« Le soja made in France doit trouver un prix d'intérêt »
La production de soja français devrait progresser encore avec la demande en ressources locales non OGM ou bio. Point sur les défis à relever, avec Xavier Pinochet, de Terres Inovia.
La production de soja français devrait progresser encore avec la demande en ressources locales non OGM ou bio. Point sur les défis à relever, avec Xavier Pinochet, de Terres Inovia.
Pourquoi s'intéresser au soja made in France ?
L'objectif de 300 000 hectares en 2030 est-il atteignable ?
Peut-on cultiver le soja partout en France ?
Au catalogue français, on trouve des variétés triple zéro qui permettent des rendements et une bonne teneur en protéine. On ne trouve pas encore de quadruple zéro. Quelques variétés quadruple zéro, venant d'autres pays (Royaume-Uni, Pologne, Tchéquie, Autriche), ont des potentiels de rendement inférieurs. »
Y a-t-il des freins techniques à la culture ?
Quel est le frein économique ?
Les progrès génétiques sur les variétés, sur le matériel de récolte (barre de coupe souple pour perdre moins de gousses) et sur les procédés de fabrication des tourteaux participent à l'amélioration de la marge des cultivateurs et de l'intérêt technico-économique pour les éleveurs. Les soutiens politiques seront déterminants et pour l'instant, le plan protéines permet aux projets de filières régionales de se mettre en place. »
Où en est la recherche variétale ?
Quelle est la production en Europe ?
Des surfaces en progression en France sauf en 2021
Historiquement, 60 % des surfaces en soja se trouvaient dans le quart Sud-Ouest et 40 % dans les plaines et vallées de l’Est : Alsace, Bourgogne, Franche-Comté, Isère.
Environ 20 % des surfaces étaient en bio en 2020. Le soja bio part en majorité vers l’alimentation humaine.
En 2021, le tassement des surfaces cultivées est lié aux mauvais rendements de 2020 et au prix bas qui ont découragé les agriculteurs (cotations à 375-390 €/t en septembre- octobre 2020). La récolte 2021 s’annonce très bonne – autour de 30 quintaux – d’après les premiers échos de ce début octobre.
À retenir
Importation de plus de 600 000 tonnes de graines, du Brésil, États-Unis...
Importation de 3 Mt de tourteaux de soja, venant du Brésil à 70 %.
75 à 80 % des graines de soja transformées en France partent en alimentation animale (huile, tourteau et coque).
20 % des graines sont destinées à l'alimentation humaine ; une activité qui génère des drêches de soja pour l'alimentation animale.
Les atouts et limites du soja en France
Atouts :
Rompre les monocultures et les rotations simples
Améliorer la structure du sol
Économiser des engrais minéraux
Valoriser localement une culture à faibles intrants et la légumineuse la plus riche en protéines
Limites :
Sensibilité au stress hydrique
Éviter les sols trop calcaires, le soja étant sensible à la chlorose ferrique
Gestion des adventices parfois délicate
Dégâts de pigeons et de lièvres
Prix pour les cultivateurs et coût pour les éleveurs à optimiser
Les prix restent élevés
Graines. Les cotations françaises du 6 octobre restaient élevées pour la graine de soja conventionnel destinée à l'alimentation animale, au départ de Rhône-Alpes (610 €/t) et du Sud-Ouest (590 €/t). Reste à voir comment les prix évolueront avec l'avancée des récoltes. Ces niveaux sont motivants pour les cultivateurs, comparé aux prix de 2018 - 2019 (350 €/t). En bio, le prix de la graine origine France pour l'alimentation animale était de 750 à 770 €/t le 6 octobre.
Tourteaux. En conventionnel, le tourteau de soja classique (importé, OGM) cotait environ 400 €/t. En non OGM, au départ de Sète, la cotation était de 682 €/t le 6 octobre (48 % de protéine, pellets), en légère baisse par rapport à septembre. Le tourteau bio origine France cotait entre 1 200 et 1 300 €/t, soit un niveau similaire au tourteau bio importé, en hausse par rapport à septembre.
Impulsion de Cap Protéines
Piloté par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage, Cap protéines contribue à la dynamique actuelle sur le soja. Ce programme de recherche de deux ans qui s'inscrit dans le cadre du plan protéines lancé par les pouvoirs publics, est doté de 20 millions d’euros du plan de relance, en plus des 33,5 M€ de budget de la filière des huiles et protéines végétales. Il comprend cinq projets, dont le développement de l'autonomie protéique des élevages de ruminants par l'amélioration de la valorisation des prairies, et la meilleure valorisation des graines et tourteaux locaux...