Lactalis : « Nous sommes inquiets du projet d’arrêt de la collecte visant 272 exploitations laitières »
Les représentants de producteurs de lait s’opposent à la méthode du géant laitier Lactalis pour réduire sa collecte en France de 450 millions de litres. Des zones très réduites de l’Est et du sud des Pays-de-la-Loire seraient ciblées, ce qui conduirait à imposer une rupture de contrats à 272 fermes de ces zones.
Les représentants de producteurs de lait s’opposent à la méthode du géant laitier Lactalis pour réduire sa collecte en France de 450 millions de litres. Des zones très réduites de l’Est et du sud des Pays-de-la-Loire seraient ciblées, ce qui conduirait à imposer une rupture de contrats à 272 fermes de ces zones.
[Mise à jour 27/09/2024 à 11h45 : ajout déclaration d'Annie Genevard, ministre de l'Agriculture]
Suite à une réunion de travail avec les organisations de producteurs (OP et AOP), Lactalis a diffusé un communiqué de presse le 26 septembre précisant les étapes de la réduction de sa collecte de lait de vache en France. Le groupe compte entamer fin 2024 le processus et le finaliser à horizon 2030, pour réduire sa collecte de 450 millions de litres de lait au total, sur les 5,1 milliards de litres de lait qu’il collecte chaque année dans toute la France.
« La première étape de réduction, de l’ordre de 320 millions de litres, s’articulera autour de la réduction de la collecte dans les zones Est et sud Pays de Loire à horizon 2026 pour 160 millions de litres de lait, et du non-renouvellement d’un contrat avec une coopérative à horizon 2030 qui concerne 160 millions de litres de lait, expose Lactalis. La seconde étape portera sur des volumes équivalents à 130 millions de litres et prendra notamment en compte l’évolution des marchés et de la collecte laitière dans son ensemble. »
Le transformateur assure que dans les prochaines semaines, il travaillera avec les OP pour construire les modalités d’accompagnement des producteurs concernés.
Pour des départs volontaires
Toutefois, les représentants de producteurs sont inquiets. « Les régions citées - Est et sud Pays de Loire - ne sont pas si larges que Lactalis l’affiche. En réunion, ils nous ont présenté des zones bien plus réduites et ont ciblé 272 exploitations », explique Yohann Serreau, président de l’Unell, association d’organisations de producteurs (AOP) représentant 11 OP et 5200 éleveurs. Concrètement, « Lactalis veut imposer une rupture de contrat à ces exploitations laitières d’ici la fin de l’année. Avec un an de préavis, cela ferait un arrêt de collecte à fin 2025. Nous sommes contre cette méthode. Nous militons pour des zones plus larges et des arrêts de contrat volontaires de la part des éleveurs. »
Des éleveurs sacrifiés sur l’autel de la restructuration industrielle
Yohann Serreau estime que « Lactalis montre ainsi qu’il raisonne comme l’industrie lourde par rapport à ses sites de transformation, et qu’il n’a pas un attachement aux producteurs et au territoire. Nous savons qu’un site industriel dans l’Est est en sursis et il devrait y avoir des fermetures de lignes dédiées aux commodités pour le grand export. Et ce qui ne va pas, c’est que Lactalis puisse imposer une rupture de contrat à des éleveurs juste parce qu’ils ne sont pas dans la bonne zone géographique. »
La FNPL fustige la communication de Lactalis qui souligne que cette décision vise à soutenir la valorisation du lait aux producteurs, avec une nouvelle formule de prix du lait signée au printemps avec les OP. « Lactalis ne vise pas à une meilleure valorisation du prix du lait payé aux producteurs, mais plutôt à les lâcher sans scrupule !, pointe le syndicat dans un communiqué de presse. Comment s’assurer que demain les producteurs de lait seront encore collectés sur tous les territoires, sans qu’une concurrence interrégionale ne s’installe ? L’économie des territoires est fondamentale, nos responsables politiques locaux doivent aussi prendre la mesure de la situation. »
Les élus seront en effet interpellés. Les représentants de producteurs demandent une extension des zones concernées, le caractère volontaire de l’arrêt de la relation contractuelle, et un délai raisonnable pour qu’aucun producteur ne reste sur le carreau.
La nouvelle ministre se dit "au côté des producteurs laitiers français"
Au lendemain de la décision annoncée par le groupe français Lactalis de réduire sa collecte de lait en France, la nouvelle ministre de l’Agriculture a reçu la FNPL. Dans un communiqué du 26 septembre, Annie Genevard assure « de son plein soutien et de son engagement aux côtés des producteurs pour maintenir une activité laitière dans les élevages concernés ».
« Il est nécessaire que tous, à l’amont et à l’aval, unissent leurs efforts et leur volonté pour défendre notre capital productif alimentaire, dans la filière laitière comme dans les autres. Ce sera ma priorité. J’attends de nos leaders industriels le même engagement et la même ambition pour la production alimentaire française », Annie Genevard, nouvelle ministre de l'Agriculture