Ration vaches laitières : « Je lis dans les bouses l’efficacité de la ration »
Samuel Hervy, éleveur à Carentoir dans le Morbihan, fait régulièrement des analyses de bouses grâce à un outil de tamisage, pour optimiser les rations de ses vaches laitières.
Samuel Hervy, éleveur à Carentoir dans le Morbihan, fait régulièrement des analyses de bouses grâce à un outil de tamisage, pour optimiser les rations de ses vaches laitières.
La ration prédit, la bouse dit… Les déjections sont le reflet de la digestion. Si la quantité de lait et les taux traduisent la valorisation de la ration, l’analyse des bouses apporte un complément d’information sur la santé digestive et l’efficacité alimentaire des vaches. Leur aspect visuel donne de premières indications. Mais, pour faire pleinement parler les bouses, il faudra passer par un tamisage et une analyse des résidus.
C’est la démarche qu’a entreprise Samuel Hervy, qui gère un élevage de 300 vaches avec son associé Romain Cheval. « En quelques années, nous sommes passés d’une moyenne d’étable de 8 500 litres à plus de 10 800 litres », retrace-t-il. Pour cela, les deux éleveurs ont travaillé sur l’équilibre et l’optimisation de leur ration. « Nous voulions progresser tout en contenant le coût, explique l’éleveur. À travers le tamisage de bouses, nous avons vu qu’il était possible d’améliorer encore l’efficacité alimentaire. » L’élevage recourt d’ailleurs régulièrement à cette pratique, notamment pour s’assurer de l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la ration.
« L’analyse des bouses est simple et rapide. Elle nous permet de nous conforter dans nos pratiques et de confirmer que la ration est valorisée au mieux, apprécie Samuel Hervy. C’est encore plus important dans le contexte actuel de flambée du prix des aliments. »
Une telle analyse est recommandée en cas de sous-valorisation de la ration. « Par exemple, si le calcul de ration annonce 9 000 kilos et que les vaches n’en produisent que 8 000 kilos », illustre Nicolas Chérel, de Phileo by Lesaffre. Il peut être également pertinent d’y recourir avant et après une transition, par exemple entre deux millésimes de maïs.
Ce qui se passe dans le rumen se lit dans les bouses
Dans les bouses, se trouvent les résidus de la digestion. S’il y en a trop, cela veut dire qu’une grande quantité d’éléments nutritifs n’a fait que transiter, sans être valorisée. « C’est le cas avec des grains de maïs non éclatés, poursuit Nicolas Chérel. Pour l’année en cours, il est trop tard pour y remédier, mais cela appelle à une plus grande vigilance quant au réglage de l’ensileuse à la prochaine récolte. » Moins le fourrage sera digestible, plus il y aura de résidus. Cela peut être le cas cette année avec des maïs secs et très riches en cellulose.
Les bouses peuvent aussi contenir des grains éclatés. Cela traduit que la ration manque de protéines ou que l’amidon n’est pas disponible. Cela peut être notamment le cas avec un ensilage distribué trop rapidement après la récolte.
Il est aussi possible d’y retrouver du mucus intestinal. « C’est le signe que la ration est trop riche en amidon. Pour se protéger d’un excès d’amidon, l’intestin va sécréter ce mucus. Sa présence dans les bouses est la traduction d’un statut inflammatoire », explique Nicolas Chérel.
Une vache en subacidose émettra des bouses liquides avec beaucoup de résidus car le pH trop bas perturbe la flore ruminale et la digestion s’avère moins complète.
À l’inverse, des bouses présentant trop peu de résidus traduisent une moindre valorisation de la ration. Moins de 10 % de résidus sur la grille de 2 mm indique que les vaches auraient pu ingérer plus. « Pour l’analyse des résultats, il faut évidemment tenir compte de la catégorie d’animaux et de leur ration, précise Nicolas Chérel. Sur des vaches en préparation au vêlage par exemple, c’est logique qu’il y ait plus de résidus car la ration contiendra de la paille ou du foin pour le maintien de la capacité d’ingestion. »
Une application pour faciliter l’analyse de bouse