L’acidose a bon dos !
L’acidose est une maladie complexe et sournoise. Pas facile de déterminer
ce qui est lié à l’acidose et ce qui ne l’est pas ! Il y a des pratiques et
des rations à risques, mais attention à ne pas en faire un coupable facile
dès que quelque chose ne tourne pas rond dans le troupeau.
réduit instinctivement son ingestion.
Cette capacité d’adaptation lui évite
d’atteindre le stade critique.
Tout le monde en parle, mais peu la mesurent vraiment. Et pour cause, ce n’est pas simple d’aller mesurer une chute de pH dans le rumen d’une vache en élevage ! Toujours est-il que ce que l’on appelle subacidose ruminale - ou encore acidose subclinique, subaiguë, latente ou chronique - n’en est généralement pas.
Cette pathologie se montre certainement moins fréquente que ce que l’on croit. Ne vous y fiez pas : une chute du taux butyreux et des bouses molles ne suffisent pas à la diagnostiquer à coup sûr… Bien d’autres raisons peuvent expliquer ces symptômes. C’est bien là le problème.
La subacidose ne présente pas ou peu de signes cliniques spécifiques. Des taux inversés, des irrégularités de l’ingestion, une baisse de l’efficacité alimentaire, des troubles digestifs, des fourbures… Tout cela peut éveiller le soupçon, mais attention aux pièges et aux diagnostics simplistes. Ils conduisent parfois à appliquer des remèdes inadaptés, qui au mieux ne permettent pas de résoudre le problème, et au pire aggravent la situation.
Pour autant, sur le terrain, il y a bel et bien des vaches malades dont le rumen ne tourne pas de façon optimale. Mais plus qu’un niveau de pH bas, ce serait les à-coups du pH du rumen au cours de la journée qui rendraient les vaches malades et provoqueraient des symptômes que l’on attribue à tort à la subacidose. Une thèse qui bouscule les idées reçues et qui commence à faire son chemin.
Le rumen fonctionne bien quand tout est stable
Quoi qu’il en soit, la subacidose reste une pathologie complexe et difficile à cerner. Et ce d’autant plus que les vaches s’adaptent (en réduisant leur ingestion) pour tenter de rétablir l’équilibre de l’écosystème ruminal avant d’atteindre le point de rupture. D’où des comportements alimentaires irréguliers d’un jour sur l’autre, et des troubles qui reviennent plus ou moins fréquemment, finissant par déboussoler les éleveurs…
S’il n’est pas simple d’évaluer le risque d’acidose sur l’animal en lui-même, il est possible en revanche de l’évaluer en caractérisant les rations. On sait que le manque de fibres et l’excès de matière organique dégradable sont des facteurs de risque additifs.
Les nouvelles équations de Systali, le nouveau modèle d’unités d’alimentation de l’Inra, prédisent la valeur du pH ruminal à partir des caractéristiques de la ration.
Les firmes et organismes de conseil proposent aussi leurs propres outils de prévision du risque acidogène. Mais tous ces outils se basent sur une réponse moyenne des animaux. Or, pour une même ration distribuée, certaines vaches présentent des chutes de pH ruminal plus importantes que d’autres. D’où l’idée de développer des capteurs capables de repérer les irrégularités de fonctionnement, vache par vache (colliers, etc.). Enfin, le profil en acides gras du lait offre aussi une piste prometteuse pour demain. Une étude sur trois ans impliquant différents partenaires de la filière est actuellement en cours.
SOMMAIRE du dossier
Page 34 : Définition et facteurs de risque : Ce qu’il faut savoir sur la subacidose
Page 40 : Diagnostic de troupeau : On prend souvent pour de l’acidose ce qui n’en est pas
Page 48 : Profil en acides gras du lait et capteurs : Les outils de prévision du risque
Page 54 : Moyens de prévention : Vos questions pratiques sur la subacidose
Page 58 : Témoignages : Deux élevages qui ont mené l’enquête