La brumisation, un petit confort supplémentaire
Couplée à une ventilation efficace, la brumisation peut réduire la température de quelques degrés. Mais, l’effet réel des différents systèmes, au niveau de la vache, est assez mal connu.
Couplée à une ventilation efficace, la brumisation peut réduire la température de quelques degrés. Mais, l’effet réel des différents systèmes, au niveau de la vache, est assez mal connu.
Le jeu de mots est un peu facile. Mais, reconnaissons-le, le monde de la brumisation est quelque peu nébuleux. C’est un des rares domaines techniques où aucune étude ou essai ne s’est penché sur la réelle efficacité des équipements proposés ou sur la meilleure manière de les configurer dans une stabulation… Des fournisseurs annoncent des réductions de température de 8 à 10 °C. Jacques Capdeville, spécialiste de l’ambiance des bâtiments à l’Institut de l’élevage, avance des performances beaucoup plus modestes. « Avec une brumisation bien faite, c’est-à-dire une complète transformation des très fines gouttelettes d’eau en vapeur, dans un air sec, on peut obtenir une baisse de température de 1,5 à 2 °C. Dans le meilleur des cas, le ressenti au niveau de la vache sera peut-être de 3 à 4 °C. Rajouté à une ventilation rapide, qui permettra un ressenti de 5-6 °C de moins, ça commence à être conséquent. Installer une brumisation, sans qu’elle ne soit couplée à un flux d’air, est une erreur technique. Il faut d’abord améliorer le confort par la ventilation. La brumisation n’est que le plus final. »
L’étude sur les équipements de lutte contre le stress thermique, qui démarre ce printemps pour deux ans, permettra d’y voir un peu plus clair. Des mesures précises seront réalisées. En revanche, une chose est certaine : vaporiser de l’eau dans un air déjà très chargé en humidité est pire que tout. « La combinaison la plus pénible pour une vache, c’est une température et une humidité élevées, rappelle Jacques Capdeville. Le mode d’emploi de la brumisation n’est pas bien connu et surtout pas bien respecté. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux des séquences courtes et fréquentes que des séquences trop longues qui risquent de faire couler de l’eau sur le sol et les animaux. »
Les techniques de brumisation en stabulation reposent soit sur des rampes de buses qui parcourent le bâtiment dans sa longueur, soit sur des systèmes installés autour des ventilateurs. Les rampes à basse pression sont à exclure car les gouttes sont trop grosses pour pouvoir s’évaporer entièrement avant de retomber sur le dos des animaux. Les rampes à haute pression (plus de 50 bars) crachent des microgouttelettes qui s’évaporent instantanément en prélevant des calories dans l’air, qui ainsi se refroidit.
Si les composants se ressemblent (voir ci-contre), les configurations des installations proposées, justifiées par des argumentaires parfois contradictoires, posent davantage question. Certaines sociétés reconnaissent à mi-voix que les projets sont souvent faits en fonction du budget de l’éleveur et des offres concurrentes. Le secteur est très concurrentiel. D’un côté, pour faire simple, on trouve des spécialistes de la ventilation, qui ont une offre couplée. Ils sont distribués par un réseau de concessionnaires qui peuvent assurer la pose si l’éleveur le souhaite. De l’autre, il y a des sociétés spécialisées dans la brumisation, qui opèrent souvent directement sur Internet et commercialisent des kits à poser soi-même. Voici quatre exemples d’équipements qui reflètent la gamme des systèmes que l’on trouve sur le marché.
Agriest Élevage ne propose « jamais de brumisation seule sauf en salle de traite et aire d’attente, affirme Anthony Ginès, commercial. Avec la ventilation, on abaisse la température ressentie par les animaux de 4 à 5 °C et, quand la température dépasse 27-28 °C, la brumisation apporte un supplément de confort en refroidissant l’air pulsé. » La brumisation est assurée par une couronne de 8 buses fixée à l’avant des ventilateurs. Les buses sont montées sur un tuyau polyamide. Tous les ventilateurs sont équipés afin de « ne pas créer de disparité de confort dans le bâtiment ». Idéalement, un bâtiment à logettes devrait être équipé de deux rangées de ventilateurs, une par couloir de raclage, sachant qu’un ventilateur est efficace sur une surface de 15 x 15 m. Pour un bâtiment équipé de 8 ventilateurs, le surcoût de la brumisation est de l’ordre de 5 000 euros. « Ce qui coûte le plus cher, c’est le module haute pression et le système de gestion. Équiper un ventilateur sur deux d’une couronne de buses n’apporterait pas un gain énorme. » Un contrôleur de température assure la régulation de l’ensemble. Une sonde hygrométrique peut être intégrée à ce système de régulation pour empêcher la brumisation de démarrer au-delà d’un certain seuil d’humidité.
La société Orela équipe également ses ventilateurs d’une option brumisation, mais de conception complètement différente. L’eau est amenée jusqu’au ventilateur en basse pression. Elle est projetée sur un disque qui tourne à 3 000 tours/min et la pulvérise en gouttelettes de moins de 10 microns. Par rapport à de la haute pression, le risque de bouchage est moins important lorsque l’eau est chargée en calcaire par exemple. « Le brassage d’air reste la priorité, affirme Jean-Marc Cazée, chef produits Orela. C’est la vitesse de l’air qui créé le plus de confort. Il peut être amélioré par la brumisation. Mais, contrairement à un bâtiment volailles, dans une stabulation ouverte et de grand volume, où l’air n’est pas canalisé, il est difficile de faire chuter la température de 5 à 7 °C car on n’amène pas assez d’eau. Dans les meilleures conditions, on gagne 2 à 3 °C en température ressentie et on apporte un peu d’humidité sur l’animal qui souffre de la chaleur. Le kit installé sur le brasseur est plus efficace qu’une rampe seule car il propulse l’eau dans le flux d’air. » En général, seuls les brasseurs d’air de la zone de raclage-alimentation sont équipés. Le coût de l’option brumisation pour quatre ventilateurs est de 2 500 euros.
La société Hydroclean, spécialiste de la haute pression (lavage…) propose une offre couplée de ventilation et rampes de brumisation à haute pression tout inox (tuyau, câble de suspension, buses). « Jusqu’à 13-14 mètres de largeur, on installe une seule ligne de ventilateurs et, au-delà, on passe sur deux lignes, explique Olivier Léon, directeur commercial. Les ventilateurs sont installés 1,80 m au-dessus du dos des vaches et la rampe de brumisation 50 à 70 cm au-dessus des ventilateurs. Les buses sont montées à droite et à gauche du tube et inclinées de 150 degrés pour qu’elles brumisent vers le bas. Nous mettons une buse par vache, d’un débit maximum de 10 l/h. Elles sont réparties sur les rampes sans dépasser 3 mètres entre buses. » La pompe peut être équipée de deux sorties, l’une pour la brumisation, l’autre pour le lavage, mais ne sont pas utilisables simultanément. Le coût de l’ensemble (ventilateurs et brumisation) est de l’ordre de 250 euros par vache. La société indique un coût de fonctionnement de 4,5 €/VL pour la ventilation et autant pour la brumisation (1 € d’électricité et 3,5 € d’eau).
La société Brumest commercialise directement par Internet des kits de brumisation haute pression (70 à 80 bars). « Nous recommandons d’installer une ligne au-dessus du cornadis, avec une buse tous les mètres, pour créer un tunnel de brume sur 3 mètres de largeur, qui abaisse la température de 8 à 10 °C et sous lequel les animaux vont pouvoir continuer à manger. Plus la brumisation va être dense, plus la température va baisser », explique Deny Simon, son PDG. Le kit, pour équiper un cornadis de 40 mètres, coûte 2 500 euros. « Nous pouvons faire deux rangées de buses, ajoute-t-il. Nous proposons aussi de la ventilation. Mais tout est une question de budget. Si nous installons des ventilateurs où si l’éleveur est déjà équipé, nous mettons des couronnes de 8 à 10 buses devant les ventilateurs plutôt que des lignes. Pour un cornadis de 100 m de long, avec 8 ventilateurs, il faut compter 10 000 € pour l’ensemble ventilation et brumisation. »
Des kits prêts à installer
Tous les systèmes de brumisation comprennent à peu près les mêmes composants. Le groupe comprend un filtre à cartouche, une pompe, une temporisation (qui peut être asservie à des sondes de température et d’hygrométrie) et divers accessoires ou options. Il est souvent livré pré-monté dans une armoire prête à connecter au réseau électrique et à l’arrivée d’eau.
Pour la pompe, la technologie radiale est préférable à la technologie axiale car elle permet un fonctionnement en continu. Les pompes axiales sont plutôt réservées à la brumisation en salle de traite, plus ponctuelle. Les canalisations sont soit en polyamide soit en inox. Ces dernières sont nettement plus chères. L’inox a sans doute l’avantage de la longévité. La rigidité des tubes les rend plus faciles à poser en rampe et les raccordements sont plus rapides à faire. Les buses sont soit en laiton nickelé soit en inox et munie ou pas d’un anti-gouttes. Elles sont vissées sur des portes buses pour pouvoir les démonter en cas de bouchage. Une installation de brumisation demande un minimum d’entretien : vidange du groupe selon les préconisations, purge des circuits avant l’hiver et, idéalement, démontage et nettoyage des buses.
La qualité de l’eau est essentielle pour le bon fonctionnement d’une brumisation haute pression. Les eaux ferrugineuses ou chargées en calcaire doivent être traitées en amont pour éviter un bouchage de l’installation. Le filtre livré avec le kit n’est pas suffisant. En présence de calcaire un adoucisseur est indispensable. Ce qui représente un coût supplémentaire assez important (1 500 à 2 000 €).
Brumiser pour chasser les mouches pendant la traite
L’aire d’attente et la salle de traite sont des lieux où la brumisation a son utilité, principalement pour chasser les mouches et calmer les vaches. Comme pour la stabulation, les recommandations d’installation sont diverses. Deny Simon (Brumest) préconise de mettre une ligne, équipée de buses tous les 50 cm, à l’entrée de la salle de traite pour créer un rideau de brume orienté vers l’aire d’attente, qui empêche les mouches d’entrer tout en évitant de mettre du brouillard dans la salle de traite. « Il faut la lancer 10-20 mn avant l’entrée des vaches car ce sont elles qui amènent les mouches », recommande-t-il.
« Nous proposons des kits avec une pompe axiale, moins chère que la pompe radiale, et du tuyau polyamide qui permet de faire le circuit que l’on souhaite », indique Anthony Ginès (Agriest). « Nous avons des kits de 15, 20 ou 40 buses de 5 l/h à monter sur un tuyau flexible. Dans une salle de traite de 5-6 mètres de largeur, on met soit une ligne au milieu qui brumise des deux côtés soit une ligne le long de chaque mur qui crache vers le milieu et on prolonge vers l’aire d’attente », explique Olivier Léon (Hydroclean). Jean-Marc Cazée (Orela) ne recommande pas de « ramener de l’eau dans une salle de traite où il y a beaucoup d’électricité et d’électronique, mais plutôt de ventiler et de réserver la brumisation à l’aire d’attente ». Un kit salle de traite d’une vingtaine de buses coûte entre 1 500 et 2 500 €.
Lire aussi l'article Comment lutter contre le stress thermique sur le plan alimentaire
Lire aussi l'article "Nous avons minimisé l'impact du stress thermique pour nos 110 laitières"
Lire aussi l'article La-brumisation-un-petit-confort-supplementaire
Lire aussi l'article Les-cles-pour-bien-choisir-ses-ventilateurs
Lire aussi l'article Thermotool-une-application-de-gestion-du-stress-thermique
Lire aussi l'article Le-stress-thermique-plombe-la-fertilite-de-10-points
Lire aussi l'article Les-vaches-souffrent-de-stress-thermique