plus risqué ».

Plus économique qu’une aire paillée

Le tarif du matériau est également à prendre en compte. La pression sur la disponibilité et l’inflation enregistrée sur le prix du bois peuvent rendre ce matériau de moins en moins intéressant sur le plan économique.

Les quantités utilisées chaque année étant toutefois plus limitées que pour la paille, la litière malaxée conserve l’avantage. « Un élevage qui utilise 120 tonnes de paille sur quatre mois chaque année, à 100 euros la tonne, va dépenser 12 000 euros par an. Alors qu’avec des déchets de bois broyés, cela lui coûtera environ 3 600 euros (90 m3 à 90 euros) », calcule Guillaume Cailler.

Au Gaec Gabioval, en Loire-Atlantique, Jérôme Mary a évalué le coût pour cinq mois d’utilisation à 6 400 euros hors taxes (50 t à 128 €/t) pour le miscanthus contre 7 920 euros avec de la paille (90 t de paille bottelée payée 80 €/t). « Finalement, le miscanthus ne revient pas plus cher que la paille. »

Moins d’un quart d’heure d’entretien par jour

La réduction du temps de travail et de la pénibilité, grâce à l’absence de poussière notamment, est le principal atout des litières malaxées compostées, selon Jérôme Mary. « En France, ces bâtiments sont réalisés dans des élevages avec des systèmes pâturants. Est-ce que ce type de bâtiment fonctionnerait pour des systèmes avec des animaux qui sortent très peu, voire pas du tout ? Il ne faudrait pas que cela augmente trop la charge de travail des éleveurs pour ne pas retomber dans le travers des litières paillées », expose Jérôme Mary.

Lorsque la ventilation est bonne et que la litière est suffisamment sèche, les vaches sont propres. On n’observe pas plus de mammites ni de dérapages sur les comptages cellulaires. Avec une telle liste d’atouts, l’utilisation de ce type de litière devrait connaître un grand succès chez les adeptes des aires de couchage libre. Ce n’est pas encore le cas pour plusieurs raisons.

Le manque de recul incite à la prudence. Le pire ennemi de la litière malaxée étant l’humidité, cette solution n’est envisageable que si le bâtiment est très bien ventilé pour éviter la surchauffe de la litière. Cette solution est par conséquent déconseillée lorsque le bâtiment est trop fermé ou construit sur un site mal exposé aux vents dominants. Il est possible de compenser l’insuffisance de la ventilation naturelle par l’installation de ventilateurs. Mais cela engendre un surcoût.

Le recours à ce type de couchage dans les régions humides et aux sols peu drainant s’avère également risqué. Il y a également un manque de recul pour certains matériaux. « On a parfois la possibilité de récupérer des déchets de bois broyés dans une déchetterie. Les parties métalliques ont été retirées. Mais il peut rester de la colle. Quelle peut être la conséquence pour le sol après l’épandage de la litière ? », s’interroge Guillaume Cailler. La disponibilité en matériaux, l’impossibilité de cultiver du miscanthus ou de le faire cultiver par un voisin… peuvent également peser négativement dans la balance.

Le saviez-vous ?

La valeur fertilisante et la vitesse de dégradation dans le sol de la litière compostée malaxée varient en fonction du matériau utilisé. Avec du miscanthus, elles sembleraient se rapprocher de celles d’un bon fumier. Plus le matériau est ligneux, plus il mettra de temps à se décomposer. Le rapport C/N, carbone sur azote, est augmenté. Les litières à base de bois peuvent donc provoquer une fin d’azote.

Les plus et les moins de la litière malaxée

Les plus

 

  • Gain de temps et confort de travail
  • Confort et santé des vaches
  • Propreté des animaux

 

Les moins

 

  • Peu de recul
  • Solution exigeant une très bonne ventilation du bâtiment et des sols drainants
  • Risqué en zone humide
  • Disponibilité en matériau

 

Avis d'expert : Guillaume Cailler, conseiller en bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« La bonne ventilation du bâtiment est essentielle »

 

 
« Premier point, le sol de l’aire de couchage doit être sain, sec et drainant. Ensuite, le bâtiment doit être orienté de manière à permettre une ventilation naturelle par les vents dominants. Il faut donc éviter les creux de vallée, la proximité de bois ou de haies et les zones sous-exposées au vent. Une surface minimum de 8 m2 par vache permet de garder une litière en état sur la durée. La quantité à apporter a bien entendu son importance : 25 cm si le curage intervient tous les quatre à cinq mois, 10 à 15 cm pour un curage mensuel, avec dans les deux cas une recharge de matière sur les zones les plus sales. Le produit doit être composé d’un mélange de particules grossières (10 mm) et de fines poussières, capable à la fois d’apporter de la structure et d’être absorbant. Le brassage de la litière deux fois par jour avec une herse, un vibroculteur ou un cultivateur est indispensable pour mélanger les bouses au support. Cette opération assèche la surface de la zone de couchage et offre du confort aux animaux. Les mamelles sont propres et faciles à nettoyer à la traite. »

 

 

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