Aller au contenu principal

Installation en élevage laitier : « Installée hors cadre familial en Gaec, je travaille à mi-temps »

L’élevage laitier a été un nouveau souffle pour Alexandrine Bastien. Après un parcours du combattant, elle est désormais installée en Gaec avec son mari et un tiers dans la zone de l’AOP Beaufort. Afin de concilier ses objectifs de vie, elle travaille à mi-temps sur la ferme.

Si elle n’est pas originaire du coin mais des Ardennes à 800 km de là, Alexandrine Bastien a répondu à « l’appel de la montagne, de l’altitude ». Installée dans la zone de l’AOP Beaufort, elle s’affiche fièrement devant son troupeau de 65 tarines qui vivent tous les ans l’emmontagnée, la montée en alpage. « Nous nous devons de conserver la race locale et l’identité de la région », estime-t-elle.

Retrouvez le témoignage de Clément Nédellec dans le Gers  : « J’ai monté mon atelier lait de toutes pièces »

Investie dans la vie locale, elle a pris la présidence du groupement intercommunal de développement agricole (Gida) de Tarentaise qui agit pour le renouvellement des générations et l’a aidée dans son parcours. En plus de la ferme où elle travaille à mi-temps, elle exerce le métier de masseuse pour garder du lien humain.

Une longue reconversion

Ancienne aide-soignante en hôpital public, son parcours à l’installation réalisé avec son mari Cyril, poseur menuisier mais avec un bac agricole en poche, n’a pas été simple. Loin de là. Une première chance malgré tout. À la suite d’un burn-out, en 2016, son employeur accepte de financer son BPREA d’une durée de dix mois.

Je ne voudrais pas d’un autre parcours. J’apprécie ce que j’ai. Il ne faut pas être pressé pour s’installer.

Commence les démarches auprès du Répertoire Départ Installation de la Chambre d’agriculture Savoie-Mont-Blanc. Une exploitation dans la vallée de la Maurienne attire leur attention. Cyril part y réaliser un stage de pré-installation financé par la région. Le courant passe bien tant à la ferme qu’aux alentours. Au bout de huit mois, c’est la désillusion : malgré ses 68 ans et son inscription au RDI, le cédant n’a pas l’intention de partir. « Ses vaches, c’était sa vie. »

Rebondir malgré les échecs

Retour à la case départ et feuilletage du RDI. De l’autre côté du col, dans le Beaufort, une exploitation semble correspondre. La chambre d’Agriculture y croit aussi. Cyril repart pour neuf mois de stage de pré-installation grâce à une dérogation (la durée est normalement limitée à 12 mois au totale). Alexandrine est alors en congé maternité. La situation de l’exploitant et de son entourage est confuse. Rien ne se passe comme prévu. La famille préfère couper court à l’expérience.

Retour dans les Ardennes. « Nous nous sommes demandé si nous n’allions pas reprendre nos vies d’avant ou se tourner vers le salariat agricole », se souvient Alexandrine Bastien.

 

 

De retour en Savoie, le couple apprend l’existence du Gida et de son parcours cédant-repreneur. S’ils avaient en tête de reprendre à eux deux une exploitation, ils acceptent de tenter l’expérience de l’association en Gaec. « Avec Bruno, nous avons découvert une exploitation qui tournait bien, avec une bonne santé financière. » Depuis de nombreux mois, l’éleveur fait tourner avec un salarié, sa ferme suite au départ en retraite de ses deux associés. Un an et demi après, le couple s’installe en mai 2018.

 

 
Alexandrine et Cyril Bastien avec leur associé Bruno en zone AOP Beaufort : « Nous gagnons moins qu’avant mais on vit bien mieux »
Alexandrine et Cyril Bastien avec leur associé Bruno en zone AOP Beaufort : « Nous gagnons moins qu’avant mais on vit bien mieux » © A. Bastien

L’achat des parts sociales s’élève à 58 000 euros pour chacun des deux nouveaux associés. « Nous avons eu de la chance. Cette somme n’est pas du tout représentative des prix d’ici, se réjouit Alexandrine. Mais il faut que les cédants y mettent du leur, sinon ils ne trouveront jamais de repreneur. Une exploitation n’a de valeur que si quelqu’un veut bien la reprendre. »

Quelques investissements sont réalisés : un DAL pour les veaux, le remplacement de la chaîne du racleur et un nouveau tracteur plus adapté à la pente. Les DJA sont assez élevées en hors cadre et zone de montagne : presque 50 000 euros chacun.

Un travail à mi-temps et une double activité

Pour Alexandrine, il était important de garder un équilibre de vie et du lien humain. Alors, elle travaille à mi-temps à la ferme pour pouvoir exercer son autre métier de masseuse. « Nous partageons le bénéfice selon le temps de travail effectif et non les parts sociales, à 40 %, 40 % et 20 % pour moi », explique-t-elle. Cette double activité est un choix personnel. « Quand nous nous sommes installés, nous avons dû justifier de trois revenus. Nous sommes capables de les faire. Je pourrais travailler à temps plein sur la ferme. »

Fiche élevage

3 associés

AOP Beaufort

65 vaches et leur suite

70 hectares de pâture ou fauche

Le saviez-vous ?

Le parcours cédant-repreneur du groupement intercommunal de développement agricole de Tarentaise comprend deux phases. Une première de six mois de découverte lors de laquelle le potentiel repreneur parcourt plusieurs fermes du territoire. Une seconde phase, où le repreneur se positionne sur une exploitation à reprendre où il effectue six mois de stage. Le financement est assurée par le Gida et la coopérative laitière de Moutier.

Les plus lus

<em class="placeholder">Christian et Bernard Le Corre : « Nous cherchons à produire le plus de lait possible avec de l’herbe et sans concentrés. »</em>
Revenu : « Nous dégageons plus de 4 Smic par UMO avec du pâturage toute l’année en système laitier bio dans le Finistère »

Au Gaec Le Corre, dans le Finistère, l’objectif est simple : optimiser la production laitière avec ce qu’offre le…

<em class="placeholder">corvidés dans un champ </em>
Corvidés : les solutions cette année pour protéger vos semis de maïs

Les corvidés trouvent dans les parcelles fraîchement semées en maïs de quoi contenter leur appétit. Entre pratiques…

<em class="placeholder">Le type de croisement viande a peu d’impact sur le résultat.</em>
Veaux laitiers croisés ou mixtes : les engraisser est-il rentable ?

Les simulations réalisées dans le cadre du projet Valoveau montrent qu’engraisser ses veaux mixtes ou croisés à l’herbe jusqu’…

Carte de la zone régulée FCO 3 à la date de jeudi 13 février 2025.
FCO 3 : la barre des 10 000 foyers en passe d'être franchie

À date de jeudi 13 février 2025, le ministère de l'Agriculture annonce 9 968 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3. La…

<em class="placeholder">vache tarie qui mange dans l&#039;auge peseuse de la ferme expérimentale des Trinottières</em>
L'ingestion des vaches taries se dote de nouveaux repères

Les résultats de trois ans d'essais à la ferme expérimentale des Trinottières sur 63 vaches taries prim'Holstein chamboulent…

Grande championne normande sia 2025
Salon de l’agriculture 2025 : Olande, vache d'Ille-et-Vilaine, grande championne du concours de la race normande

Double championne du Space puis gagnante du national de la race, Olande, vache de race normande, issue du Gaec de la Roche aux…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière