Santé des bovins
Lancement d´un observatoire de la grande douve
Santé des bovins
Mieux connaître l´impact de la grande douve, y sensibiliser éleveurs et vétérinaires... C´est l´objectif de l´observatoire, reposant sur quatre experts et un réseau de 30 vétérinaires, qui vient de voir le jour.
La grande douve est sous-diagnostiquée. Or ce parasite peut avoir des conséquences graves sur la santé des animaux, et surtout dégrade les performances zootechniques de l´élevage. Il touche également l´homme : on constate en France au moins une centaine de cas chaque année(1). Fort de ce constat, le laboratoire Novartis a décidé de soutenir la mise en place d´un observatoire sur la grande douve, avec l´appui d´un comité de quatre experts spécialistes du parasitisme. Objectifs affichés : accroître la vigilance des vétérinaires et des éleveurs vis-à-vis de ce parasite et estimer sa prévalence (présence) au niveau national.
Une enquête dans 150 élevages
Outre le comité d´experts, l´observatoire s´appuie sur un réseau d´une trentaine de vétérinaires ruraux. Quinze zones ont été définies. Ces vétérinaires auront à la fois un rôle de relais d´information et un rôle d´investigation. Ils seront en effet les chevilles ouvrières d´une enquête qui sera réalisée cet hiver dans 150 élevages bovins. Des prises de sang et des coproscopies (analyse des fécès) individuelles seront effectuées sur ces 150 troupeaux courant décembre/janvier (sur un échantillon de dix primipares). « L´objectif de cette enquête est d´approcher au plus près la prévalence nationale », explique Alain Chauvin de l´Ecole nationale vétérinaire (ENV) de Nantes en soulignant qu´« à la différence des enquêtes qui ont été menées jusqu´à présent, les prélèvements seront effectués aussi dans des élevages où l´on ne suspecte pas de douve. »
Elle permettra également de comparer les deux méthodes de diagnostic (à partir du sang et des fécès) et de donner une clé d´interprétation des résultats d´analyse. Cette étude dans les élevages sera complétée par une enquête large en abattoir. « Les éleveurs et vétérinaires ont-ils toujours accès aux données d´abattoir ? », s´interrogent les experts.
Les résultats de ces investigations seront dévoilés aux prochaines journées techniques vétérinaires organisées par la SNGTV(2) en mai prochain. Puis elles seront diffusées régionalement et localement. Parallèlement, une campagne de communication publi-rédactionnelle sera orchestrée dans la presse élevage et vétérinaire.
Cet observatoire, destiné à être pérennisé, devrait améliorer les stratégies de prévention, avec une médicalisation « au bon moment et à la bonne dose sur les bons animaux », couplée à des mesures dites agronomiques. L´avenir de la lutte contre la grande douve passe, selon les experts, par une évaluation diagnostique régulière sur des lots d´animaux, pour une prescription « sur mesure » en fonction du parasitisme.
Une baisse des performances avec souvent peu de symptômes
Les formes cliniques de fasciolose sont rares. La grande douve provoque souvent des symptômes frustres qui n´interpellent pas l´éleveur. Mais les effets sur les performances des animaux sont importants : baisse de la fécondité (estimée à 20 %), augmentation des maladies néonatales (liée à une baisse de la qualité du colostrum), baisse de la production (8 à 20 %), baisse du taux protéique (3 points), retard de croissance. Ces effets négatifs sont dus à deux phénomènes : la migration des larves immatures dans le parenchyme hépatique provoquant de graves lésions, et la présence des adultes dans les canaux biliaires. Ce qui entraîne une véritable déviation du métabolisme par ces parasites.
Mise en garde
On n´est jamais à l´abri de la grande douve. Les ruminants (et les ragondins) sont les hôtes définitifs de ce parasite. Son hôte intermédiaire est un petit escargot, la limnée tronquée, qui vit dans l´eau : à partir d´un seul oeuf, il multiplie un grand nombre de métacercaires qui peuvent être emportés par les eaux, loin du lieu de contamination d´origine. Et la grande douve est présente même dansles régions sèches (dans les biotopes humides).
(1) Contamination en consommant du cresson.
(2) Société nationale des groupements techniques vétérinaires.