« Entre deux prairies, je sème du colza fourrager »
Alain Kervern, éleveur dans les Côtes d'Armor
« J’ai un système essentiellement basé sur le pâturage. Les soixante vaches de l’exploitation disposent de 60 ares accessibles par vache. Quand je dois renouveler une prairie temporaire, je sème un colza fourrager en mai. Les vaches peuvent alors le pâturer l’été, environ deux mois après le semis, et en début d’automne, je sème la nouvelle prairie. Le colza a l’avantage de capter l’azote libéré lors du retournement de prairie. Sa racine pivotante structure le sol compacté après des années de pâture. Ses racines sont profondes et agissent comme une vraie perceuse !
Le colza s’intercale très bien entre deux cultures. Après la moisson, il m’arrive aussi parfois d’effectuer un semis d’été. Le colza se développe rapidement et étouffe les adventices. Avec un peu de chance, s’il pleut après la récolte des céréales, un pâturage au fil avant possible dès septembre.
Le colza fourrager fournit 4-5 tMS/ha. C’est une culture facile à conduire et peu coûteuse. Je ne fertilise pas et la semence me revient à 80 €/ha avec une densité de 10 kg/ha. Je sème à 2 cm de profondeur avec un semoir en ligne traditionnel. Il faut une terre assez fine. Je travaille avec un outil à dent pour avoir une terre assez fine, et je rappuie bien le sol.
Le colza est riche en feuilles et appétent. Il présente de bonnes valeurs alimentaires (ndlr : 12,7 % MS, 0,91 UFL/kg MS 19,8 % MAT au stade feuillu). Je le fais pâturer au fil avant, en avançant tous les jours. Il faut le rationner (5 kg MS/V/j maxi) car c’est laxatif et il y a des risques de météorisation. Je limite à deux à trois heures de pâturage maximum, en complément d’une autre prairie. Je n’ai jamais eu de problème. Par contre, je fais une transition progressive pour habituer les vaches. Le fil évite aussi le gaspillage. Comme la plante est assez haute et cassante, si les vaches laitières se couchent dessus, le colza ne se relève pas.
Sa racine pivotante structure le sol des prairies compactées
J’évite de sortir les vaches dans le colza si les sols sont peu portants et humides. Et si la parcelle en colza est trop éloignée, je sors la taarup pour affourager en vert.
Sur le lait, le colza augmente le TP d’un bon point. La production a aussi tendance à augmenter un peu. Par contre, je n’ai rien observé pour la matière grasse. Le seul inconvénient que je vois, c’est l’odeur que prend le lait. Il sent le chou. »