Aller au contenu principal

Le nombre d’élevages touchés par le virus Schmallenberg progresse vite

Après l’Allemagne, la Belgique et les Pays- Bas, les premiers cas de virus Schmallenberg ont été détectés en France le 25 janvier dernier. Les cas sont probablement sous-estimés. Le point avec Jeanne Brugère-Picoux, présidente de l’Académie vétérinaire.

SI VOUS OBSERVEZ DES MALFORMATIONS d’un foetus ou d’un nouveau-né ou
des troubles nerveux chez un nouveau-né, prévenez votre vétérinaire
sanitaire qui appliquera le protocole de surveillance mis en place. En
cas de suspicion ou diagnostic positif, aucune mesure réglementaire
spécifique n’est prévue.
SI VOUS OBSERVEZ DES MALFORMATIONS d’un foetus ou d’un nouveau-né ou
des troubles nerveux chez un nouveau-né, prévenez votre vétérinaire
sanitaire qui appliquera le protocole de surveillance mis en place. En
cas de suspicion ou diagnostic positif, aucune mesure réglementaire
spécifique n’est prévue.
© Guido Bertels, DGZ Vlaanderen, Belgique

■ Connaît-on des virus proches du virus Schmallenberg?

Jeanne Brugère-Picoux - « Le virus Schmallenberg est un nouveau virus. Il a été identifié pour la première fois sur des bovins dans le Nord-Ouest de l’Allemagne en novembre 2011.

Sans être complètement identique, c’est un virus très proche du virus Akabane (un orthobunyavirus du groupe Simbu) connu surtout en Asie mais aussi au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est, et qui entraîne des malformations chez les ruminants. Le virus d’Akabane a notamment provoqué au Japon dans les années 1970-75, dans une région vraisemblablement indemne du virus, la naissance de dizaine de milliers de veaux anormaux. Le virus Schmallenberg est le premier orthobunyavirus provoquant des symptômes importants chez des ruminants en Europe. Il ne présente a priori pas de risque pour l’homme. »

■ Quand suspecter des symptômes dus au virus Schmallenberg?

J. B-P - « Le virus s’est manifesté jusqu’à présent sous deux formes cliniques. La première forme a été observée en septembre et octobre 2011 chez des vaches sous forme de fièvre, chute de la production et diarrhée. C’est sur des vaches ayant présenté ce type de symptômes que le virus a été pour la première fois identifié en Allemagne (près de la ville de Schmallenberg).

Une deuxième forme plus inquiétante est observée depuis fin décembre 2011 (la première fois aux Pays-Bas) avec des lésions proches de celles provoquées par la maladie des muqueuses (mais aussi par la maladie d’Akabane en Asie) : naissance de veaux morts malformés, foetus malformés ou veaux qui naissent avec des troubles nerveux. Les malformations touchent principalement le squelette et le système nerveux : déformation des membres (blocage des articulations, raccourcissement des tendons du jarret), torticolis, anomalie du crâne. Dans l’ensemble des pays ayant identifié des cas, cette deuxième forme touche pour le moment principalement des ovins. Le nombre d’animaux touchés dans un élevage peut aller jusqu’à 30 %. »

■ Comment se transmet le virus ?

J. B-P - « Le virus n’est pas contagieux d’un animal à l’autre. Il est transmis par des insectes vecteurs, des moucherons (Culicoïdes) ou des moustiques comme les autres orthobunyavirus du groupe Simbu. Le risque de transmission de cette nouvelle maladie vectorielle en hiver, et donc la survenue de cas chez des adultes (forme moins grave que chez les foetus), sont faibles. Ce que l’on craint, c’est que la transmission de l’infection redémarre au printemps comme ce fut le cas pour la FCO. On sait que les Culicoïdes survivent dans les bâtiments d’élevage pendant l’hiver. »

■ Pourquoi observe-t-on beaucoup de cas ovins et peu de cas bovins ?

J. B-P - « Les formes cliniques de la maladie que l’on observe sont a priori liées à l’activité d’avril à novembre (voire décembre du fait du climat exceptionnellement doux) du vecteur. Il existe un délai entre le moment de l’infection et les atteintes des foetus. Les bovins et les ovins ont été contaminés au même moment mais les troubles de la reproduction apparaissent plus tard chez les bovins du fait de la durée de gestation plus grande que chez les ovins.

On peut penser que l’atteinte du foetus survient comme dans la maladie d’Akabane entre les 28e et 36e jours de gestation chez les ovins. Alors que l’infection des veaux par le virus Akabane se traduit par une atteinte nerveuse entre les 76e et 104e jours, et par un blocage des articulations entre les 103e et 174e jours. Les cas bovins risquent donc de devenir plus nombreux. Il s’agit d’un virus nouveau donc il faudra attendre la fin des agnelages, des chevrotages et des vêlages pour savoir s’il y a une sensibilité différente selon les espèces. »

■ Ne sous-estime-t-on pas le nombre de cas ?

J. B-P - « Oui, très vraisemblablement. Quand on observe la répartition géographique, on ne voit pas de foyers importants mais une dispersion de la maladie. Cela suggère la présence de cas subcliniques non détectables en l’absence de tests sérologiques permettant une épidémiosurveillance à grande échelle. Le nombre de cas confirmés progresse très vite.

L’actuelle progression géographique de la maladie à partir de l’Europe du Nord rappelle celle de la fièvre catarrhale ovine. La maladie, identifiée dans un premier temps en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique, a gagné le Royaume-Uni et un large croissant Nord-Nord Est de la France. On ne peut s’empêcher de penser à l’hypothèse émise à l’époque que l’apport du virus de la FCO pouvait être lié au commerce de fleurs exotiques dont le carrefour aérien est près de Maastricht, là où avait exactement débuté l’enzootie. Il pourrait éventuellement en être de même pour ce nouveau virus qui proviendrait alors d’un pays n’ayant pas les moyens de surveillance vétérinaire et de diagnostic des pays européens. »

■ Quelles sont les mesures de lutte?

J. B-P - « La seule méthode réellement efficace pour lutter contre ce type de maladie vectorielle est la vaccination, comme nous l’avons vu pour la FCO. Or il n’existe pas de vaccin. Le réseau français de santé animale a été saisi par le ministère de l’Agriculture pour mettre au point dans les meilleurs délais un test sérologique rapide et un vaccin adapté si celui-ci s’avère nécessaire. Il est conseillé aux éleveurs dont les animaux présentent des symptômes de maintenir les animaux malades à l’intérieur du bâtiment et de contacter leur vétérinaire. »

Des tests sérologiques rapides d’ici quelques mois

En cas de suspicion, les échantillons sont envoyés au laboratoire de virologie Anses Maisons-Alfort (actuellement le seul habilité) et sont analysés par PCR (détection de l’ARN viral). Le résultat est actuellement disponible entre 24 et 48 heures après réception de l’échantillon. Le coût de l’analyse (environ 40 euros) est pris en charge par la DGAL. « Des kits sont en cours de validation et devraient être disponibles dans les semaines qui viennent », précisait Stéphan Zientara, directeur du laboratoire, mifévrier. Ils permettront à d’autres laboratoires de faire des analyses.

Quant aux tests sérologiques rapides (détection d’anticorps dans le sang) moins coûteux, ils devraient être disponibles « dans quelques mois » et permettront de tester un beaucoup plus grand nombre d’animaux que les tests existants, difficiles à mettre en place.

Côté développement d’un vaccin, on en est seulement au stade de la réflexion. Il existe actuellement des vaccins atténués et inactivés disponibles contre le virus Akabane (très proche) qui ont pu être développés assez rapidement. « Il est trop tôt pour dire si un vaccin contre le virus Schmallenberg pourrait être développé aussi rapidement car on ne connaît pas l’immunité induite par le virus. »

Nombre de cas

Pour suivre la progression du virus et des cas déclarés, cliquez sur le lien suivant : http://www.survepi.org/cerepi/index.php?option=com_content&view=article&id=70:virus-schmallenberg-point-de-situation-&catid=47:virus-shmallenberg&Itemid=115

Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">salle de traite</em>
Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne

Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière