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La vache couchée alerte, signe d’une carence en phosphore

Une trop forte chute du phosphore sanguin lors d’une fièvre de lait peut entraîner le syndrome de la vache couchée alerte. Un défaut de couverture des besoins en phosphore lors des lactations précédentes serait à l’origine de cette situation.

Marc Ennuyer, vétérinaire. « Un défaut de couverture des besoins en phosphore lors des lactations précédentes peut conduire au syndrome de la vache couchée alerte. »
© V. Bargain

Le phosphore joue un rôle très important dans l’organisme. Il intervient dans la minéralisation osseuse, le métabolisme énergétique, l’équilibre acidobasique, les membranes cellulaires ainsi que dans la synthèse de protéines, de coenzymes d’oxydoréduction et du cholestérol. Les apports sont assurés pour moitié par du phosphore ingéré et pour moitié par du phosphore recyclé via la salive. Et 70-80 % du phosphore est absorbé par la paroi intestinale puis redistribué par le sang aux glandes salivaires et autres tissus. Au moment du vêlage, la chute physiologique du calcium dans le sang entraîne une baisse de motricité de l’intestin qui absorbe alors moins bien le phosphore, et une augmentation de la parathormone (PTH) qui facilite le passage du phosphore dans la salive et réduit la réabsorption des phosphates dans l’urine.

La vache a une température normale et garde l’appétit

« Lors d’une fièvre de lait, l’hypophosphatémie accompagne régulièrement l’hypocalcémie, pointe Marc Ennuyer, vétérinaire dans la Somme. La baisse du phosphore sanguin devient problématique lorsqu’elle persiste alors que la calcémie se rétablit, souligne Marc Ennuyer. On aboutit alors à la vache couchée alerte. La vache a une température normale. Elle garde de l’appétit, boit, rumine et urine normalement et effectue des efforts de relevée. Mais elle ne se relève pas, comme si le muscle manquait d’énergie. Or la principale source d’énergie au niveau du muscle est l’adénosine triphosphate ou ATP, dont un élément important est le phosphore. »

Multiplication des cas aigus depuis le réajustement des apports recommandés

Le maintien de l’hypophosphatémie malgré le rétablissement de la calcémie pourrait être lié à l’importance de la baisse du phosphore lors de la fièvre de lait. Une vache ayant un taux sérique de phosphore inférieur à 20-30 mg/l aurait beaucoup plus de chance de devenir une vache couchée alerte. Les mécanismes du maintien de l’hypophosphatémie sont inconnus. Mais la multiplication des cas d’hypophosphatémie aiguë depuis le réajustement des apports recommandés par l’Inra incite à penser qu’il peut être lié à une baisse des réserves de phosphore mobilisables.

« Le manque de réserves pourrait résulter d’apports en phosphore insuffisants, estime Marc Ennuyer. Les normes ont été réajustées mais les analyses des minéraux dans les fourrages ne sont que rarement réalisées. La baisse de la fertilisation phosphatée tend de plus à réduire la teneur en phosphore des aliments. » Les interférences d’éléments tels que le soufre ou le fer dans l’absorption du phosphore ne sont pas non plus toujours prises en compte. Enfin l’acidose, qui limite le recyclage du phosphore salivaire, peut dans un contexte d’apport limité entraîner une couverture insuffisante des besoins.

Traiter en priorité l’hypocalcémie et faire une analyse

La prévention doit se concentrer sur la fin de gestation, pour réduire les risques de fièvre de lait (contrôle du Baca et de la teneur en magnésium de la ration) et sur la lactation précédente. « Le contrôle du phosphore dans les urines permet de voir si les apports sont suffisants car le phosphore n’est présent dans l’urine que lorsque les besoins sont couverts », indique le vétérinaire. Les facteurs de risque de l’acidose doivent aussi être contrôlés pour permettre un bon recyclage du phosphore salivaire. En cas de vache couchée alerte, l’hypocalcémie, qui en est le facteur déclenchant, doit être traitée en priorité. Un prélèvement sanguin permet ensuite de confirmer l’hypophosphatémie. Le traitement doit alors se poursuivre par des injections de phosphore organique, pour relancer le métabolisme énergétique, et par l’administration par voie buccale de phosphore rapidement assimilable (phosphate mono et bi calcique).

Le saviez-vous ?

Une vache adulte contient 5 kg de phosphore, dont 80 % dans les os. Dans le sang, sa concentration normale est de 40 à 80 mg/l. Les besoins pour la production de lait sont de 30 g/j.

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