Les génisses gestantes n’aiment pas passer du coq à l’âne
Des transitions alimentaires trop brutales en fin de gestation et début de lactation pénalisent fortement les performances de reproduction et la production laitière des primipares.
Des transitions alimentaires trop brutales en fin de gestation et début de lactation pénalisent fortement les performances de reproduction et la production laitière des primipares.
Lâcher des génisses gestantes dans des pâtures de mauvaise qualité peut avoir de lourdes conséquences sur le début de lactation et les performances de reproduction des primipares. « C’est d’autant plus risqué que la transition avec la ration qui leur sera distribuée en début de lactation est trop brutale », a prévenu Jean-Marc Héliez, vétérinaire-nutritionniste, lors de son intervention aux troisièmes rencontres Bov’Idée organisées par la société Synthèse élevage.
« La surface des papilles ruminales absorbe les acides gras volatils (AGV) issus des fermentations dans le rumen. Si cette surface est insuffisante, les AGV s’accumulent dans le rumen, il y a moins de nutriments absorbés et le pH ruminal baisse. Il faut savoir que lorsqu’une ration est fortement déconcentré (passage d’une ration à base d'ensilage de maïs à du pâturage sur de l’herbe épiée par exemple) en deux semaines le tapis ruminal régresse. » Par contre, dans le sens inverse, il faut cinq à six semaines pour revenir à un développement complet des papilles ruminales et donc de la surface d’absorption des AGV.
Les papilles ruminales ont besoin de cinq à six semaines
« Si vous rentrez une génisse en stabulation seulement deux à trois semaines avant le vêlage alors qu’elle n’a pas vu la couleur de l’amidon depuis deux à trois mois, voire quatre à cinq mois, elle risque de décrocher en début de lactation. C’est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense », a-t-il expliqué. Elle sera en subacidose en début de lactation et va fondre. « Si la génisse n’a que deux ou trois semaines de transition pour passer d’une ration sans amidon à une ration à 25 % d’amidon, les papilles ruminales non pas eu le temps d’atteindre leur développement maximum. »
« Sauf à les complémenter au pâturage, il faut donc les rentrer entre cinq et six semaines avant le vêlage sur la ration de préparation au vêlage », a préconisé Jean-Marc Héliez.