"Les coops ne traitent pas mieux les OP que les privés"
Nathalie Carmès, présidente de l'APLBA, relate des négociations commerciales compliquées avec Laïta, qui durent depuis 2019.
Nathalie Carmès, présidente de l'APLBA, relate des négociations commerciales compliquées avec Laïta, qui durent depuis 2019.
« L’Association des producteurs de lait du bassin armoricain (APLBA) est une organisation de producteurs dont le lait est vendu à la LNA (Laiterie nouvelle de L’Arguenon) et à la Silav (Société industrielle et alimentaire du Vauvert), des sociétés présidées par Laïta(1), elle-même filiale de la coopérative Even. L’APLBA représente 350 producteurs pour un volume de 210 millions de litres de lait, soit 15 % des volumes traités par Laïta.
Depuis l’été 2019, les négociations de notre contrat-cadre sont compliquées et une médiation commencée en avril 2021 s’est soldée par un échec. L’APLBA avait proposé, comme prévu par la loi Egalim, sa formulation du prix . Laïta l’a refusé en bloc, et tente de passer en force sa propre formule du prix validée par les trois coopératives actionnaires. Pourtant, les médiateurs ont indiqué dans leur recommandation en octobre dernier que « la détermination d’un prix de base imposée par les coopératives et non négociée par les producteurs de l’APLBA serait contraire à la loi Egalim ». Cette formule repose à 25 % sur un prix de revient à 370 € ; 25 % sur des indices PGC France basés à 340 € ; 35 % de valorisation beurre poudre et 15 % PGC export.
Deux choses nous posent problème. Il n’y a aucun moyen de vérifier ce mix-produit puisque Laïta refuse de le faire attester par un commissaire aux comptes. Deuxièmement, le prix de revient à 370 € n’est pas à la hauteur des charges réelles des producteurs. Laïta répond que le prix payé à ses producteurs ne peut pas être déconnecté du prix payé par Sodiaal ou Lactalis, malgré l’interdiction de l’alignement à la concurrence rappelée par la loi Egalim 2.
Par ailleurs, les adhérents des trois coopératives auront une partie de leur volume B transformée en volume A. Nous devions aussi y avoir droit, mais Laïta conditionne cette possibilité à notre accord pour sa formule de prix. Malgré ces pressions, notre OP ne se décourage pas. Nous souhaitons poursuivre les négociations et sommes prêts à accepter ce mix-produit. Mais nous voulons obtenir un effort sur la référence au prix de revient.
Un prix du lait plus faible permet à Laïta de dégager plus de bénéfice, qui revient en partie aux coopératives, qui peuvent alors effectuer des retours à leurs adhérents. Dommage que cela se fasse en partie sur le dos des producteurs privés. Comment un groupe qui revendique haut et fort les valeurs de la coopération peut-il laisser une partie des producteurs auxquels il est lié sur le bas-côté, leur refusant depuis toujours l’accès à la coopération, et continuant d’ignorer la législation encadrant les relations commerciales avec son OP ? »