Les tiques font partie des risques du non-confinement
Ce printemps, après un hiver doux, les tiques guettent leurs victimes. Avec à la clé, piroplasmose et erhlichiose pour les bovins, et maladie de Lyme pour l'éleveur.
Ce printemps, après un hiver doux, les tiques guettent leurs victimes. Avec à la clé, piroplasmose et erhlichiose pour les bovins, et maladie de Lyme pour l'éleveur.
Les beaux jours reviennent, les vaches sont au pré, et les tiques sont prêtes à les accueillir ! Le pâturage n’est pas forcément une saison de tout repos : surveillance des problèmes métaboliques (fièvre de lait sur les vaches taries à l’herbe, tétanie d’herbage…), locomoteurs (retour des panaris !), mais aussi parasitaires. Et les tiques en font partie. Ces gros acariens ont sans doute apprécié l’hiver doux, et n’attendent que d’avoir de nouvelles sources de nourriture : les bovins qui pâturent.
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Les tiques sont des parasites externes très communs, que l’on retrouve souvent dans des parcelles entourées de haies ou proches de forêt. Elles se nourrissent du sang de leurs hôtes : gibier, bovin, éleveur… Durant ces repas, elles vont pouvoir également transmettre des maladies. Les plus connues sont la piroplasmose et l’erhlichiose pour les bovins, la maladie de Lyme pour leur gardien.
Un piroplasme est un petit parasite des globules rouges. Il s’y multiplie et provoque leur destruction. Les symptômes sur l’animal atteint sont les suivants : fièvre, possible anémie (diminution du nombre de globules rouges dans le sang), possible ictère (= jaunisse), urine rouge à noire… Tous ces symptômes étant liés à la destruction des globules rouges et l’élimination des déchets par le foie et les reins. Cette maladie peut être mortelle si elle n’est pas dépistée à temps. À noter que la molécule qui traite la piroplasmose a un délai d’attente très long (7 mois), il faut y porter attention si l’on doit l’administrer à des animaux destinés à l’abattoir.
L’ehrlichiose est plus insidieuse, la bactérie infecte les globules blancs et cause fièvre, perte de production, œdème des boulets sur les postérieurs, baisse des défenses immunitaires…
La lutte s’organise
La lutte contre les tiques au pâturage va reposer sur la gestion des pâtures et celle des animaux. Sur les parcelles, il faut limiter les haies, qui représentent le lieu de vie des tiques. Il faut aussi tenir compte du fait que les génisses sont moins sensibles aux maladies transmises par les tiques : il convient donc de noter les parcelles où il y a eu des cas de piroplasmose pour éviter d’y refaire pâturer des vaches adultes, en particulier si elles sont gestantes ou si ce sont des animaux achetés (et potentiellement naïfs par rapport à ces maladies).
Le reste de la lutte est chimique avec des acaricides ou acarifuges. Les acaricides tuent les tiques, les acarifuges les repoussent seulement. C’est le cas notamment de l’ail. Cette plante que l’on retrouve dans de nombreux seaux à lécher repousse mouches et tiques. Attention, pour qu’elle soit efficace, il faut qu’elle soit ingérée par les animaux et en quantité suffisante : un seau à l’ail au fond d’une parcelle qu’aucune génisse ne touche, ne sert à rien. Ce genre de produit n’est pas recommandé sur les vaches en lactation car il risque fortement de donner un goût et une odeur au lait.
Il y a deux familles d’acaricides utilisées sur les bovins : les avermectines (qui sont également actives contre les strongles) et les pyréthrinoïdes (insecticides externes actifs contre mouches, poux, tiques…). Ces produits sont toxiques pour les organismes aquatiques et les insectes. Les avermectines font d’ailleurs partie des substances appelées PBT : persistantes, bio-accumulables et toxiques. Elles risquent fort de faire partie des prochaines molécules sous surveillance après les antibiotiques. L’administration doit être faite de manière raisonnée et à la bonne dose. Leur utilisation précocement dans la saison de pâture peut permettre de limiter la prolifération de mouches et tiques. Si l’on attend d’être envahi, l’efficacité est souvent moindre. Des résistances existent également, et viendront sans doute poser problème dans les années à venir.
Les points clés des risques
La transmission de maladies à l’homme et à l’animal est possible, mais toutes les tiques ne sont pas porteuses. Une seule suffit parfois ! Ces maladies peuvent avoir des conséquences graves sur l’animal ; attention aux femelles en lactation et aux gestantes. La piroplasmose provoque de la fièvre, une baisse de forme, des urines sombres, une atteinte hépatique/rénale, et la mort est possible. L'ehrlichiose a pour conséquence de la fièvre, une baisse de production, des œdèmes des boulets, et une baisse des défenses immunitaires.