Covid-19, Brexit, inflations : La performance d’Agrial recule en 2021
L’EBE et le résultat net 2021 du groupe coopératif Agrial diminuent. Mais dans un contexte particulièrement difficile, la polyvalence d’Agrial lui permet d’afficher une performance au niveau des cinq dernières années.
L’EBE et le résultat net 2021 du groupe coopératif Agrial diminuent. Mais dans un contexte particulièrement difficile, la polyvalence d’Agrial lui permet d’afficher une performance au niveau des cinq dernières années.
Les restrictions liées au Covid-19 dans différents pays ont encore affecté l’activité du groupe coopératif Agrial en 2021, avec des périodes où la restauration collective était fermée ou perturbée. Mais Agrial a davantage souffert du Brexit, avec de graves pénuries - de main-d’œuvre et d’approvisionnement - pour ses sept usines britanniques (activité légumes et boissons principalement). Enfin, les inflations des matières premières, emballages, énergie… ont lourdement pesé. « Nous avons répercuté des hausses, mais nous faisons quand même tampon entre les inflations en amont et celles à répercuter aux distributeurs et aux consommateurs. Dans ce contexte, notre résultat net est à peu près au niveau des cinq dernières années, et montre notre résilience, grâce à notre polyvalence », résument Ludovic Spiers et Arnaud Degoulet, président d’Agrial.
Un prix réel de 371 euros les mille litres en 2021
Sur les 60 millions d’euros de résultat net, 20 millions ont été redistribués aux 12 000 agriculteurs adhérents. Le prix du lait de vache conventionnel 2021 s’est établi à 371 €/1000 l TPQC - toutes primes et qualité confondues (352,5 € en 2020) - plus 3,44 € de ristourne et revalorisation de part sociale liées à l’activité lait conventionnel. Le prix du lait de vache bio était de 492,9 € (488 € en 2020), plus 3,90 € de retour lié à l’activité lait bio. D’autres ristournes peuvent être perçues par les éleveurs qui travaillent avec d’autres branches d’Agrial (approvisionnements notamment).
En dix ans, l’activité laitière s’est beaucoup développée et est devenue la première branche du groupe (40 % du chiffre d’affaires), devant la branche agricole (23 %) et légumes et fruits frais (22 %).
Des excédents laitiers qui profitent des prix des commodités
En 2021, la branche laitière, Eurial, avait d’importants excédents de lait à gérer à cause de l’incendie de la fromagerie de Luçon, de la crise sanitaire et de l’arrêt d’un contrat de vente de lait. « Heureusement, les prix des commodités se sont bien tenus. La nouvelle usine de Luçon (mozzarellas spécifiques) redémarre tout juste en ce début avril. L’investissement à Herbignac est en cours (ingrédients à haute valeur ajoutée) et la moitié du chemin est faite. Demeure le problème du bio qui nous inquiète car les causes de la baisse de la consommation sont toujours là : la concurrence d’autres offres de qualité avec du local, du pâturage… ; et un consommateur qui change ses habitudes avec l’inflation. » Malgré tout, les ventes de la marque "les 300 laitiers bio" ont moins baissé que le marché. La marque a même gagné des parts de marché. Autre bonne tendance, la marque Grand fermage prend des parts de marché en beurre de spécialité.
Constitution de stocks d’engrais et autres appros
L’année 2022 sera encore plus dure car la crise sanitaire n’est pas finie et que « nous ne voyons pas d’évolution au Royaume-Uni pour faire face au problème du manque de main-d’œuvre. Les inflations se poursuivent et nul ne sait pas où les hausses de prix vont s’arrêter ». Agrial a constitué des stocks d’engrais, de matériel, etc. 200 millions d’euros de dettes supplémentaires ont permis de les financer. « Nous serons en capacité d’approvisionner nos adhérents engagés (qui travaillent avec l’amont d’Agrial pour au moins 13 000 € de chiffre d’affaires). Mais nous avons de grosses inquiétudes pour 2023, sur la disponibilité en approvisionnement en énergie, engrais, semences, tourteaux… »
Lors des dernières négociations commerciales avec la grande distribution, Agrial a obtenu des hausses de tarifs de 1 à 6 % selon les produits. « Nous retournons chercher de nouvelles hausses car celles-ci ne suffisent déjà plus. C’est une question de survie : Egalim2 ou pas, des hausses continueront d’être passées. »
Agrial sera sans doute contrainte d’alléger les investissements en 2022, pour être en mesure de gérer les risques liés à la superposition des crises : sanitaire, géopolitique, économique et peut-être climatique.
Développer encore l’international
« Nous gagnons plus d’argent hors de nos frontières qu’en France. Aujourd’hui, l’international représente 25 % du chiffre d’affaires. Notre cap est d’aller vers 50 %. Il faut le faire à bon escient, pour que ce développement ait du sens pour les coopérateurs. Par exemple, notre aventure dans le lait en Allemagne commence à porter ses fruits. Nous avons trouvé des synergies, développé notre force commerciale », pointent Ludovic Spiers et Arnaud Degoulet.
Un plan Climat 2035
Pour le plan 2035 de la coopérative, le fil rouge d’Agrial sera de diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre, de réduire ses consommations d’énergie et de soutenir l’adaptation au changement climatique des exploitations.
Costie Pruilh
Chiffres clés
12 000 adhérents dont 3100 en lait de vache conventionnel et 340 en lait de vache bio
2,13 Mds de litres de lait de vache conventionnel collectés
59 marques dont Florette, Soignon, Grand fermage… : elles représentent 35 % du chiffre d’affaires.
25 % du chiffre d’affaires est réalisé hors de France, en Espagne, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, USA, Italie, Belgique…