Inondations dans le Pas-de-Calais : « Notre bâtiment d'élevage n’a pas repris l’eau grâce à notre digue faite maison »
Pour la deuxième fois en deux mois, l’EARL des deux Vallées dans le Pas-de-Calais, a été frappée par la montée des eaux. Les conséquences de cette inondation sont moindres car les éleveurs ont su anticiper, mais cette nouvelle crue suscite fatigue et inquiétude.
Pour la deuxième fois en deux mois, l’EARL des deux Vallées dans le Pas-de-Calais, a été frappée par la montée des eaux. Les conséquences de cette inondation sont moindres car les éleveurs ont su anticiper, mais cette nouvelle crue suscite fatigue et inquiétude.
« La rivière a de nouveau débordé mais heureusement, j’avais sécurisé la stabulation en créant une digue d’un mètre de haut sur un mètre cinquante de large tout le long du bâtiment (80 mètres) suite aux inondations de novembre dernier », dépeint Benoît Hédin, déjà éprouvé par la première montée des eaux intervenue il y a à peine deux mois, à Brexent-Enocq dans le Pas-de-Calais. Cette digue « maison » a tenu le coup, et cette fois, l’eau n’a pas inondé le bâtiment des laitières. « Nous nous sommes fait avoir une fois, mais pas deux ! », se félicite l’éleveur à la tête d’une soixantaine de prim’Holstein et 200 hectares.
« Il est tombé un peu moins d’eau (80 mm en trois jours) que la fois précédente (120 mm dans le même laps de temps), mais le souci, c’est que la nappe phréatique affleure et qu’elle alimente la rivière en remontant », explique-t-il.
Cette fois encore, les éleveurs ont dû pomper de l’eau dans la cour de la ferme (70 m3/h), mais il n'y a aucun impact sur le troupeau. Contrairement à la première fois où la traite avait dû être interrompue 43 heures. « Après le pic de cellules, je craignais que la qualité du lait et la production ne soient pénalisées dans la durée, mais tout est revenu à la normale. Nous n’avons eu aucun souci à déplorer dans les semaines qui ont suivi. C’est impressionnant comment les vaches s’adaptent ! »
Seule l’aire paillée des génisses continue de prendre l’eau par endroits du fait de la remontée de l’eau de source qui contraint à pomper en permanence depuis novembre.
La grande inquiétude concerne désormais les cultures
La grande inquiétude concerne désormais les cultures. « Le sol prend en masse. Les betteraves ne sont pas encore arrachées. Les blés étaient beaux mais je ne sais quelle sera l’incidence du gel suite à l’excès d’eau dans le sol. C’est l’hiver le plus compliqué que je n’ai jamais connu, lâche-t-il dans un soupir qui en dit long sur son ras-le-bol. Aujourd’hui, nous sommes tous à bout moralement. Nous avons hâte que le printemps arrive et que le niveau des sources redescende.
Même si les pertes sur l’exploitation se révèlent finalement relativement limitées, la situation autour de nous nous affecte profondément », confie-t-il.
Plus que de l’argent, l'exploitant réclame surtout que des travaux (curage des fossés, désensablement de l’estuaire, etc.) soient programmés pour éviter que ces débordements se renouvellent. « Il faut absolument mettre en œuvre des solutions pérennes, sans se contenter reporter le problème plus loin. »
Si des travaux d’envergure ne sont pas mis en place, Benoît craint que la multiplication des crues ne nuise à la motivation générale. « Sur une ferme voisine sévèrement frappée par les premières inondations, un jeune s'est désengagé de la reprise et je le comprends », témoigne-t-il avec amertume.
« En attendant, espérons que la météo se montre plus clémente, conclut-il en voulant rester optimiste. Mais par précaution, je vais encore renforcer la digue. »
Des remboursements d'assurances à venir
Pour l’heure, Benoît Hédin n’a pas touché de remboursement de la part de son assureur, mais il se dit confiant suite à la visite de l’expert. « Le dossier est en cours mais je ne cherche pas à faire accélérer les choses car j’ai la trésorerie pour faire face », indique-t-il. La pompe à lait a été changée mais globalement les pertes de matériel sont limitées. « Entre les consommables et le petit équipement, elles s’élèvent à environ 10 000 euros, calcule-t-il. Nous comptons environ 10 000 litres de lait de manque à gagner sur novembre avec 30 000 l de lait livrés contre 40 000 litres habituellement. »
Le groupage des chaleurs sur les génisses dont l’insémination n’avait pas pu être faite constitue également un surcoût qui sera pris en charge. Ainsi que les heures supplémentaires réalisées par les salariés lors de la première crue.
« L’allègement des charges MSA sur le dernier prélèvement est appréciable et l’agglomération prend à sa charge le remboursement de la franchise d’assurances pour le privé et le professionnel. »