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L’ensilage de maïs épi est un compromis intéressant dans la ration des vaches laitières

La récolte du maïs sous forme d'épis complets est un bon compromis en termes de logistique, de conservation et de valorisation. Le bon dimensionnement du silo et des marges de manœuvre en surface fourragère sont essentiels. Le point avec Arvalis.

La récolte du maïs épi se fait avec une ensileuse classique équipée d’un cueilleur à maïs grain, ce qui nécessite une adaptation de la tête de récolte. © Arvalis
La récolte du maïs épi se fait avec une ensileuse classique équipée d’un cueilleur à maïs grain, ce qui nécessite une adaptation de la tête de récolte.
© Arvalis

Quels types de variétés choisir ?

L’ensilage de maïs épi désigne le produit issu de la récolte de l’épi complet (grain, rafle, spathes, pédoncule), broyé et conservé en ensilage. « L’éleveur peut récolter ainsi un excédent de maïs fourrage ou grain, détaille Anthony Uijttewaal, d’Arvalis. Il doit alors privilégier des variétés fourrage orientées « amidon » ou « équilibre ». Mais si une partie du maïs est systématiquement récoltée en épis, il faut privilégier des variétés grain ou fourrage de profil énergétique « amidon ». » La conduite de la culture doit viser à favoriser le grain. Il est conseillé de choisir des variétés de précocité identique à celle du maïs fourrage plante entière, voire un peu plus tardives. « Attention toutefois à ne pas prendre des variétés trop tardives pour ne pas récolter trop tard, car les risques en termes de verse, de qualité sanitaire et de conditions d’implantation de la culture suivante sont plus élevés », signale l’expérimentateur.

Quand semer ?

Pour maximiser la production de grain, le semis doit se faire 8-10 jours plus tôt que pour une récolte en plante entière et à une densité inférieure (-5000 plantes/ha à la récolte). Et, comme près de 40 % de la biomasse est restituée au sol, le broyage et l’enfouissement des résidus sont conseillés pour éviter les problèmes de foreurs et maladies et piéger une partie de l’azote minéral du sol.

Quel taux d’humidité du grain ?

Le stade de récolte doit viser à maximiser le rendement en grain, tout en conservant un fourrage digestible et qui se conserve en ensilage. « L’optimum pour les variétés précoces est de 35 % d’humidité du grain, indique Anthony Uijttewaal. À ce stade, le taux de matière sèche de l’épi complet est de 50-60 % et celui de la plante entière de 42 %. Pour l’atteindre, il faut 200+/- 50 degrés-jours après le stade 32-33 % MS plante entière, soit 10 à 30 jours. »

Comment récolter ?

 

 
Comme près de 40 % de la biomasse est restituée au sol, le broyage avec un broyeur à axe horizontal et l’enfouissement des résidus sont conseillés. © Arvalis
Comme près de 40 % de la biomasse est restituée au sol, le broyage avec un broyeur à axe horizontal et l’enfouissement des résidus sont conseillés. © Arvalis

 

Il est conseillé de récolter les tours de champ en plante entière. « Cela permet de valoriser au mieux les plantes de bordure, qui contiennent peu de grains, et de limiter les pertes de fourrage à la récolte. Un tour d’ensileuse suffit, le tout étant d’avoir assez d’espace pour faire circuler côte à côte l’ensileuse et la benne. »

La récolte du maïs épi se fait ensuite avec une ensileuse classique équipée d’un cueilleur à maïs grain. « La disponibilité en matériel peut être limitante dans certains secteurs. » L’amidon étant majoritairement vitreux, l’éclatement du grain doit être intense pour favoriser la digestion. « L’objectif est qu’aucun grain ne reste intact et que l’essentiel soient coupé au moins en quatre. » La longueur de coupe doit donc être réglée au minimum (3,5 à 7 mm), les éclateurs en état et serrés (0,75 à 1,5 mm), avec un fort différentiel de vitesse. Un fond strié ou une grille de recyclage en fond ou sortie du rotor peuvent aussi éviter l’éjection de particules trop grosses qui gêneront le tassage et entraîneront des refus. Le débit de chantier est de 2,5 à 3,5 ha/h. Par rapport au maïs fourrage plante entière, il faut deux fois moins de bennes, du fait d’un rendement inférieur et d’une densité dans les bennes supérieure.

Comment le stocker ?

Le stockage peut se faire en silo couloir, pour un coût de 8-10 €/tMS, la difficulté étant la maîtrise du front d’attaque. Il peut se faire en silo demi-couloir, avec une meilleure maîtrise du front d’attaque, sans infiltration si le sol est en pente et avec peu de pertes sur sol bétonné, pour un coût de 7-9 €/tMS. Autre possibilité : le silo taupinière (4-5 €/tMS sur sol stabilisé, 6-8 €/tMS sur béton), qui permet de maîtriser le front d’attaque, mais entraîne des pertes si le sol n’est pas stabilisé. Autres solutions : la gaine souple, qui n’implique pas d’infrastructure et permet un petit front d’attaque, mais implique une reprise manuelle partielle (14-15 €/tMS), ou encore la balle enrubannée, qui évite la gestion du front d’attaque, mais nécessite de la place et du matériel de reprise (35-36 €/tMS).

Comment éviter l'échauffement ?

 

 
Un tassage énergique du maïs épi est nécessaire pour obtenir par exemple une densité de 380-410 kg MS/m³ pour un silo couloir de 1 m de haut de maïs épi 60 % MS. © A. Uijttewaal
Un tassage énergique du maïs épi est nécessaire pour obtenir par exemple une densité de 380-410 kg MS/m³ pour un silo couloir de 1 m de haut de maïs épi 60 % MS. © A. Uijttewaal

 

En silos, une bonne conservation implique un étalement en couches fines (10 cm), un tassage énergique et une vitesse de désilage élevée. « Un point essentiel pour éviter l’échauffement et assurer la conservation est la vitesse de désilage, insiste Anthony Uijttewaal. Elle doit être de 10-15 cm par jour en hiver et 20-25 cm par jour l’été, avec un front d’attaque net pour éviter l’entrée d’oxygène dans le silo. Des conservateurs tels l’acide propionique ou des bactéries lactiques hétérofermentaires peuvent aider à la conservation, mais ne peuvent contrer l’effet d’un avancement insuffisant. Il est donc essentiel de bien dimensionner le silo selon les besoins du troupeau. »

Mise en garde

À 35 % d’humidité du grain, le rendement en maïs épi est de 60-65 % du rendement du maïs fourrage plante entière récolté à 32-33 % MS, voire moins selon les conditions de végétation et le stade de récolte. Il faut en tenir compte dans son bilan fourrager.

Une solution pour introduire des fourrages riches en protéines

 

 
L’objectif est qu’aucun grain ne reste intact et que l’essentiel des grains soient coupés au minimum en quatre. © Arvalis
L’objectif est qu’aucun grain ne reste intact et que l’essentiel des grains soient coupés au minimum en quatre. © Arvalis
L’ensilage de maïs épi est un mélange d’amidon (55-65 %) et de cellulose (6-9 %). « Il s’agit donc plus d’un concentré que d’un fourrage », note Hugues Chauveau, d’Arvalis. Sa composition (matière sèche, amidon, fibres, MAT) varie toutefois selon le stade de récolte, la part de grains et leur remplissage. Sa dégradabilité ruminale est assez rapide, proche de celle du maïs grain humide, avec des variations selon la vitrosité du grain. Selon les tables Inra, la valeur énergétique moyenne de l’épi complet de maïs ensilé est de 1,08 UFL/kg MS.

 

« La haute densité énergétique du maïs épi permet d’ajuster la ration de vaches à haut potentiel, à raison de 1 à 2,5 kg MS/j dans une ration maïs fourrage « plat unique » et 2 à 5 kg MS/j dans une ration mixte maïs fourrage et herbe, indique-t-il. Dans des rations majoritairement basées sur des fourrages riches en protéines (ensilage d’herbe, de luzerne ou de méteil), le maïs épi, riche en énergie et peu encombrant, est aussi un bon complément pour équilibrer la ration. »

Une légère baisse de la marge sur coût alimentaire

Des essais ont été menés en 2020 sur la station de la Jaillère avec des rations associant maïs épi et 30 à 50 % d'ensilage d'herbe. Elles ont permis de réduire de 25 à 48 % le correcteur azoté.

 

 
L’injection pendant la récolte de conservateurs tels que l’acide propionique ou des bactéries lactiques hétérofermentaires peut aider à la conservation, mais ne peut contrer l’effet d’une vitesse de désilage insuffisante.  © Arvalis
L’injection pendant la récolte de conservateurs tels que l’acide propionique ou des bactéries lactiques hétérofermentaires peut aider à la conservation, mais ne peut contrer l’effet d’une vitesse de désilage insuffisante. © Arvalis
L’objectif des essais d'Arvalis sur sa station expérimentale de Loire-Atlantique était d’augmenter l’autonomie protéique tout en maintenant les performances technico-économiques. En 2020, deux rations ont été comparées à une ration classique à base de maïs fourrage associé à 15 % d’ensilage d'herbe : une ration contenant 30 % d’ensilage d’herbe préfanée, 25 % de maïs ensilage et 21 % de maïs épi, et une ration contenant 50 % d’ensilage d’herbe et 29 % de maïs épi.

 

-Les performances de production ont été maintenues. Les taux ont par contre diminué de 2 à 5 %, à cause d’un moindre apport énergétique lié à une baisse de l’ingestion (-2 à -5 %) et une possible surestimation de la valeur UFL du maïs épi ou de l’herbe préfanée.

-Le profil en acides gras du lait a été fortement amélioré (+ 23 % et + 51 % d’omega 3).

-L’autonomie en MAT est passée de 52 % avec le témoin à 62 % avec 30 % d’herbe, et 72 % avec 50 % d’herbe (-25 % à -48 % de correcteur azoté).

-Les marges sur coût alimentaire ont été en légère baisse (211 €/1 000 l et 205 €/1 000 l de marge sur coût alimentaire par rapport à 218 €/1 000 l pour le témoin).

« L’intérêt économique dépend du coût du correcteur azoté, du prix du lait, de la variation des surfaces autoconsommées ou vendues, précise Hugues Chauveau. Mais la volatilité est réduite et la tendance pourrait s’inverser si une plus-value sur la qualité fine du lait était prise en compte. »

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