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« Le suivi Repro nous permet d’intervenir rapidement »

Dans le Pas-de-Calais. Au Gaec des Coutures, le passage régulier du vétérinaire et le bilan annuel avec le logiciel Vet’élevage contribuent à maintenir les bons résultats de repro du troupeau.

Muni de son PC-tablette, d’un échographe… Jérôme Défachelles passe au Gaec toutes les trois semaines dans les élevages en suivi Repro. « Les éleveurs reçoivent le planning annuel des visites en septembre », précise le vétérinaire. Comme chaque année à la même époque, il profitera de cette visite pour dresser le bilan de la campagne écoulée à l’aide du logiciel Vet’élevage (lire ci dessous). « Il y a toujours eu un suivi de repro ici. C’est un bon moyen pour éviter de perdre des bonnes paillettes sur des vaches qui auraient une métrite ou un kyste ou qui seraient en anoestrus. Cela permet aussi de repérer rapidement celles qui ne sont pas gestantes. Et quand le vétérinaire passe, il en profite aussi pour jeter un coup d’œil sur le troupeau », indique François Normand, associé avec Samuel Tassart.

Les 85 Prim’Holstein du troupeau vêlant en grande majorité entre août et novembre, le suivi Repro ne concernera cette fois qu’une dizaine de vaches sélectionnées à l’aide du logiciel. En l’absence de problèmes particuliers, les vaches sont rapidement débloquées des cornadis et tout le monde se dirige vers le bureau du Gaec pour faire le point. Plus que les résultats de repro, c’est le prix du lait (300 euros/1 000 l de prix de base depuis trois mois, laiterie La Prospérité Fermière) qui préoccupe les éleveurs.

Priorité sur le taux de réussite à l’IA plutôt que l’IVV

Les données disponibles sur le logiciel Vet’élevage confirment les bons résultats de repro. Le taux de réussite en 1re IA a atteint 62 % chez les vaches et 82 % chez les génisses. « C’est une très bonne année parce que d’habitude, nous tournons autour de 40 à 50 % », soulignent les éleveurs. Même à ce niveau, le taux de réussite reste plutôt bon pour des Prim’Holstein à 9 500 kg. Idem pour les génisses dont la grande majorité est inséminée avec de la semence sexée. « La qualité de la surveillance des animaux, des rations hors période de transition en été et la maîtrise sanitaire expliquent ce très bon bilan », résume le vétérinaire. Dans cet élevage, la détection des chaleurs est particulièrement soignée. « Nous observons régulièrement nos vaches même en dehors de la traite et de la distribution de la ration. » François Normand, qui habite sur le site, passe le soir « pendant la pub ou à la fin d’un film ». Samuel Tassart, passionné par l’élevage, possède le coup d’œil de l’éleveur. « Je connais toutes nos vaches et quand il y en a une qui bouge, je la reconnais même si je ne vois que sa tête. » Le Gaec n’a par conséquent pas investi dans un outil d’aide à la détection des chaleurs. Les éleveurs mettant la priorité sur le taux de réussite à l’IA plus que sur l’intervalle vêlage-vêlage, près de la moitié des vaches sont inséminées plus de 90 jours après vêlage.

Tri des données par niveau de production, âge, santé…

Malgré ce bilan très positif, Jérôme Défachelles poursuit la valorisation des données récupérées sur le logiciel (contrôle laitier, centre d’insémination, carnet sanitaire…) pour pousser plus loin ses investigations. « Les taux de réussite à l’IA sont bons, mais il y a une proportion assez importante de vaches avec trois IA ou plus (15 % d’IA3) et quelques-unes nous amènent trop loin (29 % de vaches avec première IA à plus de 120 jours après le vêlage). » L’analyse par catégories (niveau de production, rang de lactation, métrites…) montre que la baisse de fertilité touche essentiellement des animaux qui ont vêlé entre août et octobre. Pour le vétérinaire, le phénomène s’explique par un problème de transition alimentaire en été. « En mai, l’herbe pousse très bien. Elle est riche en azote. Mais d’ici un mois, il n’y aura plus rien. Et les repousses de septembre ne sont pas de qualité. »

Mais, pour François et Samuel, il n’est pas question de remettre en cause le pâturage (25 ares accessibles). « J’ai amélioré la conduite du pâturage en mettant un fil avant dans les paddocks et je suis plus attentif à l’évolution des taux pour réagir plus rapidement », souligne François Normand. Le Labilait (laboratoire interprofessionnel) fournit des informations sur les taux à chaque ramassage de tank pour un coût annuel de 30 euros HT (résultats envoyés par mail). L’étalement des vêlages pourrait également aider à corriger le tir. « Nous pourrions faire vêler dès juin. Cela permettrait en plus de lisser nos livraisons de lait et de bénéficier d’une incitation de 6 euros/1 000 litres proposée par notre laiterie. »

Un investissement de 25 euros par vache et par an

Le bilan Repro a également été l’occasion d’aborder la stratégie de renouvellement de l’élevage. « 2,5 lactations en moyenne par vache, c’est insuffisant », regrettent François Normand et Samuel Tassart. « L’emploi de doses sexées a souvent tendance à pousser les éleveurs à réformer trop de vaches », constate le vétérinaire avant de proposer aux associés « de faire le bilan sur le nombre de génisses dont ils ont véritablement besoin pour assurer le renouvellement (une trentaine) et de croiser les autres femelles avec du Blanc Bleu Belge pour mieux valoriser les veaux".

La visite prend fin. Le bilan étant plutôt bon depuis plusieurs années, la question de continuer à investir 25 euros par vache et par an dans un suivi Repro, notamment dans un contexte de crise, est abordée par Samuel à la fin de la réunion. Pour convaincre l’éleveur, Jérôme Défachelles a un argumentaire bien ficelé. « Un suivi Repro ne se résume pas qu’à déterminer les vaches qui sont pleines ou vides. D’ailleurs, plus que les vaches pleines, ce sont celles qui sont vides qui nous intéressent parce que nous devons comprendre pourquoi elles le sont. Le suivi Repro contribue également à maintenir un bon bilan Repro dans l’élevage. Et chaque visite donne l’occasion d’observer les vaches, leur état corporel… et de détecter d’éventuels problèmes qui ne touchent pas directement la reproduction. » Avant de repartir, le vétérinaire fait un crochet sur le site où sont élevées les génisses pour faire une tournée de vaccination contre la FCO.

Le logiciel Vet’élevage continue d’évoluer

La Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) propose aux vétérinaires cet outil informatique depuis 2005. Ce dernier a été développé pour fournir aux éleveurs et aux vétérinaires un registre sanitaire d’élevage numérisé conforme à la réglementation. Il a également intégré le logiciel Véto expert Repro. « Grâce à des passerelles avec le cahier sanitaire et les autres logiciels d’élevage (Synel), nous pouvons valoriser les données du contrôle laitier et du centre d’insémination », souligne Jérôme Défachelles. Cette passerelle gratuite est propre à la région des Hauts-de-France. « Dans les autres régions, il y a moyen d’importer les mêmes informations soit manuellement (importation des PDF du logiciel de l’éleveur vers Vet’élevage) soit avec la passerelle payante Edel. » Toutes les informations sont disponibles sur la tablette et donc consultables par l’éleveur ou son vétérinaire notamment lorsque les vaches sont bloquées pour la visite réalisée dans le cadre d’un suivi Repro.
En fonction du nombre de modules choisis (sanitaire, production, Repro « light » ou expert…), l’abonnement annuel pour un cabinet vétérinaire varie de 160 à 500 euros. « La nouvelle version de Vet’élevage permet aux éleveurs de saisir directement les infos sur leur tablette. » Un module dédié à l’économie sera disponible d’ici la fin de l’année. « Il permettra de calculer le lait produit par jour de vie pour chaque vache. »

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