La santé animale en bio, entre prévention et médecines alternatives
Une enquête auprès de 17 élevages bovins lait de Rhône-Alpes en agriculture biologique décrit les évolutions des pratiques vétérinaires depuis leur conversion.
Une enquête auprès de 17 élevages bovins lait de Rhône-Alpes en agriculture biologique décrit les évolutions des pratiques vétérinaires depuis leur conversion.
Les éleveurs laitiers bio utilisent moins d’antibiotiques et font moins de traitements systématiques (antiparasitaires par exemple). Ils misent beaucoup aussi sur la prévention. Les règles préconisées en matière d’alimentation, de propreté des logements et de gestion des parasites prennent chez eux toute leur importance. Ils sélectionnent davantage sur les caractères fonctionnels. Et, enfin, ils ont recours aux médecines alternatives pour prévenir et traiter les pathologies : phytothérapie (à base de plantes), homéopathie et aromathérapie (huiles essentielles).
Ce qui ne va pas de soi. « La réussite de cette transition passe par la motivation personnelle de l’éleveur avec une implication forte des vétérinaires dans la mise en place de médecines alternatives, affirme Jean-Pierre Monier, de la chambre d’agriculture de la Loire. Ce changement de pratique doit en préalable passer par une formation solide puis être accompagné par le vétérinaire. D’autre part, la mise en pratique des soins alternatifs appris en formation doit être effectuée le plus rapidement après celle-ci pour ne pas perdre ses acquis. » Globalement, les éleveurs disent avoir des résultats satisfaisants.
Pas de différence de taux cellulaires avec les conventionnels
En matière de santé mammaire, l’accent est mis sur l’hygiène de traite, le renouvellement du troupeau (réforme des vaches à cellules) et les choix génétiques (le croisement est fréquent). Les médecines alternatives sont utilisées en première intention lorsque le vétérinaire dispose des compétences. Mais l’enquête montre qu’il n’y a pas de corrélation entre l’utilisation de ces médecines et les comptages cellulaires, ni même le pourcentage de mammites. Il n’y a d’ailleurs pas de différence marquée de taux cellulaires avec les élevages conventionnels.
Pour le parasitisme, les éleveurs bio misent à la fois sur la prévention (gestion des pâtures, pas de mélange de catégories d’âge, assainissement des points d’eau...), sur l’observation des animaux et assez souvent sur les coprologies. Ils ciblent surtout les génisses de première année avec une vigilance particulière à l’automne. Strongles et tiques sont les parasites qui leur posent le plus de problèmes. Ils sont peu armés notamment face aux tiques. La phytothérapie, en seaux à lécher, est très utilisée car facile à administrer.
Des boiteries liées au pâturage
Les boiteries posent aussi quelques soucis, surtout en été. Elles sont essentiellement provoquées par les conditions d’accès au pâturage (chemin caillouteux, zones humides). Les éleveurs font du parage en prévention et traitent les panaris avec de la phytothérapie et de l’aromathérapie.
La santé des veaux enfin. Les éleveurs bio n’ont pas plus de mortalité que les éleveurs conventionnels. Les principales causes sont des problèmes autour du vêlage. La faible valeur des veaux prim’holstein, en bio comme en conventionnel, n’incite pas à une vigilance maximale. La prise de colostrum et l’hygiène sont les premières mesures préventives citées. Beaucoup distribuent aussi de l’argile à lécher, réputée très efficace.
Les mamelles, premier poste de dépenses
En Rhône-Alpes, les mamelles représentent le premier poste de frais vétérinaires (4 €/1000 l sur un total de 13 €/1000 l). Mais il n’y a pas de lien entre les dépenses pour les mamelles et les niveaux cellulaires de tank. « On voit de bons résultats cellulaires avec peu de dépenses, mais aussi peu de dépenses sans résultats satisfaisants ou beaucoup de dépenses avec des résultats contrastés », signalent les auteurs de l’étude.
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