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Génétique : « Les premiers index européens prim'Holstein sont attendus pour 2027 »

Cyril Cabrol, directeur d’Eliance, officialise l’engagement d’entreprises et d’organismes de sélection génétique dans le projet d’un centre européen de calculs d’index. L’idée est de mutualiser les compétences et les outils pour rester compétitif. Races de France émet des réserves.

EBE ne prévoit pas de réduire le nombre de caractères aujourd’hui évalués : il y a ceux calculés par EBE et ceux calculés par GenEval, dans l’attente d’un calcul commun.
© F. Mechekour

En quoi consiste le projet d'évaluation bovine européenne appelé EBE ?  

« Les premiers index seront développés en prim’Holstein, ensuite suivront les autres races laitières, puis celles allaitantes, sans doute entre un et trois ans après les prim’Holstein », estime Cyril Cabrol. 

Cyril Cabrol : EBE sera un outil de calcul d’index élémentaires, comme la production laitière (lait, TB, TP), la fertilité (génisse, vache), la longévité, etc. à l’échelle européenne. Les structures engagées dans le projet pourront aller jusqu’à l’obtention d’un index européen si elles le décident, en acceptant de partager leurs données. Ou elles pourront aussi choisir de déléguer le calcul d’un index élémentaire national, avec ou sans partage de données. Les index sur des caractères élémentaires sont ensuite combinés en sous-synthèse ou en synthèse comme l’ISU. Les index de synthèse dépendent des orientations des races et des poids économiques, propres à chaque OS. Eux, seront toujours établis dans les centres de calcul nationaux. Mais nous n’en sommes pas encore au stade de la méthode utilisée pour calculer les futurs index. Les premiers index européens en prim’Holstein sont attendus pour 2027. EBE n’est même pas le nom définitif, car le projet ne compte pas que des bovins.  

Concrètement, qu’est-ce que cela changera pour les éleveurs : verront-ils de nouveaux indices apparaître, ou au contraire certains disparaître après 2027 ?  

C.B. : Il n’est pas prévu de réduire le nombre de caractères aujourd’hui évalués : il y a ceux calculés par EBE et ceux calculés par GenEval, dans l’attente d’un calcul commun. On s’attend surtout, selon accord des détenteurs des populations de référence dans tous les pays, à un partage des données sur des nouveaux caractères. Nous espérons avoir plus rapidement des index plus fiables sur les nouveaux caractères (santé, environnement, résilience…). 

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Comment est né le projet ? 

C.B. : En 2016, une réflexion a démarré pour une évaluation européenne plus efficiente en prim’Holstein, dont l’index de référence mondial est américain. En Europe, il existe par exemple un index français et un index allemand. Et les deux ne sont pas comparables. L’idée est de mettre des données et des moyens en commun pour construire et produire un index européen par caractère. Cette réflexion a démarré en races prim’Hostein, jersiaise et brune. Mais EBE concerne aussi d’autres races bovines (laitières et allaitantes) et les caprins.   

Pourquoi ce besoin de mutualiser les moyens pour créer les index ? 

C.B. : Nous constatons que les centres de calculs nationaux, qui assurent la production et le développement des index, manquent de moyens. Il faut sécuriser la main-d’œuvre, les logiciels, tout le back-office de la production. Nous savons par ailleurs que le coût de l’indexation peut grimper dans les dix prochaines années. Alors, nous, européens, voulons nous rassembler pour garder la compétitivité de nos outils face à la concurrence internationale. Le projet EBE vise à mettre en réseau les centres de calcul et à se servir des connaissances existantes. 

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En France, pour l’instant, quatre ou cinq entreprises et organismes de sélection génétique, appartenant à la fédération Eliance, se sont engagés, rejoints par des organismes de sélection tiers à la fédération. Les structures travaillent à la création d’un consortium au sein d’Eliance et vont investir quelques millions d’euros dans EBE. La porte reste ouverte aux structures qui souhaitent entrer dans le projet. La condition étant d’adhérer à Eliance, d’être accepté au sein du cercle des investisseurs et de respecter les valeurs portées par le projet. L’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne, la Suède, la Finlande et le Danemark sont les autres pays engagés dans le projet.  

 

 

« Races de France alerte sur le risque de privatisation des index » 

Laurent Griffon, directeur de Races de France, convient que le projet d’indexation européenne a un intérêt a technique à moyen terme pour les races internationales comme la prim’Hostein. Mais Races de France conteste la forme de l’actionnariat français dans EBE et n’adhère pas au consortium. Entretien.

« Quand les prim’Holstein, le brunes et les normandes indexeront au niveau européen, nous devrons trouver des activités pour GenEval, qui ne fera plus que l’envoi et la réception des données, ainsi que le calcul des index de synthèse pour ces races », annonce Laurent Griffon. 

« Le projet d’évaluation bovine européenne revêt un intérêt pour les entreprises de sélection prim’Holstein, mais il apportera dans un premier temps de très petits gains de précision d’index femelle aux éleveurs. A moyen long terme, la création du centre de calcul européen devrait permettre de gagner en force de frappe sur le plan R&D, par exemple en matière de création de nouveaux caractères. Les premiers index européens en prim’Hostein devraient sortir en 2027 ou 2028. En races allaitantes, nos organismes de sélection ne voient aucun intérêt - comme certaines races laitières d’ailleurs - à intégrer le projet dans les cinq années à venir. Si nous prenons l’exemple de la race limousine, les Français détiennent 99 % des données de ce consortium actuel européen. Il n’y aura pas d’écart avec un index européen. Alors, nous proposons plutôt de rapatrier la production des index internationaux Interbeef de la charolaise et la limousine en France à GenEval. 

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Au départ, Races de France proposait un actionnariat français porté par GenEval, l’indexeur mutualisé français, délégataire des organismes de sélection et association constitué de Races de France et d’Eliance. En allant seul dans EBE, Eliance a, pour Races de France, malheureusement mis à mal cette mutualisation au niveau des indexations des bovins lait et de tous nos ruminants. 

Races de France doute de l’intérêt économique du projet et, au contraire, estime qu’il pourrait y avoir une hausse du prix de l’indexation car la mise en place de l’EBE est coûteuse. Nous mettons aussi en garde contre le risque de privatisation des index qui partiront à l’échelle européenne. Nous craignons que les entreprises de sélection engagées dans le consortium, décident des indexations et que les organismes de sélection perdent le pilotage des index. Et ce au détriment des besoins de la filière et des programmes de sélection des OS, qui ne recherchent pas la performance économique mais à répondre aux besoins des éleveurs et de la filière. » 

 

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