Veaux : cinq conseils pour l’alimentation des futures vaches laitières
Des erreurs sont souvent commises dans l’alimentation des veaux en élevage laitier. Voici quelques règles de base, préconisées par Eric Hoeltgen (Alfalor) lors des journées des groupements techniques vétérinaires en mai dernier.
Des erreurs sont souvent commises dans l’alimentation des veaux en élevage laitier. Voici quelques règles de base, préconisées par Eric Hoeltgen (Alfalor) lors des journées des groupements techniques vétérinaires en mai dernier.
« Le veau est la clé de réussite de l’élevage laitier. On a six mois pour réussir. Il doit pouvoir construire son squelette, ses muscles et lutter contre le milieu », rappelle Eric Hoeltgen, gérant de la société Alfalor, spécialisée depuis dix ans dans l’alimentation des ruminants en collaboration avec le groupe de vétérinaires 5mVet&NBVC. « Il existe différentes écoles et méthodes », reconnaît-il. Le bon sens doit, selon lui, prévaloir. Voici quelques-uns de ses repères, avec un zoom sur les erreurs qu’il a souvent observées en élevage.
1- Alimentation lactée : attention à l’apport de lactose
L’étape fondamentale est la prise colostrale en qualité et en quantité. Pour ne pas trop se compliquer la vie, en particulier dans les grands troupeaux, voici la règle qu’il propose : laisser la mère lécher le veau (ce qui permet la socialisation et l’ensemencement digestif), l’enlever et lui faire prendre 4 litres de colostrum au biberon lors de la traite suivante. Tant pis si l’optimum (2 litres à la naissance puis 2 litres 10 h plus tard) n’est pas respecté : si tous les veaux ont 4 litres de colostrum même 5 heures après la naissance, c’est l’essentiel.
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Pour le lait en poudre, ses repères sont les suivants: 150 g de poudre pour 1 litre d’eau avec une température de reconstitution à 45 °C et une température de distribution à 40 °C.
Il est essentiel, selon lui, de veiller à ce que l’apport de lactose (source d’énergie utilisable par le jeune veau) soit suffisant de façon à avoir une glycémie élevée (supérieure à 45 mmol/l) et un veau qui digère bien. Il recommande pour cette raison d’utiliser un aliment avec 50 % de poudre écrémée avec un maximum de 5 % de babeurre. Et il conseille de ne pas donner aux veaux le lait de vaches à mammites, car la première modification de composition dans le lait mammiteux est une chute de lactose.
Le lait doit être parfaitement homogénéisé (le « taxi à lait » - bidon en inox contenant un mélangeur et pouvant aussi chauffer le lait entier - est un bon compromis).
Ce n’est pas la peine de « gaver » le veau avec 8-9 litres de lait : on doit plafonner les quantités à 5-6 litres pour développer la caillette.
Quand il fait froid, il faut augmenter la quantité de lait, mais pas au-delà de 6 litres, ainsi que la concentration en poudre (à 160-180 g/l) pour augmenter l’apport de lactose.
Les erreurs les plus courantes sont : du lait froid, des horaires irréguliers, pas de transitions entre laits, du lait à mammite, du lait dilué dans l’eau, du lait en poudre déconcentré, du lait très riche en matière grasse (plus de 44 %), des seaux non lavés.
2- Concentrés : pas de céréales aplaties trop tôt
Le concentré doit être mis à disposition dès les premiers jours de vie (avec de l’eau propre, du fourrage et du sel). Eric Hoeltgen dénonce l’idée reçue selon laquelle « c’est la protéine qui donne la diarrhée, il ne faut pas dépasser 18 MAT ». Aux États-Unis et au Canada, les éleveurs travaillent avec des concentrés à 22 % MAT. Pour lui, c’est la qualité de la protéine qui est essentielle (soja, soja tanné, tourteau de lin).
Les céréales doivent être distribuées entières au jeune veau (avoine, épautre…). Après trois mois, quand le veau est « équipé », elles peuvent être aplaties ou broyées. Il préconise des amidons lents ; le veau n’a pas assez d’enzymes pour digérer le blé, affirme-t-il. Pas besoin de nourrir les parasites de l’intestin du veau (cryptosporidies, coccidies)! Il déconseille fortement le triticale (à cause de la teneur élevée en ergostérol, néfaste pour les protozoaires de la panse).
L’apport de sel (sodium) et de minéraux enrichis en oligoéléments et vitamines est très important. Attention en particulier à l’apport en cuivre au démarrage (15 mg minimum) car beaucoup d’enzymes de digestion du lait sont dépendantes du cuivre.
3- Fourrages : recherchez l’effet mécanique
Le veau n’est pas un ruminant. Une erreur classique est de réserver le meilleur foin (avec peu de fibres, riche en protéines) pour les petits veaux. Le fourrage sert à muscler le rumen: c’est l’effet mécanique qui compte et non la valeur alimentaire.
Il recommande une paille ou un foin grossier, pas d’ensilage ni d’enrubanné (car les veaux sont peu armés pour neutraliser les acides d’origine digestive).
Plus vite on fait manger du fourrage à un veau, mieux c’est. Il doit être renouvelé tous les jours, et accessible (à 65-75 cm de hauteur et des barreaux espacés de 12 à 15 cm). Pas de ratelier à moutons pour les veaux ! Ni d’abreuvoirs à palette au sevrage, le veau ne sait pas s’en servir.
4- Contrôlez les quantités distribuées au DAL
Attention à la taille de la tétine, ainsi qu’à la hauteur de la stalle et de la tétine ; le veau ne boit pas la tête en bas !
Le DAL doit être mis à la terre (pour éviter les courants parasites), propre (nettoyage quotidien) et il est indispensable de contrôler les quantités distribuées. Pour cela il suffit de programmer un collier, le passer devant la louve, récupérer la quantité de la buvée et la peser. Il n’est pas rare qu’il coule 650 g de lait au lieu des 500 g attendus. On se retrouve alors avec un lait déconcentré (sur une buvée de 5 litres, cela revient à faire boire au veau 1,5 litre d’eau !).
Pensez à contrôler les volumes d’eau et pas seulement la poudre.
5 - Prenez la température
La température des veaux est un repère applicable dans les grands troupeaux, relativement facile à systématiser. Un veau qui va bien a une température de 39-39,5 °C quelle que soit la température extérieure. Quand sa glycémie chute, qu’il n’a pas eu son colostrum… elle descend à 37-38 °C.
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