« La paille broyée sécurise la ration de nos vaches en préparation au vêlage »
Le Gaec du Pressoir, dans la Sarthe, apporte cinq kilos de paille broyée dans la ration des vaches en préparation au vêlage. Objectif : améliorer la santé des animaux et la production de lait.
Le Gaec du Pressoir, dans la Sarthe, apporte cinq kilos de paille broyée dans la ration des vaches en préparation au vêlage. Objectif : améliorer la santé des animaux et la production de lait.
Le Gaec du Pressoir recourt à la paille broyée dans la ration de ses vaches taries depuis plusieurs années. Leur ration est constituée de 5 kg de paille, 16 kg de maïs ensilage, 3,5 kg de tourteau de colza, 250 g de minéral, 150 g de carbonate de calcium et 130 g de chlorure de calcium.
« Utilisée dans l'alimentation, la paille broyée favorise l’ingestion, limite le tri, contient de la cellulose qui régule la vitesse de transit et sécurise la ration, souligne Germain Néré, expert nutrition robot chez Seenovia. Elle peut être utilisée sur les veaux, les génisses et les vaches taries en préparation au vêlage. La maîtrise du rationnement en préparation au vêlage améliore de 10 à 15 % les performances laitières en début de lactation. »
Sur l'élevage sarthois, la ration est apportée selon la technique du compact-feeding qui consiste à ajouter de l’eau dans la mélangeuse pour coller les fourrages coupés fins et le concentré, produisant ainsi un mix compact qui augmente l’ingestion et évite le tri à l’auge. « Nous chargeons les concentrés et cinq à sept litres d’eau par vache dans la mélangeuse dans la journée, pour une distribution le lendemain matin », présente Jocelin Lenoir, un des trois associés du Gaec du Pressoir. Et les fourrages sont ajoutés le matin avant la distribution. « Mais la paille broyée peut tout à fait être apportée sans utiliser la technique du compact-feeding, qui implique un hachage très fin, une organisation du travail spécifique, une mélangeuse très étanche… », précise Germain Néré.
Ration à Baca négative
Un autre intérêt de la paille broyée est de permettre une meilleure gestion de l’acidification de la ration que le foin. « La qualité des foins est très irrégulière, souligne Germain Néré. Certains sont très riches en calcium et potassium, ce qui augmente les risques de non-délivrance et de fièvre de lait. La paille a des valeurs alimentaires et minérales plus faibles et plus stables, ce qui facilite la maîtrise de la ration et limite les risques métaboliques. » Son analyse peut être utile pour maîtriser les niveaux de calcium et potassium puis affiner le calage de la ration.
Depuis cinq ans, le Gaec du Pressoir surveille l'acidification de la ration grâce au contrôle du pH urinaire et des corps cétoniques des vaches en préparation au vêlage. « L’objectif est d’avoir une ration à Baca négative, pour limiter les risques métaboliques au vêlage », expliquent les éleveurs. Si besoin, ils ajustent la ration avec du chlorure de calcium. Cela implique de tout peser. En général, ils apportent une ration de base pour toutes les taries et complètent ensuite pour les vingt-cinq derniers jours avant vêlage. « Comme les lots en préparation au vêlage ne comportent souvent que huit vaches et que cela fait donc de petites quantités à apporter, nous distribuons parfois la ration pour deux jours, ce qui dilue les erreurs. » Et de poursuivre : « Depuis que nous utilisons la paille broyée et que nous veillons à avoir une Baca négative, la production a augmenté de deux kilos et il y a rarement des fièvres de lait. »
Broyage tous les trois mois
La paille est issue de l’exploitation. Après l’avoir ensilée, le Gaec fait désormais appel à la Cuma La Cigale, qui dispose d’un broyeur avec différentes grilles pour un broyage plus ou moins fin et propose le broyage pour un coût de 242 €/h + 50 € de forfait déplacement. « Nous ramassons la paille en botte, puis la Cuma vient la broyer, environ tous les trois mois », explique l’éleveur. Le rythme pour la paille broyée pour l’alimentation est de 10 t/h, avec un broyage à 2 cm. La paille est conditionnée en big bags. « Le seul inconvénient est la poussière qui se dégage lors du broyage », estime Jocelin. Ponctuellement, quand ils sont à court de paille broyée, les éleveurs ont parfois encore recours à l’ensilage.
Également pour les génisses et en litière
« Les génisses reçoivent de la paille dès la naissance pour développer leur capacité d’ingestion, détaille Jocelin Lenoir. Jusqu’à 6 mois, elles ont de la paille entière. Puis nous passons à la paille broyée, sauf l’été lorsque les génisses sont sur l’autre site où les silos sont fermés et où il n’y a pas de mélangeuse. » Les vaches laitières, hautes productrices (40 l de lait/j), quant à elles, ne reçoivent pas de paille qui diluerait trop la ration, « mais cela reste un bon moyen de sécuriser la ration en cas de besoin », nuance Germain Néré.
La paille broyée est aussi utilisée pour la litière, avec un broyage à 4 mm. « En logettes, ce substrat se montre plus absorbant que la paille entière et il s'avère plus facile à mélanger en système lisier. »
Mise en garde
Une mauvaise qualité de paille peut entraîner une baisse d’appétence et un risque de mycotoxines. Il faut s’assurer de la bonne conservation de la paille, sous un hangar au sec, et privilégier la bonne paille pour l’alimentation et le couchage des laitières et des taries. « En 2024, du fait des conditions humides de l’année, il ne faut garder que la bonne paille pour l’alimentation et restituer au sol celle de moindre qualité, insiste Germain Néré. Pour ceux qui auraient des stocks de 2023, il faut privilégier cette paille pour l’alimentation. »
Plusieurs techniques de broyage
Le broyage de la paille peut être réalisé par un prestataire de broyage à la ferme. La qualité de hachage est alors très bonne et la consommation optimisée. Une autre solution est l’ensilage, qui permet aussi une bonne qualité de hachage. La paille ensilée peut être stockée en vrac, solution la moins coûteuse (25 €/t) mais qui nécessite de la place, ou pressée en bottes carrées. La difficulté est parfois de trouver un prestataire qui accepte de le faire, du fait des risques d’incendie et parce que les intervenants sont alors occupés par les moissons. Une autre possibilité, la plus fréquente, est le broyage sous flèche (broyeur sous la presse), qui produit toutefois une paille broyée moins homogène, pouvant entraîner du tri. Enfin, une nouveauté proposée par certains prestataires est un broyeur positionné devant le tracteur, avec une goulotte qui ramène la paille broyée vers la presse en bottes carrées à l’arrière du tracteur.