Les Japonais sélectionnent une souche de bovins pour l’élevage urbain
Nanifier les vaches pour les élever sur les toits des immeubles et favoriser ainsi l’élevage urbain et les circuits courts. Tel est le concept développé par des chercheurs japonais de l’université d’Izakamura. La mairie de Paris se dit intéressée.
Nanifier les vaches pour les élever sur les toits des immeubles et favoriser ainsi l’élevage urbain et les circuits courts. Tel est le concept développé par des chercheurs japonais de l’université d’Izakamura. La mairie de Paris se dit intéressée.
Les Japonais ont toujours eu un temps d’avance côté recherche. Le walkman, c’est eux ! La play-station, c’est toujours eux ! Les trains à grande vitesse circulant sur coussin d’air, c’est encore eux ! Et contrairement à ce que pensent de nombreux occidentaux, la recherche agronomique mais également zootechnique est un secteur de pointe au pays du soleil levant.
Le Japon c’est d’abord un pays de 127 millions d’habitants rassemblés sur une surface de 378 000 km2, soit une densité de 337 habitants au km2, plus de trois fois supérieure à celle de la France. La volonté d’utiliser toutes les surfaces disponibles pour produire de la nourriture -y compris dans les grandes villes- est dans l’air du temps. « Cela ne nous permettra évidemment pas de produire la totalité des aliments nécessaire à notre population, mais cela doit offrir quelques possibilités, en particulier pour la production légumière et fruitière. » explique Yosoko Imanétorino, le ministre japonais de l’agro-alimentaire dans la préface d’un récent ouvrage consacré à l’agriculture urbaine.
Du végétal mais aussi de l’animal
Mais contrairement à ce qui est classiquement mis en avant dans les métropoles Européennes, au Japon l’agriculture urbaine n’entend pas se cantonner aux productions végétales. Elle s’est élargie aux productions animales. Et la volaille est loin d’être la seule concernée. Les agronomes japonais ont eu tôt fait de comprendre que la capacité des ruminants à valoriser les différentes ressources cellulosiques disponibles dans les grandes agglomérations pouvait être un atout. Elle permet tout d’abord de fournir un modeste complément aux tonnages de viande bovine produites dans les « vraies fermes » disséminées dans la campagne japonaise. Elle permet par la même occasion de disposer d’un fumier on ne peut plus local, particulièrement apprécié des maraichers urbains.
Déchets verts et toits engazonnés
Les ressources fourragères existant dans les mégapoles nipponnes peuvent grossièrement se scinder en deux catégories. Les pelouses et les déchets végétaux issus des jardins et espaces verts sont une première possibilité. La seconde est liée à l’utilisation des nombreux toits enherbés des gratte-ciels nippons. L’enherbement s’est en effet largement développé ces vingt dernières années. A la fois pour tenter de freiner le réchauffement de ces mégalopoles en périodes de canicule, mais aussi tout simplement car un toit végétalisé est moins onéreux que des tôles galvanisées.
« C’est pour cela que nous souhaitions pouvoir disposer de bovins d’un format très modéré. Ils doivent pouvoir rentrer aisément dans les ascenseurs ! » explique Kenzo Watanabé, responsable de la chaire zootechnie de l’université d’Izakamura. Cette ressource fourragère poussant sur le toit des immeubles est en revanche de qualité médiocre car principalement composée de graminées à faible densité énergétique. Le gros intérêt de ces « surfaces toujours en herbe » poussant sur le toit des immeubles est non seulement qu’elles sont mises à disposition gratuitement par les gestionnaires des gratte-ciel mais que ces derniers rétribuent leurs propriétaires pour l’utilisation de ces surfaces. Pour disposer de bovins de très petite taille, Yamonsushi Cédugibé, éminent généticien de l’université d’Izakamura a en une quinzaine d’années mis au point une nouvelle souche composite. Elle lui a permis en quelques générations d’avoir des animaux d’un poids vif avoisinant les 150 kg pour des vaches adultes et 180 kg pour les taureaux. Ce format peut sembler ridicule, mais il permet à ces animaux d’être parfaitement adaptés à leur vie citadine tout en pouvant être aisément déplacés de toits en toits. Cette souche repose sur un croisement de sujets de très petite taille en utilisant à la base des Angus, des Wagyu, célèbre race japonaise utilisée pour produire le bœuf de kobé et des Galloways. Un recours raisonné à la consanguinité a accéléré cette nanification et le recours à la transplantation embryonnaire a raccourci l’intervalle entre générations. « J’ai fait appel à toute la communauté scientifique bovine et en particulier au professeur John Whitfish de l’université Firstapril du Colorado avec qui j’avais fait mon stage de fin d’étude. Il m’a aidé à trouver des souches d’Angus de très petit format. » a précisé Yamonsushi Cédugibé.
En finition, ces bovins de très petit format valorisent des rations largement basées sur les déchets de riz. Ils sont pour les mâles classiquement abattus à un peu plus de 18 mois. Leurs carcasses sont souvent très couvertes, probable héritage de la génétique Wagyu. Les carcasses font pour la plupart entre 70 et 90 kilos. Elles ne sont jamais émoussées. « Comme la plupart des asiatiques, les japonais aiment la viande très grasse. C’est chez nous un gage de qualité. »
Bientôt élevée sur les toits de Paris
Dès qu’elle a eu écho de ces nouvelles possibilités offertes à l’Agriculture urbaine, la Mairie de Paris a manifesté son souhait d’avoir recours à cette souche japonaise pour développer l’élevage sur les toits de la capitale. « C’est pour nous une évidence. Il faut permettre aux Parisiennes et aux Parisiens de se nourrir sainement en favorisant les circuits courts. » souligne Camille Lepoisson élue écologiste du XXI° arrondissement. Et de souligner que la faible dimension des muscles sera un atout pour favoriser le côté créatif des ambassadeurs de la haute gastronomie française et limiter les niveaux de consommation de viande bovine de façon plus subtile que les décisions prises par la municipalité de Lyon. Léonard Folavril, chef étoilé du « Bœuf qui rigole » a choisi d’être le premier à importer cette viande en attendant qu’elle soit produite sur les toits parisiens. Les prix des assiettes seront conséquents mais comme le souligne ce grand chef originaire du Sud-Ouest de la France. « Certains clients, c’est comme les palombes, on a la possibilité de les plumer qu’une seule fois dans leur vie ! »