Allo véto : Et si c’était du tétanos ?
Le tétanos est dû à la production d’une toxine par Clostridium tetani dans les tissus infectés. On en observe régulièrement suite à un écornage ou une castration sanglante, parfois suite à une infection du nombril.
Le tétanos est dû à la production d’une toxine par Clostridium tetani dans les tissus infectés. On en observe régulièrement suite à un écornage ou une castration sanglante, parfois suite à une infection du nombril.
Un éleveur appelle la clinique pour « une vache qui donne de moins en moins alors qu’elle est soignée depuis deux jours ». Cette vache a vêlé depuis une dizaine de jours. Elle a eu un abcès au talon au moment du vêlage, a rapidement été parée et ne boite quasiment plus. Deux jours avant ma visite, elle avait de la température, une métrite et une acétonémie élevée ; elle a eu un traitement à base d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires, un soutien du métabolisme et un drenchage. Mais sa production continue de chuter, et aujourd’hui elle donne zéro litre.
À l’examen clinique, l’anomalie majeure est une absence totale de contractions du rumen ; il n’y a pas d’autre symptôme, à part une légère métrite. On pouvait penser à une caillette déplacée, mais non, pas de « ping » caractéristique à l’auscultation du flanc gauche.
Comme elle attendait mon arrivée au cornadis, je ne l’ai pas bien regardée de loin. Je prends alors du recul et l’observe. Elle semble raide, sa queue est relevée. Repassons le cornadis. Ses oreilles sont tirées fortement en arrière. Et si c’était du tétanos ?
Le tétanos est une pathologie due à la production d’une toxine par Clostridium tetani dans les tissus infectés. Cette bactérie est surtout retrouvée dans la terre, mais elle est assez ubiquiste : elle peut également être trouvée sur les objets rouillés ou dans les intestins de certains mammifères. Cette maladie n’est pas contagieuse, elle résulte de la contamination d’une plaie.
La toxine produite provoque une contraction permanente des muscles striés. On parle de contractions tétaniques qui sont caractéristiques : la queue est relevée, les oreilles raides, la troisième paupière est apparente. On observe également une contracture permanente et involontaire des muscles de la mâchoire. Pour confirmer mon diagnostic, j’essaye avec l’éleveur d’ouvrir la mâchoire, c’est totalement impossible. Nous sommes face à un cas de tétanos.
Parfois d’autres symptômes sont observables, comme une extension de la tête et de l’encolure, une météorisation. Quand les symptômes s’aggravent, l’animal est couché sur le côté et se tient en extension, très raide. Cette vache sera incapable de se lever le lendemain de la visite et mourra très rapidement.
Il est totalement impossible d’ouvrir la mâchoire
La durée d’incubation du tétanos est d’une dizaine de jours, ce qui coïncide ici avec sa date de vêlage et son abcès au pied. Il n’est pas possible de dire si l’animal a été contaminé par son abcès au pied ou par une déchirure vaginale ou par un autre biais. Le plus souvent, quand l’animal a des symptômes, la plaie contaminée à l’origine de la maladie est cicatrisée. C’est une maladie sporadique mais courante chez les bovins. On en observe régulièrement suite à un écornage ou une castration sanglante. Il est possible de voir aussi des veaux d’une dizaine de jours atteints de tétanos, faisant suite à une infection du nombril.
Face à un animal atteint de tétanos, le pronostic est assez mauvais. Le traitement passe essentiellement par du nursing. C’est-à-dire drencher l’animal si c’est possible malgré la contracture des mâchoires, mettre sa nourriture à hauteur, lui offrir un environnement confortable. L’administration de sérum antitétanique lorsque les symptômes sont apparus est possible mais doit se faire en très grande quantité par voie intraveineuse. Il convient également de mettre l’animal sous antibiotiques.
La prévention du tétanos
La prévention passe soit par la vaccination – la valence contre Clostridium tetani est présente dans plusieurs vaccins commercialisés contre l’entérotoxémie –, soit par l’administration de sérum. Chez les bovins, elle passe le plus souvent par l’administration de sérum, qui est indispensable en cas d’écornage ou de castration sanglante, alors que chez l’Homme et les équidés, elle repose sur la vaccination.
En France, de 2012 à 2017, il y a eu 35 cas de tétanos chez l'Homme, dont 8 mortels ; tous les cas ont eu lieu chez des personnes mal ou non vaccinées. La vaccination est obligatoire chez l’enfant. À l’âge adulte, il est recommandé de se faire vacciner à 25, 45 et 65 ans puis tous les 10 ans.