La fièvre Q occasionne bien plus que des avortements
Si plus de la moitié des éleveurs de bovins connaissent la fièvre Q, son impact est souvent sous-estimé. Au-delà des avortements, l’infection peut entraîner des troubles de la reproduction et respiratoires.
Si plus de la moitié des éleveurs de bovins connaissent la fièvre Q, son impact est souvent sous-estimé. Au-delà des avortements, l’infection peut entraîner des troubles de la reproduction et respiratoires.
Dans l’hexagone, près d’un tiers des troupeaux de bovins ont des animaux séropositifs à la fièvre Q. « Le plus souvent, l’infection est asymptomatique, note Raphaël Guatteo, d’Oniris. Mais dans sa forme clinique, elle entraîne des troubles de la reproduction. L’avortement est le signe le plus rapporté, mais l’impact peut aller bien au-delà. » Veau mou, mortinatalité, infertilité, non-délivrance, troubles respiratoires, etc. sont autant de symptômes causés par la bactérie responsable de la fièvre Q.
La fièvre Q est notamment incriminée dans la survenue de veaux mous, chétifs ou de mortinatalité (Mock et al, 2021). Une étude terrain d’Inrae-Oniris et du GDS Grand Ouest sur 84 élevages, soit 4 800 bovins, montre aussi que les vaches séropositives pour Coxiella burnetii ont un risque augmenté de non-délivrance.
D’importants troubles de la fertilité
La maladie augmente aussi les cas d’infertilité. Lors d’un essai en Espagne sur plusieurs centaines de vaches infectées, il a été rapporté un gain de 11,8 points de fertilité à la première IA et de 14 jours en IV-VIF pour les vaches vaccinées contre la fièvre Q. Une autre étude espagnole montre une baisse de 13,8 points du taux de vaches non gestantes après trois IA et de 7,8 points du taux de mortalité fœtale chez les vaches vaccinées. En France, l’étude dans le Grand Ouest a montré une baisse de 50 % du risque de retour en chaleur tardif après la première ou la deuxième IA chez les génisses vaccinées.
Des vétérinaires rapportent aussi des endométrites rebelles aux traitements classiques et une amélioration suite à la mise en place de mesures de maîtrise de la fièvre Q. « En cas d’endométrites, notamment rebelles au traitement, la fièvre Q doit faire partie des hypothèses », estime Raphaël Guatteo. L’impact potentiel sur la fertilité des mâles reste par contre non étudié, bien que la bactérie ait été mise en évidence dans le sperme.
Des problèmes respiratoires
Des troubles respiratoires de type pneumonie ou syndrome grippal sont décrits lors de reproductions expérimentales de la maladie. « De plus, chez l’Homme, les principaux symptômes de la fièvre Q sont respiratoires », souligne le vétérinaire. Bien que C. burnetii ait été mise en évidence sur des vaches présentant des taux de cellules élevés et que le lait soit la voie d’excrétion la plus fréquente de la bactérie, l’implication de la fièvre Q lors de mammites n’a par contre jamais été démontrée.
En bovin, une seule infection expérimentale de la fièvre Q a été réalisée en France, sur douze génisses de 8 à 11 mois (Plommet et al, 1973). Dans les 24 à 48 heures après l’inoculation, toutes les génisses ont souffert d’hyperthermie importante et d’une pneumonie d’évolution rapide avec guérison spontanée dans les sept jours. « Dans la phase chronique, deux génisses ont avorté et trois sont restées stériles », rapporte le vétérinaire.
La fièvre Q responsable d’un avortement sur dix
L’enquête dans le Grand Ouest a montré que les avortements étaient plus nombreux chez les vaches séropositives à la fièvre Q. L’observatoire des causes d’avortement chez les ruminants (25 départements) confirme qu’en 2017, 2018 et 2019, la fièvre Q a été la deuxième cause d’avortement : 9,7 % des cas élucidés, derrière la néosporose (15,4 %). Les études montrent aussi que la bactérie est détectée à tous les stades d’interruption de gestation et toute l’année. « Il faut penser à la fièvre Q chaque fois qu’il y a une interruption de la gestation ou un retour en chaleur tardif », insiste Raphaël Guattéo.
Des risques multipliés chez les bovins infectés
Par rapport à des bovins non infectés, la fièvre Q multiplie les risques de rétentions placentaires par 1,5.
Le risque d’incidence élevée de métrites/endométrites est multiplié par 2,5.
Pour la fertilité, la fièvre Q a plusieur conséquences : diminution de la réussite IA, repeat breeding, retour en chaleur tardif, mortalité fœtale précoce.
Les risques d’avortements sont 2,5 plus élevés.
Le risque de mortalité périnatale est lui aussi accru.
Définition
La fièvre Q est une infection bactérienne due à Coxiella burnetii, bactérie à localisation intracellulaire ayant une forte affinité pour l’appareil reproducteur.
Côté web
Le site comitefievreq.com regroupe des fiches pratiques à destination des éleveurs.