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« J’investis par étape pour pouvoir travailler seul », affirme Mickaël Maugan

En Mayenne, Mickaël Maugan s’est installé en individuel après des tiers en 2016. Il a ciblé ses investissements pour piloter seul son exploitation.

Travailler avec des animaux et être son propre patron, tel était le double objectif de Mickaël Maugan lorsqu’il s’est installé en production laitière sur la commune de Ménil en Mayenne. « Je voulais m’installer seul parce que je sais que je ne suis pas toujours facile », admet-il en souriant.

Non issu du milieu agricole, Mickaël a complété ses études (BTS Acse et certificat de spécialisation en machinisme agricole) par une solide expérience professionnelle au sein d’un service de remplacement et comme salarié dans une ETA. En octobre 2016, le projet devient réalité. Le troupeau laitier des cédants est conservé. En revanche, les 30 vaches allaitantes ont été remplacées par 25 Prim’Holstein achetées par Mickaël pour recentrer l’activité sur le lait.

Seul sur son exploitation et occupé environ deux jours par semaine par la coprésidence des JA, Mickaël Maugan cherche avant tout à rationaliser au mieux son travail d’astreinte. Notons qu’il bénéficie d’une journée de remplacement par semaine dans le cadre de ses responsabilités syndicales.

Sa première priorité a été de passer d’une salle de traite 2x3 en 2x6 avec sortie rapide et le moins de surface de lavage possible pour gagner en cadence et confort de travail. Mais aussi de refaire la laiterie. « Quand je trayais avec la 2x3, cela me prenait 2h30 le matin et autant le soir. J’y passais 35 heures par semaine. Depuis que j’ai ma nouvelle installation, cela ne me prend plus qu’une heure matin et soir. »

Un équipement de traite acheté d’occasion

 

 
Pour gagner en cadence de traite, Mickaël va passer dès d’ici un an ou deux en 2 x 10. La maçonnerie est prête et les postes supplémentaires sont déjà achetés. © F. Mechekour
Pour gagner en cadence de traite, Mickaël va passer dès d’ici un an ou deux en 2 x 10. La maçonnerie est prête et les postes supplémentaires sont déjà achetés. © F. Mechekour

 

Prudent côté finances, le jeune installé a mis la main à la pâte pour limiter les coûts de construction. Il a acheté un équipement de traite d’occasion évolutif  (2x10 postes). « Avec une 2 x 6, j’attends les vaches. Pour gagner en cadence de traite, je vais installer d’ici un an ou deux les quatre postes supplémentaires. »

Pour rationaliser le travail, la nouvelle salle de traite et la laiterie ont été construites dans le prolongement de la stabulation des vaches. Le couloir d’exercice fait office de parc d’attente. « Je n’ai pas besoin de le nettoyer. Cela me permet d’économiser du temps et de l’eau et les vaches sortent rapidement », apprécie l’éleveur. En revanche, il ne peut pas voir ce qui se passe dans le parc. « Si besoin, il suffira d’installer une caméra comme c’est souvent le cas », précise Jean-Marc Pilet, de la chambre d'agriculture de la Mayenne.

L’option robot de traite n’est pas envisagée. « Si je devais robotiser une tâche, j’investirais plutôt dans un robot d’alimentation qui désile. La configuration du site le permet. »

Traire le moins de vaches possible 

Le maintien d’un troupeau à 9 000 kilos est également une priorité. « Mon but est d’avoir le moins de vaches possible à traire pour produire ma référence. » Pour y parvenir, Mickaël a opté pour le zéro pâturage et la distribution d’une ration complète toute l’année. « J’ai peu de surfaces accessibles. Il y a beaucoup de passage sur la route le matin et le soir quand les gens partent au travail. Et je n’ai pas envie de retrouver des vaches sur la nationale. »

Les aides du département pour construire un boviduc ne pèse pas suffisamment dans la balance. « Mes silos étant proches des bâtiments, je gagne du temps par rapport à la solution avec du pâturage. »

La ration des vaches en production est assez classique : 13 kg MS d’ensilage de maïs, 6 kg MS d’ensilage d’herbe, 3 kg de correcteur azoté (2/3 de tourteau de soja et 1/3 de tourteau de colza), 200 g de minéral et 50 g de sel. « En hiver, il m’arrive de rajouter 2,5 kg de VL pour les fraîches vêlées. »

Garder des vaches à 9 000 kilos nécessite également de bien gérer la reproduction. D’où le choix d’investir 7 000 euros dans un outil de monitoring dédié à la détection des chaleurs en 2019. « Certaines lactations étaient trop longues. Les chaleurs étaient peu visibles et je manquais de temps pour bien les observer. »

Vaccination des vaches contre les mammites

 

 
Un système de monitoring pour détecter les chaleurs a été acheté en 2019 avec pour objectif de gagner du temps et ne plus sortir le soir.  © F. Mechekour
Un système de monitoring pour détecter les chaleurs a été acheté en 2019 avec pour objectif de gagner du temps et ne plus sortir le soir. © F. Mechekour

 

L’éleveur a acheté 25 colliers. Il les pose après le vêlage et jusqu’à ce que la vache soit confirmée pleine à l’échographie. « Je consulte mon ordinateur le matin et le soir. Et j’appelle directement l’inséminateur quand il y a une alerte chaleurs. »

Des problèmes de cellules et mammites liés en grande partie aux conditions de logement des vaches (pas assez de surface d'aire paillée par vache) ont conduit Mickaël Maugan à les vacciner contre les mammites. « J’utilise les deux vaccins depuis un an. »

L’aménagement de la stabulation en logettes et l’installation de niches collectives à l’extérieur pour les veaux sont envisagés à court terme pour améliorer la situation sanitaire du troupeau.

Délégation de la plupart des travaux de culture

Sur les 58 ha de SAU, une trentaine sont réservés à l’ensilage de maïs et 18 ha à la culture de blé. Mickaël délègue l’épandage de fumier, le pressage, les ensilages et moissons à une ETA. S’il prépare le sol, les semis de maïs sont délégués à une Cuma. « J’ai acheté un tracteur de 145 ch avec un voisin au prorata de nos surfaces. Je m’en sers pour faire les semis de blé et préparer la terre pour les semis de maïs. »

À retenir

55 Prim’Holstein à 9000 kg
Référence 400 000 litres de lait
58 ha dont 40 ha de SFP
Pas de salarié
Investissement dans un équipement de traite 2 x 6 postes
Silos et troupeau regroupés sur un site compact
Délégation des travaux à une Cuma et ETA

Avis d'expert : Jean-Marc Pilet, chambre d’agriculture de la Mayenne

« Améliorer désormais le logement des vaches »

 

 

« Mickaël Maugan a fait en sorte d’optimiser ses conditions de travail pour pouvoir gérer seul son exploitation. Pour ne pas se mettre dans le rouge au niveau de la trésorerie, il n’a pas hésité à décaler certains investissements moins urgents. Il a commencé par investir dans une salle de traite 2x6 en épi, d’occasion mais évolutive en nombre de postes. L’aménagement du site limite les pertes de temps pour soigner les animaux. Les silos sont proches du bâtiment des vaches laitières et des génisses et faciliteront une éventuelle automatisation de l’alimentation. Tous les animaux sont regroupés sur le site. L’évolution vers un système logettes en tout ou partie lisier permettrait d’améliorer l’aspect sanitaire (gain de places) et sans doute de gagner du temps. Mais cela nécessitera des modifications au niveau de la stabulation (aire paillée). Sauf agrandissement, cette dernière n’est en effet pas assez profonde (12 m dont seulement 8 m de couchage) pour pouvoir mettre trois rangées de logettes. Et avec cette option on perdrait un tiers de place à l’auge mais que l’on pourra récupérer en partie le long du bloc traite neuf. »

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