Le virus Covid-19 perturbe les marchés laitiers
Les restrictions de circulation des personnes et des marchandises en Chine ont un impact sur l'économie mondiale.
Les restrictions de circulation des personnes et des marchandises en Chine ont un impact sur l'économie mondiale.
La grande question est : jusqu'à quand les mesures de quarantaine et de restrictions de circulation vont-elles durer en Chine ? Hong Kong, Singapour, le Japon, la Corée du sud, l'Italie... sont aussi directement touchés avec des personnes malades, des vols annulés, et un impact certain sur l'économie. Et dans le monde entier, l'épidémie de coronavirus à des répercussions pour les partenaires économiques de la Chine.
La demande mondiale de produits laitiers pourrait être affectée si la croissance de l'économie mondiale, déjà plutôt faible, vacille.
Mi-février, les cotations néo-zélandaises, néerlandaises et allemandes amorçaient déjà une petite baisse pour les poudres de lait. Les cotations françaises Atla baissaient de 50 €/t à 2620 €/t pour la poudre de lait écrémé sur la semaine s'achevant le 16 février.
En Chine, « il y a une baisse de la consommation hors foyer (RHF), car il y a moins de touristes, moins de déplacements professionnels, des établissements qui ferment (Starbucks, McDonald's par exemple). La consommation de lait liquide, beurre, crème, fromage et yaourt est donc forcément touchée, expose Jean-Marc Chaumet, de l'Institut de l'élevage. Les achats au détail et sur internet seraient moins exposés, pour les produits de nécessité, comme du lait infantile. »
Hausse ou baisse des importations chinoises
Ainsi, les importations de produits destinés à la RHF seront affectées. Par contre, pour les autres produits, le gouvernement chinois a appelé à une hausse des importations pour éviter les pénuries alimentaires. « Mais dans les faits, de nombreux containers sont bloqués dans les ports chinois, ou dans les bateaux qui ne peuvent pas accoster. Et même quand ils franchissent la douane, il est compliqué de faire circuler les marchandises. Du coup, certains exportateurs français freinent l'embarcation de marchandises pour la Chine », rapporte Gérard Calbrix, d'Atla.
Chiffres clés
Les enchères du 18 février du Global Dairy Trade en Nouvelle-Zélande font état d'une baisse des cotations pour la poudre de lait écrémé (-2,6 %) et pour la poudre grasse (-2,6 %), à 2 840 dollars et 2 966 dollars la tonne. Déjà, les cotations avaient baissé lors des enchères du 4 février. Soit une baisse de 196 dollars pour la poudre de lait écrémé, et de 267 dollars pour la poudre grasse depuis le point haut atteint lors des enchères du 21 janvier dernier.
Coup dur pour la production chinoise
La province de Hubei, la plus touchée par le virus Covid-19, ne pèse que 0,5 % de la collecte nationale. « Mais les blocages routiers concernent d'autres provinces chinoises. Un certain nombre d'élevages ne sont pas livrés en aliment du bétail, et les livraisons de lait peuvent être interrompues », relate Jean-Marc Chaumet, de l'Institut de l'élevage. La baisse de la consommation engendre des excédents laitiers chez les transformateurs. « Ils fabriquent du lait UHT et des poudres grasses pour stocker le lait et le réhydrater plus tard. Les stocks grossissent car la poudre chinoise est trop chère pour être vendue. » Certains industriels chinois ont annoncé des baisses de prix du lait. Cela va porter un coup dur aux élevages. En 2019, le prix du lait, très haut (environ 500 €/1 000 l), avait tiré la production à 32 millions de tonnes et encouragé des créations d'élevages.