Aller au contenu principal

Les détecteurs de chaleur améliorent-ils la reproduction ?

C’est la première fois qu’une étude menée en France, sur 61 élevages, objective l’évolution des performances de reproduction des troupeaux équipés de détecteurs de chaleur. La fécondité s’améliore, mais pas la fertilité.

 La majorité des élevages qui ont investi dans un détecteur de chaleur ne reviennent pas en arrière.
La majorité des élevages qui ont investi dans un détecteur de chaleur ne reviennent pas en arrière.
© F. Mechekour

Les troupeaux s’agrandissent et la détection automatisée des chaleurs est de plus en plus plébiscitée par les éleveurs pour faciliter le travail. Mais permet-elle pour autant d’améliorer les performances de reproduction ? Les fournisseurs annoncent régulièrement un gain d’une quinzaine de jours sur l’intervalle vêlage-vêlage (IVV). Mais qu’en est-il réellement sur le terrain ?

Lire aussi : «J'utilise des boucles auriculaires et des colliers »

Pour la première fois, une étude indépendante a mesuré l’évolution des performances de reproduction dans des élevages qui se sont équipés de détecteurs de chaleur, qu’il s’agisse de colliers ou de podomètres. « L’objectif n’était pas de comparer les performances des détecteurs de différentes marques entre eux, mais de mesurer objectivement quel était l’impact de l’utilisation de ce type d’équipement sur la repro, présente Jean-Jacques Beauchamp, de la chambre d’agriculture de Normandie. À l’échelle de la région(1), nous avons donc cherché à repérer le maximum d’élevages qui s’étaient équipés de détecteurs pour la première fois entre 2014 et 2017, et pour lesquels on pouvait analyser les résultats de repro deux à trois ans avant et après l’investissement. » En tout, l’étude a porté sur 61 élevages.

Un gain sur la fécondité, pas d’impact sur la fertilité

Premier constat : on observe effectivement une amélioration de l’IVV. Dans l’étude, elle correspond à 11 jours, soit un peu moins que les données mises en avant d’habitude. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui se révèle plus embêtant, c’est que ce critère, régulièrement utilisé pour chiffrer l’impact économique de l’amélioration de la détection, peut aussi varier en fonction de la politique de renouvellement du troupeau. « En effet, l’IVV compare deux populations de vaches (celles ayant vêlé en année N et celles ayant vêlé en année N+1) qui ne sont pas les mêmes, notamment en raison de réformes qui peuvent justement être liées à des problèmes de repro, ce qui constitue un biais en soi », détaille Jean-Jacques Beauchamp.

Lire aussi : [Monitoring de la Repro] « Les outils sont fiables mais ne font pas de miracles »

D’où l’intérêt de se concentrer plutôt sur un autre indicateur, l’intervalle vêlage-IA fécondante, qui reflète de manière plus certaine l’effet détecteur, mais sur lequel les fournisseurs ne communiquent pas. Dans l’étude, l’intervalle vêlage-IAF s’est amélioré de 6 jours.  

Avec les détecteurs, la mise à la reproduction s’est montrée un peu plus précoce, comme en témoigne l’intervalle vêlage-1ère IA réduit de 4 jours, sans pour autant dégrader la fertilité. Ni l’améliorer d’ailleurs. Et les retours en chaleur sont également mieux détectés.  

Les éleveurs actionnent d’autres facteurs de réussite

Sur les 61 élevages, les résultats apparaissent hétérogènes. Sans surprise, « ceux qui ont le plus progressé après l’achat de détecteurs sont ceux qui étaient initialement les plus éloignés des objectifs techniques ».

En parallèle de ce travail, une enquête qualitative a été réalisée auprès d’une vingtaine d‘élevages de l’étude. Il ressort que « l’équipement ne fait pas tout. Certes, il produit de la donnée, mais c’est surtout ce qu’en fait l’éleveur qui compte et surtout ce qu’il met en œuvre pour tirer les bénéfices de son investissement. Notamment en portant plus d’attention à l’alimentation, en améliorant le sanitaire, en mettant en place un suivi avec le véto pour caractériser l’état des vaches après vêlage, etc. » Autant de mesures qui agissent conjointement à l’investissement pour améliorer la repro.

(1) Avec Littoral normand, Elvup et Origen Plus et Idele.

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière